BONNE POMME
Réalisateur : Florence Quentin
Acteurs : Gérard Depardieu, Catherine Deneuve, Chantal Ladesou, Guillaume de Tonquédec
Genre : Comédie
Nationalité : Français
Distributeur : ARP Sélection
Date de sortie : 30 août 2017
Durée : 1h41mn
Festival : Festival d’Angoulême 2017
Festival Francophone du Film d’Angoulême 2017.
Gérard en a marre d’être pris pour une bonne pomme par sa belle-famille. Il quitte tout et part reprendre un garage dans un village niché au fin fond du Gâtinais. En face du garage, il y a une ravissante auberge tenue par Barbara : une femme magnifique, déconcertante, mystérieuse, imprévisible. Leur rencontre fera des étincelles.
Deneuve, Depardieu, de Tonquédec, Ladesou : voilà une affiche qui met l’eau à la bouche. Pourtant, l’aspect bancal de ce quatrième long-métrage de Florence Quentin nous le prouve : il ne suffit pas de rassembler les noms les plus en vue du cinéma français pour faire un bon film. Encore faut-il les nourrir d’un scénario consistant. Et là, on reste sur notre faim.
Dans les années 80 et 90, Florence Quentin participe à l’écriture de plusieurs scénarios avec Etienne Chatilliez, dont celui de La vie est un long fleuve tranquille qui obtient les César du meilleur scénario et du meilleur premier film en 1989, puis poursuit sa collaboration avec Tatie Danielle en 1990 et Le bonheur est dans le pré en 1995. En 2001, elle se lance seule dans l’aventure (J’ai faim !!!) et peine alors à convaincre un public souvent mitigé. Il est fort à parier que Bonne pomme ne changera pas la donne.
Sous prétexte de reconstituer une dixième fois le couple star qui a transformé Le dernier métro de François Truffaut en film culte et fait les beaux jours de Potiche de François Ozon, la réalisatrice s’engouffre dans une comédie prétendument tendre aux nombreuses invraisemblances scénaristiques et aux personnages ô combien caricaturaux.
Même le toujours excellent Guillaume de Tonquédec finit par s’empêtrer dans les circonvolutions ridicules de son personnage moitié maire, moitié curé. On n’échappe pas au cabotinage outrancier d’une Chantal Ladesou usant et abusant de son phrasé mitrailleur. Elle hérite du rôle bien improbable de Mémé Morillon, première mécanicienne de France désormais en chaise roulante (mais qui n’hésite pas à en bondir quand la situation l’exige), de surcroît belle-mère d’un Gérard qui ne semble guère plus jeune qu’elle.
Une réalisation maladroite nous entraîne dans une succession de gags et de situations à l’humour contestable dans lesquelles se glisse notre Gégé national avec la force qu’on lui connaît. « Gérard est un vrai gentil », martèle la réalisatrice. Pour nous en persuader, il aurait été souhaitable de ne pas forcer le trait au point d’en faire un benêt qui semble prendre plaisir à se faire flouer alors que par ailleurs, il affirme s’être réfugié dans ce village du bout du monde pour fuir une femme qui l’a humilié pendant vingt ans. Se laisser embobiner par une Barbara (Catherine Deneuve) peu aimable et aussi peu séductrice ne peut constituer une explication satisfaisante. La fin qui tente une soudaine incursion vers le polar nous confirme l’impression de gâchis qui nous taraude depuis le début.
Ces dernières années, la grande Catherine a judicieusement su caler son image de femme mûre dans des rôles à l’humour et à l’auto-dérision assumés sans porter atteinte à sa réputation glamour et à sa stature de star. Face au malaise distillé par son interprétation d’une Barbara brutale, on s’interroge sur les motivations qui ont bien pu inciter cette comédienne à l’élégance légendaire à se couler dans ce personnage aux frontières de la vulgarité.
Gérard Depardieu, fidèle à lui-même, parvient, grâce à son allure chaloupée de gros bébé et à sa nonchalance coutumière, à envelopper de sympathie -à défaut de crédibilité- ce personnage de gentil naïf même si on l’a connu mieux inspiré dans La tête en friche aux côtés de Gisèle Casadesus. Il n’est d’ailleurs pas le seul à tirer son épingle du jeu. La spontanéité et le naturel de Benjamin Voisin (Thomas, l’assistant de Rico, le garagiste ripoux incarné par Grégoire Ludig) dont c’est la première expérience devant les caméra, éclairent d’une lueur positive ce simulacre de comédie.