Une très bonne adaptation du roman de Daphne du Maurier.
- Réalisateur : Roger Michell
- Acteurs : Rachel Weisz, Pierfrancesco Favino, Holliday Grainger, Sam Claflin, Iain Glen
- Genre : Drame, Thriller, Romance
- Nationalité : Américain
- Date de sortie : 26 juillet 2017
- Durée : 1h46mn
Angleterre, début du XIXème siècle. Philip, un jeune noble anglais, apprend la mort mystérieuse de son cousin en Italie, survenue peu après son mariage secret avec la jeune et jolie veuve Rachel. Il n’a qu’une idée en tête : découvrir les véritables raisons de sa mort afin de le venger par tous les moyens. Mais la visite inattendue de cette nouvelle cousine va tout bouleverser.
À la lecture d’un simple pitch, l’on pourrait penser que My Cousin Rachel a tout d’un film hitchcockien. Daphne du Maurier fait en effet partie de ces rares écrivains parvenant à faire surgir des pages d’un livre les ambiguïtés des relations humaines, à tel point que le maître du suspense adapta trois de ses œuvres au cinéma (Rebecca, Les oiseaux, La taverne de la Jamaïque). Et My Cousin Rachel, dont c’est la seconde adaptation sur grand écran (un premier film avait été réalisé en 1952 par Henry Koster avec Richard Burton et Olivia de Havilland), ne fait pas exception à la règle. Après le décès de son cousin Ambroise, qui l’éleva comme un fils, Philip apprend qu’il est le seul héritier de son immense fortune. Bientôt majeur, Philip ne parvient pourtant pas à se réjouir de cette nouvelle. Il se souvient des nombreuses lettres que lui écrivait Ambroise, et dans lesquelles ce dernier lui confiait avoir des doutes sur le comportement de son épouse Rachel. Ambroise a-t-il été assassiné par appât du gain ?
Allez, avouez-le, vous avez pensé à Rebecca et à Vertigo. Fidèle à l’esprit du roman d’origine, Roger Michell propose, dans son nouveau film, une étrange et fascinante expérience de passion-répulsion.
Dans ce thriller psychologique, tout est affaire de personnages, des protagonistes jusque dans les décors, que la caméra ne lâche pas d’une semelle après avoir présenté les différents lieux de l’action en plan d’ensemble. Car la maison d’Ambroise, confortable et cependant froide, sombre et inquiétante, est un personnage à part entière, seule véritable témoin de tous les secrets qui se cachent entre ses murs et entretenant le mystère autour de la personnalité de Rachel, un personnage si simple et pourtant si complexe. L’actrice Rachel Weisz, par la grâce de ses mouvements et la douceur des traits de son visage, tantôt chaleureux, tantôt glacial, cultive l’attitude énigmatique de son personnage qu’elle rend très joliment à l’écran. Rachel semble ainsi être l’exact opposé de Philip, jeune, fougueux, plein de vie, qui manque un peu de sagesse, comme se plait à le lui faire remarquer Nick Kendall, parent de sa meilleure amie Louise.
Comme le rapportent certaines chroniques criminelles à la télévision, on se trouve là dans une histoire de veuve noire. Emprunté à l’araignée qui dévore son mâle après l’accouplement, le terme « veuve noire » désigne, en criminologie, les femmes tueuses en série qui assassinent leurs époux. D’après les lettres d’Ambroise, et au vu de son étrange comportement, Rachel pourrait bien en être une. Mais l’est-elle vraiment ? Et Philip, n’est-il pas un peu aveuglé par le chagrin, peiné que la veuve de son cousin le repousse au point de vouloir en faire une meurtrière ? Cela paraît tout à fait plausible. Voilà pourquoi My Cousin Rachel est si fascinant : parce qu’il a été bien pensé. Conscient que la dramaturgie et les personnages de l’histoire sont peut-être plus importants que la réalisation, bien que les décors aient une grande importance, Roger Michell fait le choix d’une mise en scène sobre, soignée et élégante, qui met en valeur le jeu des acteurs. Si son film est si réussi, c’est parce qu’au-delà d’un scénario très bien ficelé, l’ambiguïté des personnages intrigue le spectateur, l’exaspère parfois, mais le tient toujours en haleine. Jusqu’au dénouement, qu’on ne révèlera pas.
https://youtu.be/hAZlQggZSkM