Date de sortie 3 octobre 2018 (1h38)
Avec Romain Duris, Laetitia Dosch, Laure Calamy,…
Genre Drame
Nationalité Belgique,France
Après avoir fait parler de lui avec « Keeper », est-ce que Guillaume Senez confirmera les attentes placées en lui ?
Alors qu’il est confronté à un drame à son travail, Olivier doit faire face au départ inexpliqué de sa femme. Ses batailles au travail et dans sa maison vont le pousser dans ses retranchements.
Le synopsis que nous venons de vous faire ne rend pas grâce à la justesse du film, ce qui est déjà une première raison d’aller le voir. Là où certains auraient appuyé la carte du lacrymal pour faire pleurer dans les chaumières, Senez préfère chercher une forme de sincérité empathique. Aucun personnage n’est un modèle, ils sont tous faillibles et ont leurs raisons d’agir comme ils le font. Jamais le film ne délaisse le plan social ou familial et parvient à un équilibre délicat qui se maintient tout au long de ses 98 minutes. Pourtant, on ne sent pas de figures construites ni d’intrigue prédéterminée mais juste une quête de suivre au plus un père qui souffre sans ignorer ses propres défauts ni blâmer la mère partie.
Le fait que les dialogues aient été le plus souvent improvisés se ressent, appuyant la quête de justesse de Senez, dont la mise en scène est en retrait pour plus mettre en avant son casting. Dans ce registre, si Romain Duris est impeccable dans le rôle principal, c’est la présence de Laetitia Dosch qui se remarque le plus, cette sœur représentant une éclaircie apportant de la lumière dans la réalité maussade d’Olivier. Un dialogue entre les deux illumine plus encore la subtilité du film : Olivier peut être vu comme une victime mais son comportement envers sa femme n’en fait pas moins un responsable du départ de celle-ci. La nuance est au cœur du film, chacun agissant au mieux pour son bien ou celui des autres, au risque de faire des erreurs.
Dans ce registre, sans dévoiler quoi que ce soit, « Nos Batailles » aurait pu profiter de certains moments pour foncer dans le domaine du drame cliché et du père courage parfait dans la tourmente. Mais c’est en montrant ses faces les moins empathiques qu’il génère la sympathie. Chacun sonne si vrai, des enfants (tout simplement parfaits) aux seconds rôles, qu’on ne se sent pas mis à l’écart un seul instant de tout ce qui se déroule dans le film. Au contraire, on se raccroche le plus possible à chacun, que ce soit dans leurs mauvais ou bons moments, avec un aspect solaire en arrière-plan qui explosera de la plus belle des manières.
« Nos Batailles » est un drame d’une douceur et d’une justesse infinie qui confirme le talent de Guillaume Senez. Avec ce second film, celui-ci déjoue les attentes et clichés des œuvres du même registre pour mieux nous toucher avec une tristesse mais également un bonheur non feints.