Pays : Chili
Année : 2017
Casting : Luis Gnecco, Gael Garcia Bernal, Mercedes Moran
Nous avons eu droit plus tôt cette année à « Jackie », totalement snobé par les Oscars suite à la vague « La La Land » et « Moonlight ». Pourtant, ce qui aurait pu n’être qu’un simple biopic à Oscars se révélait un récit abordant le deuil, qu’il soit intime ou national, avec un excellent casting appuyant l’interprétation de qualité de Natalie Portman et un visuel ancré dans l’époque avec délicatesse. Abordons donc un autre film du réalisateur talentueux nous ayant offert ce film avec « Neruda ».
Chili, 1948. Pour avoir critiqué le gouvernement, le sénateur et poète Pablo Neruda se voit traqué par le policier Óscar Peluchonneau. La traque va rapidement prendre une tournure intime et littéraire …
On trouvait déjà dans « Jackie » une réflexion sur la personnalité historique et politique au sein de l’Histoire. Il en va de même avec la personnalité de Pablo Neruda et la force que ses écrits ont eue dans son pays sans nier sa personnalité peu attachante. Larraín prouve donc qu’il sait comment dépeindre des personnages ayant marqué l’Histoire sans leur accorder un aspect totalement lumineux (ce que l’on peut reprocher à de nombreuses œuvres destinées à glaner les prix).
Il arrive à aborder ici en fond un aspect artistique passionnant sur la réinterprétation personnelle des histoires. Là où certains cherchent le réalisme pur, Larraín traite pleinement de la fictionnalité des grandes histoires, tout comme le fait Neruda. Les protagonistes prennent tous une tournure littéraire. De quoi questionner le spectateur sur l’aspect illusionnel de l’œuvre ainsi que de tout récit se déclarant biographique, ainsi que l’aspect réel se dissimulant derrière chaque histoire qu’on lui ait déjà raconté.
Il y a un aspect onirique, que ce soit dans la manière d’agencer le récit ou dans les superbes images de Larraín qui nous plonge dans un univers assez inclassable et original (comme celui de Neruda en quelque sorte). Le mythe autour de son personnage se voit souvent mais c’est afin de mieux le réaffirmer de manière visuelle. On a ainsi droit à une mise en scène délicate, sensible et coloré, transformant chaque plan en véritable tableau que l’on imagine réfléchie et agencée avec beaucoup de soin et de précision mais surtout beaucoup de maestria au vu du résultat final.
Au niveau des bonus, on a droit à un court entretien avec l’équipe du film ainsi qu’un spécialiste de l’œuvre de Pablo Neruda. Notons aussi que le dvd dispose d’un son tout à fait convenable et que l’aspect visuel rend justice à la qualité d’image prodiguée par Larraín.
« Neruda » de Pablo Larraín est donc une pépite aussi bien visuelle que narrative du septième art et la confirmation que son réalisateur est l’un des talents à suivre actuellement dans le domaine de la mise en scène. Car pour ainsi magnifier un genre (le biopic) aux allures rébarbatives avec tant de grâce et de délicatesse, il faut disposer d’un talent renversant…