Date de sortie : 23 octobre 1941 (1h 04min)
Réalisateur : Ben Sharpsteen
Doubleurs français : Camille Guérini, Maurice Nasil, Zappy Max, Germaine Kerjean
Genre : Animation
Nationalité : Américain
Compositeurs : Ned Washington (paroles), Frank Churchill et Oliver Wallace (musique), Edward H. Plumb (orchestrations)
Quatrième classique d’animation Disney, Dumbo reprend le concept du Vilain Petit Canard avec un éléphanteau raillé par ses semblables pour la grandeur anormale de ses oreilles. Basé sur le roman pour enfants éponyme d’Helen Aberson paru deux ans plus tôt, sa production avait été engagée dans l’idée de compenser les faibles recettes de ses deux prédécesseurs, Pinocchio et Fantasia, pourtant tellement adulés des années plus tard, ce qui explique sa brièveté (64 minutes), la simplicité de son scénario et le sentiment d’inachevé qu’il peut laisser après un visionnage complet. L’histoire prend place en Floride, alors que des cigognes livrent leurs bébés aux animaux d’un cirque. Mais une éléphante, madame Jumbo, ne reçoit le sien qu’après le départ du cirque par une cigogne égarée, pour encore plus marquer sa différence. Moqué par les autres mères, il est rapidement surnommé Dumbo, assimilant le nom de sa mère avec l’adjectif « dumb », qui signifie « stupide » en anglais. Rapidement séparé de cette dernière, il est alors confronté seul au reste du monde, ce qui n’est pas sans rappeler le personnage de Babar, jeune éléphant apparu dix ans plus tôt ayant des problématiques similaires.
La tristesse est sans doute le sentiment le plus marqué au souvenir d’une telle œuvre. Symbolisée à elle seule par la chanson « Mon tout petit », elle pointe du doigt la bêtise des gens dans la norme incapables d’accepter les personnes différentes, notamment en ce qui concerne les handicaps physiques. Si elle atteint son paroxysme avec l’emprisonnement de la mère de Dumbo dans un wagon suite à la soi-disant folie dont elle a fait preuve en cherchant à la protéger, la joie et la lumière sont bien plus présentes dans le reste du film, notamment à travers d’autres chansons comme « Voici le messager » et « Voir voler un éléphant ». Sorte de quête initiatique, le film montre d’abord les pérégrinations de son héros pour mieux le voir réussir en se servant de son prétendu handicap comme un atout pour devenir l’animal numéro un des spectacles du cirque. Dumbo prend notamment confiance en sa capacité à voler grâce à la symbolique de la plume, dont son ami la souris Timothée se sert pour l’aider à oser.
D’autres passages plus graves font également la qualité du film, comme la chanson « On doit dresser le chapiteau », mais surtout « La marche des éléphants », avec ses animaux roses et difformes sortis tout droit d’un effet de drogue. Si Dumbo rejoint Pinocchio sur ces deux derniers points (le personnage allié servant de conscience et la consommation nocive qui fait tourner la tête), il s’en rapproche également par sa narration atypique et le sentiment d’œuvre inachevée qu’il peut laisser derrière lui. Car oui, le film est vraiment court et se termine façon très happy end dès lors que Dumbo apprend à voler, ce qui est d’autant plus dommage car c’est à partir de ce passage-là que commence son réel potentiel, comme l’a d’ailleurs très bien compris le remake live de Tim Burton. S’il est loin de faire partie des meilleurs disneys parmi les longs métrages animés numérotés, il figure parmi les plus emblématiques et représentatifs d’une époque contemporaine à la seconde guerre mondiale où tout restait encore à faire au niveau de l’animation.