Nomvbre d'épisodes : 5 épisodes
Format 60 minutes
Chaîne d'origine : Netflix
Diffusée à partir de : 15 juin 2023
Retour de la série a succès avec Aaron...
Nomvbre d'épisodes : 5 épisodes
Format 60 minutes
Chaîne d'origine : Netflix
Diffusée à partir de : 15 juin 2023
Retour de la série a succès avec Aaron...
Année : 1963
Pays : Japon
Casting : Toshiro Mifune, Tatsuya Nakadai, Takashi Shimura
Nous parlions de la réappropriation d' « Hamlet » par Kurosawa dans un Japon moderne et une situation...
Période : jeux vidéo sortis entre le 1er janvier et le 31 décembre 2011
Développeurs : Rocksteady, Team Bondi, NetherRealm Studios, FromSoftware
Concepteurs : Paul Dini,...
Nomvbre d'épisodes : 5 épisodes
Format 60 minutes
Chaîne d'origine : Netflix
Diffusée à partir de : 15 juin 2023
Retour de la série a succès avec Aaron...
Nomvbre d'épisodes : 5 épisodes
Format 60 minutes
Chaîne d'origine : Netflix
Diffusée à partir de : 15 juin 2023
Retour de la série a succès avec Aaron...
Réalisé par Lodewijk Crijns
Sorti en 2020
Avec : Jeroen Spitzenberger, Anniek Pheifer, Roosmarijn van der Hoek
Genre : Thriller, épouvante-horreur
Le Tueur de l'autoroute réalisé par Lodewijk...
Période : jeux vidéo sortis entre le 1er janvier et le 31 décembre 2011
Développeurs : Rocksteady, Team Bondi, NetherRealm Studios, FromSoftware
Concepteurs : Paul Dini,...
Cinéphile depuis mon plus jeune âge, c'est à 8 ans que je suis allé voir mon 1er film en salle : Titanic de James Cameron. Pas étonnant que je sois fan de Léo et Kate Winslet... Je concède ne pas avoir le temps de regarder les séries TV bonne jouer aux jeux vidéos ... Je vois en moyenne 3 films/jour et je dois avouer un penchant pour le cinéma d'auteur et celui que l'on nomme "d'art et essai"... Le Festival de Cannes est mon oxygène. Il m'alimente, me cultive, me passionne, m'émerveille, me fait voyager, pleurer, rire, sourire, frissonner, aimer, détester, adorer, me passionner pour la vie, les gens et les cultures qui y sont représentées que ce soit par le biais de la sélection officielle en compétition, hors compétition, la semaine de la critique, La Quinzaine des réalisateurs, la section Un certain regard, les séances spéciales et de minuit ... environ 200 chef-d'œuvres venant des 4 coins du monde pour combler tous nos sens durant 2 semaines... Pour ma part je suis un fan absolu de Woody Allen, Xavier Dolan ou Nicolas Winding Refn. J'avoue ne vouer aucun culte si ce n'est à Scorsese, Tarantino, Nolan, Kubrick, Spielberg, Fincher, Lynch, les Coen, les Dardennes, Jarmush, Von Trier, Van Sant, Farhadi, Chan-wook, Ritchie, Terrence Malick, Ridley Scott, Loach, Moretti, Sarentino, Villeneuve, Inaritu, Cameron, Coppola... et j'en passe et des meilleurs. Si vous me demandez quels sont les acteurs ou actrices que j'admire je vous répondrais simplement des "mecs" bien comme DiCaprio, Bale, Cooper, Cumberbacth, Fassbender, Hardy, Edgerton, Bridges, Gosling, Damon, Pitt, Clooney, Penn, Hanks, Dujardin, Cluzet, Schoenaerts, Kateb, Arestrup, Douglas, Firth, Day-Lewis, Denzel, Viggo, Goldman, Alan Arkins, Affleck, Withaker, Leto, Redford... .... Quant aux femmes j'admire la nouvelle génération comme Alicia Vikander, Brie Larson, Emma Stone, Jennifer Lawrence, Saoirse Ronan, Rooney Mara, Sara Forestier, Vimala Pons, Adèle Heanel... et la plus ancienne avec des Kate Winslet, Cate Blanchett, Marion' Cotillard, Juliette Binoche, Catherine Deneuve, Isabelle Huppert, Meryl Streep, Amy Adams, Viola Davis, Octavia Spencer, Nathalie Portman, Julianne Moore, Naomi Watts... .... Voilà pour mes choix, mes envies, mes désirs, mes choix dans ce qui constitue plus d'un tiers de ma vie : le cinéma ❤️
De son enfance difficile en Pologne en passant par son adolescence sous le soleil de Nice, jusqu’à ses exploits d’aviateur en Afrique pendant la Seconde Guerre mondiale… Romain Gary a vécu une vie extraordinaire.
Mais cet acharnement à vivre mille vies, à devenir un grand homme et un écrivain célèbre, c’est à Nina, sa mère, qu’il le doit. C’est l’amour fou de cette mère attachante et excentrique qui fera de lui un des romanciers majeurs du XXème siècle, à la vie pleine de rebondissements, de passions et de mystères. Mais cet amour maternel sans bornes sera aussi son fardeau pour la vie…
Mystificateur, fantasque, adulé par une mère qui ne lui a laissé d’autre choix que de devenir un personnage hors normes, Romain Gary (Roman Kacew de son vrai nom) a de quoi séduire les cinéastes, même ceux qui se sont illustrés dans des genres totalement différents que celui du biopic (avec Serpent en 2006, puis Le dernier diamant en 2014, Eric Barbier est plutôt abonné aux thrillers).
De la Pologne des années 20 au Mexique des années 50, des champs d’aviation au désert d’Afrique, de la France d’avant-guerre à Londres sous les bombes, Eric Barbier exploite tous les aspects fantastiques de la vie de Romain Gary pour nous immerger dans une magnificence que certains jugeront sans doute excessive ou désuète mais qui a l’avantage de nous ramener au cœur d’une épopée historique et spectaculaire telle que le cinéma n’en propose plus guère aujourd’hui.
S’il est vrai que les plans de départ d’une Wilno inquiétante entre neige et brouillard, loin de tout réalisme s’apparente trop à une reconstitution forcée, on se laisse vite happer par ce récit foisonnant intelligemment adapté de l’un des romans les plus célèbres et porté par un casting de choix, à commencer par une Charlotte Gainsbourg méconnaissable.
Bien loin des personnages larmoyants auxquels elle nous a habitués ces derniers temps, elle vibre sous les traits de Mina, cette mère juive à la fois attachante et monstrueuse. Pour incarner cette femme excentrique, dotée d’une énergie et d’une force de caractère incroyable, elle ose alourdir sa silhouette de vêtements encombrants. Au risque de frôler la caricature, elle adopte une voix rauque teintée d’un accent slave. Et ça marche !
Le couple mère/fils qu’elle forme avec Pierre Niney, dont les nuances de jeu traduisent fidèlement la personnalité multiple de son personnage, reste l’élément central du film, celui autour duquel personne ne s’agrège. Quelques silhouettes le contournent nous donnant la joie de croiser Didier Bourdon ou Jean-Pierre Darroussin le temps de quelques scènes mais s’éloignent bien vite, de peur de ne troubler cet amour fusionnel.
Même quand, en dernière partie, tous les codes du cinéma d’action se mettent en place, c’est encore le face-à-face Mina/Romain qui prévaut. Ces deux-là sont liés par une double promesse. Celle que Nina a faite à son fils de l’aimer quoi qu’il advienne, de le soutenir de manière inconsidérée. En échange, Romain lui promet de réussir et de devenir célèbre.
On constate alors que la dynamique du film s’avère être la revanche. Romain a vu sa mère bafouée et humiliée et il veut la venger de toutes ces injustices. Sur fond d’idéalisation de la France de l’entre deux-guerres qui nous réserve quelques belles séquences emblématiques, le film propose un éloge de la volonté, de la tolérance et de l’héroïsme.
Entre mélancolie et humour, dépouillé de la moindre trace d’amertume et de cynisme, il exalte une vision de l’existence et permet à chacun d’entre nous de s’identifier au héros à travers ce parcours initiatique sur le thème universel et indémodable de la maternité que cette citation proférée par le principal intéressé résume à point « Avec l’amour maternel, la vie vous fait, à l’aube, une promesse qu’elle ne tient jamais »
Kenneth Branagh offre un coup de jeune au mythique Hercule Poirot, le plus belge des héros de la littérature anglaise, dans un film clinquant et au rythme bien dosé. Pouvait-on envisager un plus bel héritage de l’œuvre d’Agatha Christie ?
Réalisateur : Kenneth Branagh
Acteurs : Penélope Cruz, Johnny Depp, Kenneth Branagh, Michelle Pfeiffer, Willem Dafoe, Judi Dench, Derek Jacobi
Titre original : Murder on the Orient Express
Genre : Thriller
Nationalité : Américain
Distributeur : 20th Century Fox
Date de sortie : 13 décembre 2017
Durée : 1h54mn
Le luxe et le calme d’un voyage en Orient-Express est soudainement bouleversé par un meurtre. Les treize passagers sont tous suspects et le fameux détective Hercule Poirot se lance dans une course contre la montre pour identifier l’assassin, avant qu’il ne frappe à nouveau.
Malgré son attachement régulier à des adaptations commerciales et régulièrement décriées (de Frankenstein à Cendrillon en passant par Thor), le nom de Kenneth Branagh restera à jamais associé à ses mises en scène de l’œuvre de Shakespeare. Comme s’il voulait briser cette image, l’acteur-réalisateur s’attaque à présent à un autre pilier de la littérature britannique : Agatha Christie. Il s’agit aussi de dépoussiérer le personnage d’Hercule Poirot qui, depuis le début du siècle, n’est plus que le rôle-titre d’une série anglaise qui fleure la naphtaline.
En se donnant le rôle du célèbre détective belge, Branagh fait le choix d’en faire un véritable héros, au sens contemporain du terme. Pour s’assurer de rendre sa capacité de déduction identifiable dès l’ouverture du film, il imagine une introduction pleine de rythme dans laquelle sa sur-intelligence apparaît à la fois comme un « super-pouvoir » et un effet comique, assumant ainsi de s’inspirer des récentes adaptations de Sherlock Holmes. Avec son jeu joyeusement cabotin, Branagh réussit toutefois en quelques instants à rendre son personnage suffisamment attachant pour jouer le jeu de se laisser embarquer dans un scénario dont la plupart des spectateurs connaît pourtant la fin.
Du matériau d’origine, ce nouveau film n’aura modifié que certaines caractéristiques mineures des personnages, à commencer par leur nationalité d’origine, et ce afin de rendre plus crédible son casting. Le personnage principal lui aussi se voit d’ailleurs étoffé, puisque le scénario lui imagine les tourments d’un veuvage dans lesquels il se réfugie lors de ses moments introspectifs.
On peut donc affirmer que Branagh a été très fidèle au roman, comme l’avait d’ailleurs été avant lui Sidney Lumet dans la version de 1974 ; mais il a apporté un soin tout particulier à l’épaisseur psychologique de son propre rôle. Puisqu’il est d’ailleurs impossible de ne pas comparer cette version à celle de 74, autant dire tout de suite que les présences de Judi Dench, Johnny Depp, Michelle Pfeiffer ou Penélope Cruz (acteurs dont le prestige est censé attirer les foules), n’ont pas autant de charme que pouvaient avoir celles de Lauren Bacall, Jacqueline Bisset, Sean Connery, Ingrid Bergman, Anthony Perkins ou… Albert Finney.
Après tout, les personnages secondaires qu’incarnent ces interprètes de talent n’ont pas de place suffisante au sein du récit pour leur permettre livrer une prestation qui puisse marquer le film. Cet état de fait est particulièrement vrai dans cette nouvelle version, où ils n’existent que dans leurs courts échanges avec Hercule Poirot puisqu’il apparaît évident que Kenneth Branagh prend un soin tout particulier à se rendre omniprésent à l’écran. Ce qui pourrait apparaitre comme un exercice de pur nombrilisme prend cependant tout son sens dans le dernier acte où le jugement moral du détective se révèle comme étant le véritable enjeu de cette intrigue.
Les tourments d’Hercule Poirot vis-à-vis de la légitimité ou non du meurtre vont d’ailleurs prendre le pas sur le mécanisme qui lui permettra d’en déterminer l’auteur, à un point tel que la résolution semble être amenée de façon quelque peu brutale car peu étoffée.
Fort heureusement, la mise en scène de Branagh, très inspirée des films de Hitchcock, permet de mettre en place une tension qui rend ce classique du whodunit captivant à (re)découvrir. La véritable plus-value de cette nouvelle variation est assurément à chercher dans sa qualité esthétique, et en particulier dans la direction artistique qui fait de ce train un lieu dédaléen propice à un thriller psychologique.
La beauté apportée aux décors enneigés extérieurs a d’ailleurs poussé le réalisateur à exploser plusieurs fois la contrainte du huis-clos en permettant à ses personnages de sortir de leur wagon. Des respirations qui alimentent le rythme global du film et donc sa modernité. La question à présent est de savoir si Kenneth Branagh tiendra à retrouver son personnage d’Hercule Poirot pour de futures investigations.
C’est en tout cas dans ce sens que va allégrement la scène de fin, mais seul le succès de cette production risquée pourra le transformer en point de départ d’une nouvelle saga sous forme d’héritage d’Agatha Christie.
Plutôt que renouveler la fraîcheur du film culte dont il se prétend à la fois la suite et le remake, cette aventure n’a pas grand chose à proposer hormis un véhicule à la gloire de Dwayne Johnson.
Scénario : Chris McKenna, Erik Sommers, Scott Rosenberg, Jeff Pinkner
d’après : le livre Jumanji
de : Chris Van Allsburg
Image : Gyula Pados
Décors : Owen Paterson
Costumes : Laura Jean Shannon
Montage : Mark Helfrich, Steve Edwards
Musique : Henry Jackman
Producteur(s) : Matt Tolmach, William Teitler
Interprétation : Dwayne Johnson (Spencer), Jack Black (Bethany), Kevin Hart (Fridge), Karen Gillan (Martha), Nick Jonas (Alex), Bobby Cannavale (Van Pelt)…
Distributeur : Sony Pictures Releasing France
Date de sortie : 20 décembre 2017
Durée : 1h59
Quatre lycéens en retenue doivent nettoyer le sous-sol de leur école. Ils y trouvent une vieille console avec le jeu vidéo Jumanji. En allumant la console, ils choisissent chacun un avatar et se retrouvent transportés dans la jungle. Durant leurs aventures les lycéens vont découvrir la demeure d Alan Parrish (Le garçon du premier film) où il a été piégé pendant 26 ans ils vont découvrir ce qu’il a ressenti et a laissé des indices . Ils devront changer leurs visions d’eux-mêmes et de la vie et gagner le jeu pour éviter de rester bloqués pour toujours.
Parmi les films qui ont marqué les jeunes nés à la fin des années 80, Jumanji reste un totem fédérateur en plus d’un chapitre à part entière dans la révolution numérique grâce à des effets spéciaux novateurs pour l’époque. Sa popularité n’ayant de comparable que le coup de vieux qu’ont subi ses incrustations digitales, il n’est pas étonnant que les studios hollywoodiens, dont l’incapacité à trouver des idées neuves est devenue légendaire, choisissent d’en faire un remake. Toutefois, les CGI produits par ILM, la firme de George Lucas, ne sont pas la seule raison à ce succès : la présence de Robin Williams, qui atteignait alors le sommet de sa notoriété, y était également pour beaucoup. La première décision des producteurs, qui fut de le remplacer par l’un des rares acteurs qui soit aujourd’hui aussi bankable que le fut à l’époque l’interprète d’Alan Parrish, en dit long sur l’évolution qu’a connue le cinéma en une vingtaine d’années, puisqu’il s’agit de Dwayne Johnson, icône du action movie sous sa forme la plus décérébrée.
La seule présence de la star, vue cette année dans Fast & Furious 8 et Baywatch, semble justifier à elle seule le concept sur lequel repose cette relecture : celui de remplacer le jeu de plateau par un jeu vidéo et rendre ainsi crédible le physique de héros viril de son personnage principal. Cette modernisation est tout à la fois la bonne idée et la principale limite de cette nouvelle aventure. Bonne idée parce qu’elle permet d’utiliser et de détourner des codes qui parleront au jeune public auquel s’adresse le film. Principale imite parce qu’aucun scénario basé sur un jeu vidéo n’a jamais su créer une dramaturgie passionnante, et ce n’est certainement pas Jumanji : Bienvenue dans la jungle qui va s’imposer comme modèle dans le domaine de la création d’enjeux et d’intensité émotionnelle à partir d’une construction vidéo-ludique !
La différence centrale qu’implique la mutation du jeu de dés en cartouche électronique dans les premières minutes du film vient du fait que l’argument fantastique n’est plus l’immersion des éléments du jeu dans la réalité mais, à l’inverse, celle de joueurs dans un univers virtuel. Ce qui était la base de tous les éléments comiques et de l’aventure du premier opus se retrouve ainsi remplacé par la mise en porte-à-faux entre des lycéens standard et leur alter ego. Le passif du réalisateur Jake Kasdan en tant que disciple de Judd Appatow et celui des scénaristes (qui avaient récemment collaboré à l’occasion de Spider-man : Homecoming) laissaient présager que leur travail allait s’orienter vers une satire douce-amère de la jeunesse actuelle.
Sans surprise, le quatuor formé par Alex Wolff, Madison Iseman, Ser’Darius Blain et Morgan Turner compose bel et bien une peinture, certes très caricaturale, mais tout à fait significative de la génération à laquelle s’adresse le long métrage. Ces archétypes de leur époque ne seront toutefois présents à l’écran qu’une vingtaine de minutes sur les deux heures de film ; le gros du temps étant accordé à leurs avatars virtuels, qui représentent eux aussi de pures caricatures, propres au cinéma d’aventure et à ses déclinaisons vidéo-ludiques. Ce décalage entre stéréotypes modernes et surannés devrait permettre de parler à un public plus élargi que les seuls spectateurs de l’âge des héros puisque l’humour naît justement du caractère ouvertement grotesque des clichés avec lesquels joue ce scénario.
L’opposition entre les caricatures que sont les lycéens et celles que sont leurs alter egos a beau manquer de finesse, elle permet quelques situations comiques ainsi qu’une morale bien-pensante. C’est essentiellement l’interprétation de Jack Black, qui prête ses traits à une bimbo, qui est à l’origine des passages les plus cocasses du film. A l’inverse, on aurait espéré de Kevin Hart une prestation plus drôle. Sans doute n’était-il pas le choix le plus judicieux pour incarner un side-kick chétif, sa silhouette étant par nature assez baraquée (moins bien sûr que Dwayne Johnson, à coté de qui le réalisateur est contraint de le filmer chaque fois qu’il veut rappeler son soi-disant physique de freluquet), mais il permet au moins de rappeler le caractère dérisoire du cliché faisant de l’Afro-américain de la bande un inévitable faire-valoir.
Le physique plus avantageux que Dwayne Johnson, Karen Gillan, mais aussi Nick Jonas, prêtent respectivement à leurs personnages qui sont chacun, dans le monde réel, des adolescents mal dans leur peau, permet de mettre au point un discours consensuel sur le fait qu’il ne faille pas se fier aux apparences pour juger autrui. Une leçon de bonne conduite quelque peu lourdaude dans l’arc romantique qui lie les deux nerds transformés pour l’occasion en surhommes, mais légèrement plus touchante dans la façon dont elle permet au personnage de Bethany –la fameuse bimbo, qui ne vit que par le filtre des réseaux sociaux– d’apprendre à passer au-delà de la superficialité qui la caractérise… et pourtant, ironie du sort, cette piste rédemptoire n’est pas menée jusqu’à son terme.
L’aventure en elle-même est des plus basiques, victime encore une fois d’une construction narrative calquée sur un gameplay bateau et d’un temps trop important accordé à l’explication de ses règles, et ne propose aucun effet spécial qui ait vocation à révolutionner le genre.
Définitivement, et parce qu’il est de plus bien moins drôle et surtout moins émouvant que l’original, ce Jumanji nouvelle version, ne tient pas la distance face à l’inévitable comparaison à l’original. Il n’en reste pas moins un divertissement qui saura amuser un jeune public susceptible de se retrouver dans les archétypes que représentent les personnages principaux et/ou qui verront les nombreuses références vidéo-ludiques comme autant de private jokes.
Pour leurs parents, ou tout autre spectateur plus mature, ils pourront au moins jouer à confronter les deux long-métrages et se donner ainsi une idée de l’évolution subie par le cinéma de genre pendant les vingt ans qui les séparent. En effet, son écriture, et en particulier la place chargée en autodérision qu’y prennent ses figures héroïques, en dit long sur le besoin désormais pathologique des spectateurs d’avoir des héros préétablis auxquels se rattacher.
Le traitement humoristique avec lequel les scénaristes ont répondu à cette nécessité est également symptomatique de la façon dont le second degré est devenu le moteur de toute comédie d’aventure, et ce même si cela empêche dorénavant au genre d’être porteur d’enjeux qui puissent être pris au sérieux.
L’histoire de August Pullman, un petit garçon né avec une malformation du visage qui l’a empêché jusqu’à présent d’aller normalement à l’école. Aujourd’hui, il rentre en CM2 à l’école de son quartier. C’est le début d’une aventure humaine hors du commun. Chacun, dans sa famille, parmi ses nouveaux camarades de classe, et dans la ville tout entière, va être confronté à ses propres limites, à sa générosité de cœur ou à son étroitesse d’esprit. L’aventure d’Auggie finira par unir les gens autour de lui.
« On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux », selon le renard du Petit Prince, d’Antoine de Saint-Exupéry. Si cet adage n’est qu’une jolie formule pour les uns, il a une importance capitale pour d’autres, comme le jeune Auggie, personnage principal du roman Wonder, transposé à l’écran par l’écrivain, scénariste, producteur et réalisateur américain Stephen Chbosky.
Atteint d’une maladie cranio-faciale, dont les soins ont suscité dès sa naissance une série d’opérations, de traitements et autres contraintes médicales, ce jeune garçon de dix ans est sur le point de vivre une grande aventure : sa première rentrée scolaire. Écarté du cursus scolaire normal pendant des années en raison de sa maladie, Auggie, dont le visage porte encore les cicatrices des traitements, devra affronter le regard des autres, réussir sa rentrée tout en se faisant des amis, aidé par une famille qui a toujours été aux petits soins pour lui tout en ne cachant pas son inquiétude.
Entre une mère qui a mis sa carrière d’illustratrice de côté, un père d’une grande douceur qui préfère l’humour à la discipline et une sœur qui a bien été obligée de s’effacer pour laisser ses parents s’occuper de son petit frère malade, le récit est teinté d’humanité et de bienveillance, laissant le rire prendre la place le plus possible sur les larmes malgré une émotion palpable à chaque plan.
Divisé en chapitres, qui s’attardent chacun sur le point de vue d’un personnage sur l’histoire d’Auggie (son professeur, son meilleur ami, sa sœur…), le film est un bijou de bonne humeur et parvient à évoquer des thématiques graves avec un regard neuf, humain et argumenté.
Le rapport à la maladie, l’importance de l’amitié, mais également le harcèlement scolaire sont abordés avec finesse mais aussi beaucoup de délicatesse. Le réalisateur ne se positionne pas en moralisateur, en accusateur, mais essaye de faire comprendre la souffrance des uns lorsqu’ils sont confrontés à d’autres. L’apitoiement n’est ici pas de rigueur, et la leçon de vie que transmet le long métrage ne peut qu’éveiller les consciences sans susciter cet agacement et cette susceptibilité qu’il est fréquent de manifester lorsque l’on nous expose nos erreurs.
Deux mondes se conjuguent : ceux des enfants et des adultes, afin de mettre en lumière l’importance capitale de l’éducation dans l’acceptation d’enfants comme Auggie. Éduquer l’attitude, le regard, est peut-être la première étape pour permettre à ces élèves de mieux vivre avec leur handicap, leur maladie ou leur « différence » – le mot étant ici enfin un compliment, et non une accusation.
Si les points positifs sont donc très nombreux, l’on pourra regretter tout de même que le scénario se base sur une famille de carte postale, dans une Amérique bien pensante, bien lotie et majoritairement blanche. Auggie, malgré sa maladie, a grandi dans un environnement privilégié qui lui a permis de bénéficier des meilleurs soins et d’un contexte économique favorable. Dans ce déluge de bons sentiments, de pensées positives et d’estime de soi, il est naturel de se demander comment son enfance se serait déroulée si ses parents avaient été pauvres.
Pire encore, pour rappeler que nous sommes tous différents et susceptibles d’être rejetés par les autres, le meilleur copain d’Auggie est un élève boursier qui tait ce détail afin de ne pas être traité différemment par ses camarades. Quand une grave maladie est comparée à un contexte économique délicat afin de mettre ces deux élèves au même niveau, il est normal de ressentir un malaise, et de s’étonner de l’environnement idéalisé dépeint par le film. Alors que le scénario distille chaque détail intelligemment, le contexte financier et familial casse l’équilibre tant il est trop beau pour qu’on y croit vraiment. Tout est trop propre, trop limpide, trop clair… Bref, irréaliste.
Reste le casting, absolument parfait, entre la lumineuse Julia Roberts, le sensible et drôle Owen Wilson, et un panel de jeunes acteurs talentueux qui composeront sans nul doute, demain, la nouvelle génération de comédiens qui prendront la relève des George Clooney, Matt Damon et autres Christian Bale. Difficile d’imaginer autrement le destin du jeune Jacob Tremblay, déjà impeccable dans Room et ici prodigieux en petit garçon fragile, dont l’humour et l’autodérision le sauvent de toutes les situations. Pépite de bonne humeur, le film rappelle surtout qu’il faut s’aimer, malgré les difficultés, l’entourage et le regard des autres, parfois si difficile à supporter. Un feel-good movie indispensable.
CÉSAR 2018 DU MEILLEUR ESPOIR MASCULIN ET FÉMININ : LA LISTE DES PRÉSÉLECTIONNÉS DÉVOILÉES.
Le 2 mars 2018, l’Académie des César du Cinéma décernera les César du meilleur espoir féminin et masculin. Qui succédera à Oulaya Amamra, consacrée pour Divines, et Niels Schneider pour Le Diamant Noir ? Avant de le savoir, l’Académie a dévoilé l’identité des 36 Révélations qui tenteront de remporter le précieux César dans cinq mois. L’occasion de braquer les projecteurs sur les nouveaux visages du cinéma français – certains ne sont pas si nouveaux que cela… – au travers de cette présélection. Les dix nommés seront dévoilés fin janvier.
Parmi les grands favoris de l’édition 2018, on retrouve chez les femmes Adeline d’Hermy, muse de Guillaume Gallienne pour Maryline, mais aussi Laetitia Dosch dans Jeune Femme(Caméra d’or au Festival de Cannes), l’héroïne de Grave Garance Marillier, mais aussi quelques visages déjà bien connus (Sveva Alviti, alias Dalida, Ana Girardot, Alice Isaaz, Esther Garrel et Camelia Jordana).
Chez les hommes, les regards seront braqués sur Nahuel Pérez Biscayart, éblouissant dans 120 battements par minute (dont deux autres comédiens sont également cités), mais aussi sur Nekfeu, dont le premier long métrage Tout nous sépare vient de sortir. Il faudra également surveiller de près Redouanne Harjane (M), Damien Chapelle (Espèces menacées) ou encore Matthieu Lucci (L’Atelier).
En gras mes 5 favoris aux César du meilleur espoir féminin et meilleur espoir masculin 2018, qui consacrent les révélations des acteurs et actrices ayant joués dans des films distribués en salle entre le 1 Janvier 2017 et le 31 décembre 2017. La Cérémonie aura lieu le vendredi 2 Mars 2018 et les présélections des meilleurs espoirs potentiels (il n’y en aura plus que 5 dans les 2 catégories) sont désormais connues. Les 5 nommés seront révélés le 15 Janvier 2018.
LES RÉVÉLATIONS 2018 – COMÉDIENNES :
Noée Abita dans Ava
Sveva Alviti dans Dalida (favorite)
Iris Bry dans Les Gardiennes (favorite)
Louise Chevillotte dans L’Amant d’un jour
Adeline d’Hermy dans Maryline (favorite)
Laetitia Dosch dans Jeune Femme (favorite)
Lina El Arabi dans Noces
Esther Garrel dans L’amant d’un jour
Ana Girardot dans Ce qui nous lie
Eye Haïdara dans Le Sens de la fête
Alice Isaaz dans Espèces menacées
Camélia Jordana dans Le Brio
Lyna Khoudri dans Les Bienheureux
Garance Marillier dans Grave
Daphné Patakia dans Djam
Paméla Ramos dans Tous les rêves du monde
Solène Rigot dans Orpheline
Ella Rumpf dans Grave
LES RÉVÉLATIONS 2018 – COMÉDIENS :
Khaled Alouach dans De toutes mes forces
Adam Bessa dans Les Bienheureux
Damien Chapelle dans Espèces menacées
Idir Chender dans Carbone
Redouanne Harjane dans M
Sébastien Houbani dans Noces
Alban Ivanov dans Le Sens de la fête
Benjamin Lavernhe dans Le Sens de la fête
Matthieu Lucci dans L’Atelier
Rabah Naït Oufella dans Grave
Nekfeu dans Tout nous sépare
Finnegan Oldfield dans Marvin ou la belle éducation
Pablo Pauly dans Patients
Nahuel Pérez Biscayart dans 120 battements par minute (l’immense favoris)
Sans surprise, Detroit a suscité une levée de boucliers aux Etats-Unis, preuve que leur ségrégationnisme latent reste un sujet sensible. Dommage, le film de Kathryn Bigelow est une claque… au meilleur sens du terme !
Réalisation : Kathryn Bigelow
Scénario : Mark Boal
Image : Barry Ackroyd
Décors : Jeremy Hindle
Costumes : Francine Jamison-Tanchuck
Montage : William Golbenberg, Harry Yoon
Musique : James Newton Howard
Producteur(s) : Kathryn Bigelow, Megan Ellison, Mark Boal, Matthew Budman
Interprétation : John Boeyga (Dismukes), Will Poulter (Krauss), Algee Smith (Larry), Jacob Latimore (Fred), Jason Mitchell (Carl), Hannah Murray (Julie), Jack Reynor (Demens), Kaitlyn Dever (Karen)…
Distributeur : Mars Films
Date de sortie : 11 octobre 2017
Durée : 2h23
Été 1967. Les États-Unis connaissent une vague d’émeutes sans précédent. La guerre du Vietnam, vécue comme une intervention néocoloniale, et la ségrégation raciale nourrissent la contestation. À Detroit, alors que le climat est insurrectionnel depuis deux jours, des coups de feu sont entendus en pleine nuit à proximité d’une base de la Garde nationale. Les forces de l’ordre encerclent l’Algiers Motel d’où semblent provenir les détonations. Bafouant toute procédure, les policiers soumettent une poignée de clients de l’hôtel à un interrogatoire sadique pour extorquer leurs aveux. Le bilan sera très lourd : trois hommes, non armés, seront abattus à bout portant, et plusieurs autres blessés…
Bien qu’ils soient peu connus en France (on y évoque plus facilement les émeutes de Watts survenues deux ans plus tôt ou celles qui, l’année suivante, feront suite à l’assassinat de Martin Luther King), les évènements qui ont secoué la ville de Detroit à l’été 1967 sont restés une plaie sensible pour la capitale économique du Michigan et les Etats-Unis dans leur ensemble.
Une page de l’histoire moderne sur laquelle a décidé de revenir Kathryn Bigelow comme elle était déjà revenue sur deux éléments plus récents : la guerre en Irak (Démineurs, 2009) et l’exécution de Ben Laden (Zero Dark Thirty, 2012). Son intention première était assurément de rappeler aux plus jeunes que la situation américaine, qui continue à voir naître régulièrement des émeutes raciales, ne date pas d’hier et l’idée de faire sortir son film cinquante ans après les faits qui y sont décrits en fait un acte commémoratif louable.
Le postulat choisi par la réalisatrice consiste à concentrer son scénario sur la reconstitution d’un fait divers sordide qui a eu lieu en parallèle au soulèvement populaire plutôt que de nous immerger, deux heures durant, au cœur des violences civiles. Sa construction se compose, comme le veut la tradition, de trois parties. La première d’entre elles démarre sur une petite leçon d’histoire, didactique mais fort agréable, suivie de la reconstitution de la descente de police qui a mis le feu aux poudres dans un quartier présenté comme au bord de l’implosion.
La mise en scène, profitant d’une caméra à l’épaule et d’un sur-découpage permettant de multiplier les points de vue, illustre parfaitement l’irréversible montée de la violence des parties en présence. L’utilisation d’images d’archives vient parfaire ce travail de contextualisation de la forme la plus radicale des tensions raciales et sur la place que peuvent y trouver des personnages n’y participant pas directement.
Le plus emblématique de ces personnages est Larry, membre d’un groupe de rhythm & blues, qui n’a en tête que de réaliser ses rêves de gloire. La scène où le théâtre se vide juste avant son passage sur scène et qu’il s’entête à chanter devant une salle vide tandis que les lumières s’éteignent en dit long sur son drame, et à travers lui sur la difficulté des Afro-américains à exister.
Parmi les autres membres de cette communauté, Dismukes est également riche en puissance évocatrice, dans le sens où, en tant que membre –à mi-temps– de la police fédérale, il observe, impuissant, les événements et n’a alors pas d’autre choix que de s’interroger sur sa place.
La seconde partie, et pivot central, du film, est entièrement centrée sur le drame survenu dans le motel Algiers où une descente de police a tourné au cauchemar. Au cœur de cette escalade de violence, le jeune policier interprété par l’excellent Will Poulter est une figure terriblement ambivalente.
Dans la façon dont où il apparaît dans un premier temps comme n’étant pas fondamentalement raciste, et dont une première bavure nous le présente comme naïvement inconscient de la gravité de ses actes mais effrayé à l’idée d’être accusé de meurtre, il est loin d’être le monstre fasciste auquel il serait trop facile de le caricaturer. C’est cette ambiguïté qui empêche Detroit d’être réduit à un banal brûlot anti-policier alors que c’est tout une société niant son ségrégationnisme cruel qui est dans l’œil du visuel.
Toute l’intelligence de Kathryn Bigelow est justement de ne pas prendre parti en décrivant un face-à-face ultra-manichéen dans lequel aucun Afro-américain n’aurait rien à se reprocher. Son choix est de nous faire observer de l’intérieur la mécanique avec laquelle la brutalité dont font preuve les membres de la police municipale –que même les militaires désapprouvent– va inexorablement mener à l’irréparable.
Dans ce huis-clos étouffant, filmé en quasi-temps réel pendant une quarantaine de minutes qui semble interminable, la tension est à son paroxysme. La gestion du temps et de l’espace au profit d’une montée de l’intensité aussi brute est une véritable leçon de cinéma, rendue d’autant plus prenante que les interprétations des acteurs sont irréprochables. La maîtrise de Bigelow lui a également permis de savoir ne pas poursuivre inutilement sa reconstitution longtemps au-delà du point de rupture vers lequel il se devait de nous mener.
Elle a préféré alimenter sa troisième partie consacrée aux conséquences du drame, ce sur quoi de nombreux cinéastes auraient fait l’impasse. Cette dernière demi-heure parait cependant trop courte pour approfondir l’enquête interne de la police et le potentiel thriller juridique qui s’y dessinent.
Après l’excellente expérience immersive qui l’a précédé, mais aussi les quelques longueurs de l’introduction, cette partie semble être le parent pauvre du long-métrage. On peut notamment regretter que le sort réservé à Dismukes qui, parce qu’il a refusé de prendre parti, s’est retrouvé dans la position de suspect ne soit pas davantage développé tant il aurait fait de lui un symbole politique puissant.
Bigelow oriente sa conclusion vers une tonalité plus mélodramatique, mais tout aussi évocatrice, puisqu’il s’agit de la façon dont Larry effectue, après son traumatisme, un repli communautariste. Ce constat en dit long sur le bilan qu’elle dresse de son pays où les explosions de violence raciste ne font que creuser chaque fois un peu plus la fracture sociale.
Une conclusion fataliste, à l’issue d’un film éprouvant, qui le rend indispensable pour saisir la gravité de ce statu-quo sociétal toujours aussi explosif un demi-siècle plus tard.
PETIT AVIS PUREMENT INTIME ET PERSONNEL SUR LE FILM
PS : J’ai eu, personnellement, de grosses difficultés à supporter les scènes (qui durent environ 1h30) où 5 blacks sont collés contre les murs, frappés dans le dos, humiliés, insultés, moqués, avec derrière eux des flics, des militaires et un agent de sécurité (Noir, sublime John Boeyga). C’est atroce, cela dure plus d’une heure trente durant lesquels les noirs sont poussés contre les murs, dans l’entrée d’une petite maison.
Je me suis sentie oppressé, le travail de la réalisatrice va tellement loin que j’avais envie de fracasser ses flics blancs qui voulaient juste tuer du Black pour leur petit plaisir « jouissif » personnel.
C’est assez dérangeant car je considère que le film mérite largement d’avoir l’Oscar du meilleur film (dans la suite logique de Argo, 12 years a slave, Spotlight, Moonlight). Mais putain que c’est dure. Et quand je fais des recherches ont me dit que c’est encore un peu comme cela aujourd’hui dans certains Etats.
Moi qui adore voir et revoir les films que j’apprécie celui-ci je ne pourrais pas, j’ai eu des palpitations, des moments d’angoisse et de stress car j’étais un Black face contre le mur, incapable de bouger, juste à recevoir les coups de trois flics armés. C’était une expérience insoutenable même si je suis resté et que je n’ai pu quitter la salle par simple conscience professionnelle. Voilà je préviens juste les lecteurs.
Et Dieu sait que je peux tout voir mais là c’est un sentiment de dégoût pour le personnage de Will Poulter (Oscar du meilleur acteur dans un second rôle ???) en manipulateur, tortionnaire, raciste. J K Simmons dans Whiplash passe pour un gentil en comparaison de la face donné à ce personnage odieux, d’une violence morale, mentale, psychologique et physique atroce.
Personnellement je n’aurai pas pu jouer ou incarner un tel rôle et c’est ce pourquoi je lui tire mon chapeau même si pendant 2h je n’avais qu’une seule envie : le tuer !!!! Qu’on en finisse de toutes ces atrocités.
Voilà je ne le fais jamais mais là j’avais besoin de donner un petit ressentit personnel sur ce film que j’espère du fond du cœur recevra la reconnaissance Académique qu’il mérite à savoir l’Oscar du meilleur film et du meilleur réalisateur. J’ai pris une claque énorme, un choc, et pourtant je la connais l’histoire, j’en ai vu des films sur l’esclavagisme, la ségrégation, la traite des nègres, le racisme… Mais cette oppression c’est un tour de force monumental réalisé par Kathryn Bigelow.
C’est un avis et un ressentit personnel mais mon Dieu que ce fut une rude épreuve alors que je ne suis ni Noir et que je n’ai pas entendu pareil histoire dans mon entourage. Seulement j’ai fais 8 ans de Droit et l’INJUSTICE je ne supporte plus. Et là c’était beaucoup, beaucoup, beaucoup d’injustices …
L’ANALYSE :
Il faut remonter à American Sniper ou à Zero Dark Thirty, déjà de Kathryn Bigelow, pour trouver trace d’un film hollywoodien provoquant une levée de boucliers comparable à celle qui se dresse face à Detroit. Que reproche-t-on exactement au film ?
Dans un article pour le New Yorker, Richard Brody évoque une « faute morale » à propos d’un long-métrage qui porterait non seulement un « regard blanc » sur les événements décrits mais tomberait surtout dans l’abjection en fictionnalisant l’horreur d’un événement tragique – reproche peu ou prou identique à celui intenté à La Liste de Schindler, que Brody rapproche d’ailleurs de Detroit.
Il y a bel et bien un problème dans la manière dont Bigelow bute sur l’ampleur de la tâche qu’elle s’est fixée, mais sans que le film s’avère coupable de la supposée « faute morale » que fustige Brody. Loin de souffrir d’un manque de recul, Detroit pèche au contraire par sa raideur et l’extrême précaution avec laquelle il approche l’affaire du Motel Algiers, qui s’est déroulée en plein cœur des émeutes raciales de Detroit en 1967.
Autour de cet événement – la séquestration injustifiée d’Afro-Américains par des policiers racistes qui tueront trois d’entre eux –, le film organise d’abord un premier acte, le meilleur, mettant en scène un chaos urbain où la ville apparaît comme une poudrière prête à s’embraser, puis un troisième, qui revient patiemment sur les conséquences et conclusions de l’affaire qui occupe le centre du film.
En adéquation avec cette construction bien lisible, l’écriture de Bigelow s’articule dès lors autour d’un axe : cartographier les rapports de violence et de racisme qui régissent les interactions entre les différents protagonistes et relier ainsi un à un les points pour obtenir une vue d’ensemble de ce mal qui gangrène la société américaine.
C’est donc un sens de la nuance qui guide le film – jusqu’à l’excès, en témoignent ces petites scènes qui, parfois artificiellement, pointent la présence conjointe de bons et de mauvais éléments au sein de la police de la ville –, un sens de la nuance qui appelle donc à des situations complexes pour passer d’un point de vue à l’autre, télescoper les actions, les gestes et regards et permettre ainsi de creuser en profondeur le champ délimité par le récit.
Or, et c’est là que le bât blesse, le noyau dramatique du film est précisément une situation qui écarte la possibilité de telles nuances ; une situation redondante qui piétine, répète le même schéma et oppose des victimes immobilisées à l’implacable violence exercée par les forces de l’ordre.
Bigelow trouve toutefois dans cette partie de son film un personnage capable de passer d’une ligne à l’autre et donc d’amener un peu de circulation dans la mise en scène : l’agent de sécurité joué par John Bogeya, Melvin Dismukes, qui semble osciller entre deux positionnements. D’abord dépeint comme un tacticien pragmatique, capable de plier un genou face aux Blancs pour se frayer un chemin et parvenir à un gain qu’il n’aurait pu obtenir par une confrontation franche et directe, Dismukes se retrouve finalement dans la peau de celui qui négocie à perte avec le système jusqu’à devenir son complice indirect.
Ce que montre plutôt bien Bigelow, c’est que chaque Noir, quels que soient ses aspirations ou son positionnement par rapport au pouvoir blanc, est in fine rattrapé par le racisme – ou se retrouve entravé, comme Dismukes qui à un moment du film ne peut revenir à la partie du motel où se déroule l’action et se retrouve relégué sur le bas-côté de la fiction.
Il est dès lors autant dommage que logique que le film ne fasse pas de cette figure son pivot, mais simplement une pièce dans la mosaïque éclatée des personnages. Car Bigelow souhaite à ce point restituer la complexité de la situation – de ses origines historiques et économiques au dénouement judiciaire – qu’elle peine à trouver exactement le bon bout pour tenir son récit.
Peut-être aussi que le film s’y prend malheureusement à l’envers : s’il choisit de plonger d’abord le spectateur dans la frénésie des émeutes, où Bigelow trouve pour le coup foison de petits événements et de situations pour mettre en scène un rapport de circulation entre les Noirs et les Blancs, le récit épouse ensuite une logique de rétrécissement – un zoom au microscope, dans un sens, qui réduit néanmoins davantage le champ des enjeux qu’il ne densifie le fil directeur du film.
D’où la déception que suscite Detroit après Démineurs (qui ne filmait au fond que ça, des situations dont il fallait s’occuper) et Zero Dark Thirty : cette fois-ci, Bigelow semble faire face à un mur. Reste à définir exactement ce mur : ce n’est ni le mur de l’irreprésentable, ni celui de l’incapacité de filmer, en tant que Blanche, un tel épisode [1], mais plutôt le surmoi écrasant qu’impose le sujet à la cinéaste et à Mark Boal (scénariste de Bigelow depuis Démineurs).
Pour autant Detroit ne cède jamais non plus complètement sous ce poids, et si le film ne retrouve guère par la suite la vigueur plastique et formelle de sa première demi-heure (les scènes nocturnes, plongées dans la fumée et striées d’éclats des tirs, se démarquent du reste), il a le mérite de trouver des solutions narratives pour explorer d’autres facettes de son sujet. Un exemple parmi d’autres : la métamorphose du chanteur des Dramatics, crooner un peu falot qui se détourne de son rêve (devenir une star) dans le dernier temps du récit en prenant conscience de la place qu’il occupe dans la société.
Le regard que porte alors le film sur ce personnage – et cela prouve bien, une fois encore, que réduire Bigelow à sa couleur de peau est un raccourci problématique – montre ainsi que le communautarisme, loin de s’apparenter systématiquement à un repli sur soi, constitue parfois la seule solution collective que possèdent des minorités pour résister à la violence d’un système inégalitaire qui ne souhaite pas réellement composer avec elles.
[1] Il a été reproché à Bigelow de s’approprier un pan de l’histoire noire : on pourra rétorquer que la cinéaste semble bien consciente des enjeux, en témoigne la façon dont elle met justement en scène l’exploitation de la culture noire – en l’occurrence sa musique – par les Blancs. On pourra aussi relever que Bigelow s’est déjà intéressée aux émeutes raciales et au racisme des forces de l’ordre dans Strange Days, ouvertement inspiré par les rixes de Los Angeles en 1992 consécutives à l’affaire Rodney King.
Outre-Atlantique, le monde du cinéma est en ébullition. Entre l’affaire Weinstein, qui a fait tomber bon nombre de têtes, et le début de la période des cérémonies, tous les regards sont tournés vers Hollywood. Alors que plus ou moins tous les films que l’on pense voir aux Oscars et ailleurs sont déjà sortis chez l’Oncle Sam (pour être potentiellement nommé, il faut que le film sorte avant le 31 décembre de l’année précédant la cérémonie), la liste des candidats se dessine de plus en plus à clairement l’horizon. Et à ce sujet, les nominations aux Golden Globes nous éclaircissent un peu le tableau.
Sans réelle surprise, c’est l’incroyable petit bijou de Guillermo del Toro, The Shape of Water (La Forme de l’eau en français), qui rafle le plus de nominations – sept au total, contre six pour Pentagon Papersde Steven Spielberg et Trois Billboards : les panneaux de la vengeance de Martin McGonagh. Pour le reste, ce sont Lady Bird, Call Me By Your Name, The Greatest Showman, Tout l’argent du monde, Dunkerque et Moi, Tonya qui dominent avec quatre nominations pour le premier et trois pour les autres.
On notera surtout les nominations de Meryl Streep (sa 31e !), et de Christopher Plummer. En effet, ce dernier est le remplaçant de Kevin Spacey, qui a été tout bonnement effacé de Tout l’argent du mondepar un geste extrêmement audacieux de Ridley Scott. Pour rappel, à un mois de la sortie américaine, le cinéaste a retourné toutes les scènes où figurait Kevin Spacey, au cœur d’un scandale de harcèlement sexuel, en neuf jours. Enfin, 120 Battements par minute n’a pas réussi à se caler parmi les cinq nominés de la catégorie meilleur film étranger.
Autant dire que les favoris pour la petite statuette dorée commencent à s’afficher clairement. On remarquera que Get Out est bien nommé en tant que comédie, ce qui reste contestable. Par ailleurs, il ne semble pas que Moi, Tonya, qui revient sur la vie mouvementée et dramatique de la patineuse Tonya Harding, soit vraiment une comédie – comme si le Hollywood Foreign Press Association, qui s’occupe de la cérémonie, souhaitait absolument placer ces films quelque part.
Call Me By Your Name Dunkerque Pentagon Papers La Forme de l’eau Trois Billboards : les panneaux de la vengeance
Meilleur film comique ou musical
The Disaster Artist
Get Out
The Greatest Showman Moi, Tonya
Lady Bird
Meilleur film d’animation
Baby Boss Parvana, une enfance en Afghanistan Coco Ferdinand Loving Vincent
Meilleur film étranger
Une femme fantastique D’abord, ils ont tué mon père In the Fade Faute d’amour The Square
Meilleure actrice dans un film dramatique
Jessica Chastain pour Le Grand Jeu
Sally Hawkins pour La Forme de l’eau
Frances McDormand pour Trois Billboards : les panneaux de la vengeance
Meryl Streep pour Pentagon Papers
Michelle Williams pour Tout l’argent du monde
Meilleur acteur dans un film dramatique
Timothée Chalamet pour Call Me By Your Name
Daniel Day-Lewis pour Phantom Thread Tom Hanks pour Pentagon Papers Gary Oldman pour Les Heures sombres Denzel Washington pour Roman J. Israel, Esq.
Meilleure actrice dans un film comique ou musical
Judi Dench pour Confident royal
Helen Mirren pour L’Échappée belle Margot Robbie pour Moi, Tonya
Saoirse Ronan pour Lady Bird Emma Stone pour Battle of the Sexes
Meilleur acteur dans un film comique ou musical
Steve Carell pour Battle of the Sexes Ansel Elgort pour Baby Driver
James Franco pour The Disaster Artist
Hugh Jackman pour The Greatest Showman
Daniel Kaluuya pour Get Out
Meilleure actrice dans un second rôle
Mary J. Blige pour Mudbound
Hong Chau pour Downsizing
Allison Janney pour Moi, Tonya Laurie Metcalf pour Lady Bird
Octavia Spencer pour La Forme de l’eau
Meilleur acteur dans un second rôle
Willem Dafoe pour The Florida Project Armie Hammer pour Call Me By Your Name
Richard Jenkins pour La Forme de l’eau
Christopher Plummer pour Tout l’argent du monde
Sam Rockwell pour Trois Billboards : les panneaux de la vengeance
Meilleur réalisateur
Guillermo del Toro pour La Forme de l’eau
Martin McDonagh pour Trois Billboards : les panneaux de la vengeance Christopher Nolan pour Dunkerque
Ridley Scott pour Tout l’argent du monde
Steven Spielberg pour Pentagon Papers
Meilleur scénario
Guillermo del Toro et Vanessa Taylor pour La Forme de l’eau
Greta Gerwig pour Lady Bird
Liz Hannah et Josh Singer pour Pentagon Papers
Martin McDonagh pour Trois Billboards : les panneaux de la vengeance Aaron Sorkin pour Le Grand Jeu
Meilleure musique de film
Carter Burwell pour Trois Billboards : les panneaux de la vengeance
Alexandre Desplat pour La Forme de l’eau
Jonny Greenwood pour Phantom Thread
John Williams pour Pentagon Papers Hans Zimmer pour Dunkerque
Meilleur morceau original
« Home » (Ferdinand)
« Mighty River » (Mudbound) « Remember Me » (Coco) « The Star » (L’Étoile de Noël) « This Is Me » (The Greatest Showman)
CONCERNANT LES SÉRIES
Golden Globes 2018 : de Stranger Things à The Handmaid’s Tale, les nominations côté séries
La 75e cérémonie des Golden Globes, animée par Seth Meyers, aura lieu le 7 janvier prochain aux États-Unis et sera retransmise sur NBC. En France, elle devrait une nouvelle fois être l’exclusivité du groupe Canal+, étant généralement retransmise sur Ciné+.
La presse étrangère spécialisée dans le cinéma et les séries, réunie dans l’organisation Hollywood Foreign Press Association, vient donc de dévoiler la liste des nominations côté cinéma et côté séries pour le cru 2018. Sans surprise, les séries féministes Big Little Lies et The Handmaid’s Tale, récompensées par les Emmys plus tôt dans l’année, tirent leur épingle du jeu. Mais ce n’est pas tout, on remarque la présence dans la catégorie reine (drama) des très populaires Stranger Things, Game of Thrones ou This Is Us.
Côté comédies, on est ravi(e)s de voir que les votants ont intégré les récentes et excellentes SMILF et The Marvelous Mrs. Maisel, tandis que le revenant Kyle MacLachlan se voit nommer pour sa performance singulière dans la saison 3 de Twin Peaks. Allez, rendez-vous le 7 janvier, pour une belle petite nuit blanche des familles.
Meilleure série dramatique
The Crown
Game of Thrones
The Handmaid’s Tale
Stranger Things
This Is Us
Meilleur acteur dans une série dramatique
Jason Bateman, Ozark Sterling K. Brown, This Is Us Freddie Highmore, The Good Doctor Bob Odenkirk, Better Call Saul Liev Schreiber, Ray Donovan
Meilleure actrice dans une série dramatique
Caitriona Balfe, Outlander
Claire Foy, The Crown
Maggie Gyllenhaal, The Deuce
Katherine Langford, 13 Reasons Why
Elisabeth Moss, The Handmaid’s Tale
Meilleure comédie
Black-ish The Marvelous Mrs. Maisel Master of None SMILF Will & Grace
Meilleur acteur dans une comédie
Anthony Anderson, Black-ish
Aziz Ansari, Master of None
Kevin Bacon, I Love Dick
William H. Macy, Shameless
Eric McCormack, Will & Grace
Meilleure actrice dans une comédie
Pamela Adlon, Better Things
Alison Brie, GLOW
Rachel Brosnahan, The Marvelous Mrs. Maisel
Issa Rae, Insecure
Frankie Shaw, SMILF
Meilleure mini-série/téléfilm
Big Little Lies Fargo Feud: Bette and Joan The Sinner Top of the Lake: China Girl
Meilleur acteur dans une mini-série/un téléfilm
Robert De Niro, The Wizard of Lies
Jude Law, The Young Pope
Kyle MacLachlan, Twin Peaks
Ewan McGregor, Fargo
Geoffrey Rush, Genius
Meilleure actrice dans une mini-série/un téléfilm
Jessica Biel, The Sinner
Nicole Kidman, Big Little Lies
Jessica Lange, Feud: Bette and Joan
Susan Sarandon, Feud: Bette and Joan
Reese Witherspoon, Big Little Lies
Meilleur second rôle féminin dans une série/mini-série/un téléfilm
Laura Dern, Big Little Lies
Ann Dowd, The Handmaid’s Tale
Chrissy Metz, This Is Us
Michelle Pfeiffer, The Wizard of Lies
Shailene Woodley, Big Little Lies
Meilleur second rôle masculin dans une série/mini-série/un téléfilm
David Harbour, Stranger Things
Alfred Molina, Feud: Bette and Joan
Christian Slater, Mr. Robot
Alexander Skarsgård, Big Little Lies
David Thewlis, Fargo
Dans le dernier long-métrage d’Yvan Attal, un vieux prof aussi brillant que réac se retrouve à devoir former une étudiante de banlieue à la langue bien pendue. Si le film ne fait pas l’unanimité, les critiques soulignent cependant les performances de la chanteuse de 25 ans et de Daniel Auteuil.
Réalisation : Yvan Attal
Scénario : Yaël Langmann, Victor Saint Macary, Bryan Marciano et Yvan Attal
Photographie : Rémy Chevrin
Montage : Célia Lafitedupont
Décors : Michèle Abbé-Vannier
Costumes : Carine Sarfati
Musique : Michael Brook
Supervision musicale : My Melody
Producteurs : Dimitri Rassam et Benjamin Elalouf
Distribution : Pathé Distribution
Genre : comédie
Durée : 95 minutes
Dates de sortie : 22 novembre 2017
Distribution : Daniel Auteuil, Camélia Jordana.
L’année dernière Yvan Attal sortait Ils sont partout, film à sketchs voulant dénoncer les fantasmes antisémites les plus répandus, le long-métrage avait reçu un accueil plutôt glacial – et gêné. Le réalisateur français revient cette semaine, avec un film, Le brio, qui entend une nouvelle fois se jouer des préjugés, et qui a séduit la plupart des critiques.
Cette fois-ci, il s’agit d’une confrontation, forcément électrique, entre un professeur de droit réac et désabusé, amateur de rhétorique, et une jeune femme de banlieue, que tout sépare. Plus subtil, plus drôle aussi que sa précédente réalisation, Le Brio démantèle la lutte sociale et générationnelle de son sujet pour l’amener sur le terrain, plus jubilatoire et moins donneur de leçons, de la joute verbale.
Culturebox apprécie l’exercice et ne s’en cache pas. «Yvan Attal réussit un film magnifique, une comédie diablement bien charpentée, nourrie de dialogues ciselés et loin d’être politiquement anodine», explique le site de France Télévisions. «C’est malin, bien écrit, bien rythmé, bien joué. Assouplir les mœurs en riant, voilà un bon propos de comédie», écrit pour sa part Marie-Noëlle Tranchant du Figaro .
«On a compris que le film mérite son titre»
L’exercice de la rhétorique permet ici de désamorcer les clichés. «Par une subtile dialectique, le bien nommé brio transforme la lutte sociale en joute déclamatoire.
Le verbe – dont on hérite ou qu’on acquiert, qui fait mal ou réconcilie, qui dit la vérité ou la masque, qui permet de réussir dans un monde où l’apparence est reine – est le sujet de cette comédie satirique, ce que les Américains appellent une dramedy», explique L’Obs. Un avis partagé par le journaliste de Première : «Il y a ces dialogues savoureux (brillants par moments) inspirés de la philo et de la rhétorique de prétoire.
Ce traitement à bonne distance de personnages prisonniers de leur condition (lui, l’intellectuel cynique des beaux quartiers, elle, la banlieusarde coupable de s’élever socialement).
Cette façon habile et amusante de contredire par l’image les sentiments qui agitent les protagonistes. Il y a enfin, et surtout, un duo d’acteurs formidable, le placide Daniel Auteuil et l’électrique Camélia Jordana, cette dernière confirmant de film en film une belle nature de cinéma.»
S’il y a bien une chose sur laquelle les critiques se retrouvent, c’est sur la qualité des acteurs. «Face à Camélia Jordana, définitivement actrice, Daniel Auteuil fait des étincelles», note notamment Télérama, tandis que Les Échos parlent d’un «Daniel Auteuil des grands jours». L’Obs a été emporté par le jeu des acteurs. «Et puis il y a l’interprétation. Elle n’est pas édifiante, elle est éloquente.
Daniel Auteuil, qui creuse ici les silences à la manière de Gabin, excelle dans le rôle ambigu du mentor contrarié. Et, de quarante ans sa cadette, Camélia Jordana avance, en équilibriste très douée, sur le fil qui sépare l’insoumission de l’ambition et la banlieue du quartier Latin. On a compris que le film mérite son titre».
«Dans Le Brio, note Le Point , le dernier film d’Yvan Attal, la chanteuse explosive et touche-à-tout tient tête à Daniel Auteuil. Et avec quel brio!», Si le sujet pouvait paraître sensible voire casse gueule, la nuance que donnent aux personnages les deux acteurs principaux permet au film de ne pas tomber ni dans le cliché, ni dans la caricature «Daniel Auteuil est gouleyant comme un bon vin. Camélia Jordana impeccable.
Tous deux développent habilement de la nuance dans des rôles qui auraient pu singulièrement en manquer» estime Le Parisien .
Reste que le film n’a pas plu à tout le monde. Du côté des Inrockuptibles , on juge ce long-métrage comme étant «Une malhabile comédie de la réconciliation entre un intellectuel facho et une étudiante maghrébine.»
D’autres estiment que le scénario est cousu de fil blanc. «À cet instant, soit à peu près cinq minutes (sans les publicités) après que vous avez pris place dans la salle de cinéma, le film est terminé. Au sens, du moins, où son programme, enlevé à la sauce américaine, vous est donné clé en main. (…) Beau programme en effet, mais à ce point dénué d’accident qu’il en devient lénifiant», explique Jacques Mandelbaum du Monde .
Même son de cloche du côté du journal Les Échos qui trouve que «le cinéaste en oublie les enjeux dramatiques de son histoire et, à l’image de son héroïne, cède à une forme de fascination pour Mazard, incarné, il est vrai, par un Daniel Auteuil des grands jours. Séduisant et souvent drôle, Le Brio , hélas, ne fait qu’effleurer son sujet».
8/10
PS : Un film inspirant pour toutes celles et ceux qui se lèvent chaque matin, envers et contre tous, en ne poursuivant qu’un seul but : devenir une version meilleure de soit-même, s’améliorer chaque jour au quotidien, et cela peut importe d’où l’on vient et peut importe le niveau social et culturel.
Je reprendrais la phrase du discours de Xavier Dolan lors de la remise de son Prix du Jury (pour Mommy en 2014) « Je crois que tout est possible à qui rêve, ose, travaille et n’abandonne jamais ». Dolan est partie de rien, il en est à 7 longs métrages et dirige aujourd’hui des Vincent Cassel, Marion Cotillard, Gaspard Ulliel, Léa Seydoux, Nathalie Baye, Suzanne Clément, Anne Dorval, Jessica Chastain, Natalie Portman, Sigourney Weaver …
Ne jamais abandonner mes cher amis. Un film qui devrait vous inspirer.
Avicii sort de sa retraite et retrouve le dance-floor sur le grand écran, avec un documentaire sur la gloire et la suprématie du corps et du mental sur la célébrité. Un thème mâture loin d’être inintéressant. Musicalement, le projet percute.
Réalisateur : Levan Tsikurshvili
Acteur : Tim Bergling
Genre : Documentaire, Musical
Nationalité : Suédois
Distributeur : Pathé Live
Date de sortie : 20 novembre 2017
Durée : 2h00mn
Le 30 mars 2016, le producteur, auteur et artiste multi-récompensé Avicii (aka Tim Bergling) annonçait quitter le devant de la scène. Dans un portrait intime, l’histoire d’Avicii est racontée à travers ces True Stories ; ce documentaire très attendu suit la superstar DJ depuis ses débuts, en passant par son ascension dans les charts, ses hits mondiaux et son combat contre la maladie.
True Stories, réalisé par Levan Tsikurishili (Avicii on Tour) dépeint un portrait intime de l’artiste grâce à des interviews où il se livre personnellement et les témoignages bienveillants de ses amis Tiesto, Chris Martin, David Guetta ou encore Nile Rodgers.
On le voit aussi en plein processus de composition ou encore assurer les shows sur la scène des plus grands festivals du monde. Ce documentaire sans compromis, diffusé dans les cinémas du monde entier, sera suivi de son dernier concert filmé au Ushuaia d’Ibiza en août 2016.
I could be the one, Levels et surtout le tube Wake me up, qui compte plus d’un milliard de vues sur YouTube, ont permis d’établir la légitimité artistique et commerciale du DJ Avicii parmi les grands nom de l’EDM de ce monde. Dans ce documentaire élogieux, mais néanmoins ténébreux, l’idole des jeunes de ces sept dernières années, qui a enflammé les dance floors occupés par Armin, Tiesto ou Guetta, dévoile le Tim qui se cache derrière le pseudo.
Le chanteur scandinave a été suivi pendant de nombreuses années en coulisses pour un portrait pertinent, monté de façon énergique et cinématographique, quant au quotidien d’un gourou des grand-messes de la musique électronique qui n’est pas forcément le garçon que ses fans croient qu’il peut être.
L’on suit l’irrésistible ascension du jeune homme (il démarre tout juvénile à 18 ans) ; le talent et le sens de la mélodie electronic-folk font fait de lui un vendeur de singles en série et un roi du streaming. Il va au-delà du job de DJ star à qui l’on n’accorde jamais une telle notoriété, puisqu’Avicii est connu jusqu’aux gamins qui n’ont jamais mis un pied en soirée ou en club.
Mais le Suédois se montre vulnérable. Dans un monde de strass et de lumière qui le porte au centre de l’univers, Tim enchaîne les concerts ahurissants, avec une vie nocturne qui laisse des stigmates. Le DJ avoue mal vivre sa célébrité. Pis, le stress, la maladie le rongent et il alterne les séjours à l’hôpital et les grandes sets aux quatre coins du monde sans que le public ne sache pourquoi il est contraint d’annuler set après set.
Alors que l’on croise Madonna qui vient partager la scène avec lui, que les producteurs et célébrités y vont de leurs caméos, involontaire (Chris Martin des Coldplay, avec qui il enregistra le tube A sky full of stars) ou sous forme de témoignage (Tiesto, David Guetta, Nile Rodgers), la pression médicale l’emporte et il faut préparer producteurs, amis et public à son départ définitif de la scène, pour un retrait salvateur dans son antre où il compose, loin des projecteurs. N’a-t-il pas sorti en 2017, à un moindre succès, de nouveaux sons ?
Réflexion sur la gloire et la suprématie du corps et du mental sur la célébrité, Avicii : True Stories aborde des thèmes mâtures à un âge d’innocence. Les fans apprécieront.
Le film sera programmé pour une séance unique en France dans les cinéma Gaumont-Pathé, le 20 novembre. Quatre cinéma parisiens seront de la célébration. Il est accompagné du fameux concert d’adieu, 30 minutes de plus pour profiter d’un moment iconique. You could be (among) the One(S)
Un accident industriel embarrassant par le réalisateur du culte Morse, qui avait tout pour être un succès. Le thriller, avec Michael Fassbender et Charlotte Gainsbourg, est un désastre d’écriture et de montage qui vicie tous les excellents ingrédients artistiques réunis pour une avalanche d’incongruités.
Réalisateur : Tomas Alfredson
Scénario : Hossein Amini, Peter Straughan et Søren Sveistrup, d’après le roman Le Bonhomme de neige de Jo Nesbø
Direction artistique : Maria Djurkovic
Photographie : Dion Beebe
Montage : Claire Simpson et Thelma Schoonmaker
Musique : Marco Beltrami
Producteurs : Tim Bevan, Eric Fellner, Peter Gustafsson et Robyn Slovo
Acteurs : Charlotte Gainsbourg, Chloë Sevigny, Val Kilmer, James D’Arcy, Michael Fassbender, J.K. Simmons, Rebecca Ferguson
Date de sortie : 29 novembre 2017
Durée : 1h59mn
Lorsque le détective d’une section d’élite enquête sur la disparition d’une victime lors des premières neiges de l’hiver, il craint qu’un serial killer recherché n’ait encore frappé. Avec l’aide d’une brillante recrue, il va tenter d’établir un lien entre des dizaines de cas non élucidés et la brutalité de ce dernier crime afin de mettre un terme à ce fléau, avant la tombée des prochaines neiges.
Bienvenue dans les noirceurs du thriller scandinave. Un véritable genre en soi rendu célèbre par les adaptations de Millénium (d’après Stieg Larson) et le remake de David Fincher, auquel Tomas Alfredson avait largement contribué en réalisant le vampirique et envoûtant Morse, lui-même remaké aux USA par Matt Reeves. Morse était un chef d’oeuvre salué en son temps par la critique mondiale, Snowman, c’est tout le contraire, un navet sévère, conspué par le public et la critique à l’échelle planétaire.
Ici, l’on se base sur le roman éponyme de Jo Nesbø, mettant en scène les enquêtes du sérieusement travaillé du chapeau Harry Hole. Un trou, comme son nom l’indique, que la quantité d’alcool ingurgitée ne vient jamais combler…
C’est Fassbender qui incarne le rôle du flic dépressif. Il a enchaîné les tournages différents ces dernières années, passant de Assassin’s creed aux traumas enneigés du Bonhomme de neige. On l’y voyait davantage à l’aise et, en soi, il ne démérite pas. Après tout, n’est-ce pas un polar un poil pervers, où l’intrigue policière s’insinue dans les failles de personnages perturbés ?
Avec Scorsese comme producteur exécutif (il a été un moment intéressé par la réalisation), Gainsbourg fille en second rôle, ainsi que Val Kilmer ou J.K. Simmons, on pouvait croire au miracle, mais c’était oublier qu’Hollywood est aussi une industrie capable de produire du bon à la chaîne tout en abîmant sur le tapis ses meilleurs éléments.
Après un bide américain alimenté par des critiques vénéneuses, le cinéaste Tomas Alfredson a justifié l’échec artistique du film… Il confesse avoir reçu au fil du tournage des parcelles de script à tourner sans que rien ne se raccorde vraiment lors du montage final. Malheureusement, sa description du processus créatif s’avère vérifiable à l’écran.
L’on part d’une séquence introductive glaçante, d’une effroyable efficacité, durant laquelle un gamin subit la violence abjecte d’un père, puis la mort traumatisante d’une mère, ce qui annonce une véritable claque esthétique et narrative, pour finalement sortir de la salle après avoir essuyé un aboutissement scénaristique paresseux, sans vraie révélation. Tout concordait à faire de l’un des suspects les moins attendus le tueur effectif. C’était tellement facile qu’on se refusait d’y croire…
Mais que se passe-t-il entre-temps ? De grands acteurs sous-employés. Val Kilmer fait une fugace apparition sans que le script tronçonné ne sache trop quoi faire du monument de cinéma qu’il est. Il sera vite écarté de l’intrigue, au gré d’une chronologie chaotique. On citera également le double rôle de Chloë Sevigny qui laisse pantois tant sa peinture est grossière.
J.K. Simmons est lui aussi employé au rabais et apparaît comme une caricature inconséquente des monstres imbus de pouvoir à la Weinstein. Notre Charlotte nationale ne peut que verser des larmes tant son rôle est également illusoire à l’écran. On pourrait même affirmer qu’il s’agit du personnage le plus insipide du film, même si le jeu de la comédienne n’est nullement en cause.
Toute cette constellation de grands noms est rattachée artificiellement à la trame qui devient vraiment paresseuse dans sa résolution, mettant à mal les pistes intéressantes que la première partie semblait vouloir mettre en place, mais qui seront laissées inexploitées.
Bref, cette avalanche de déceptions accouche d’une congère qui finit par nous mettre les boules (de neige, il va sans dire !). The Snowman a déjà fondu avant même le début de l’hiver.