Réalisateur : Ben Stiller
Origine : États Unis
Duree : 121 min
Date de sortie : 13 Aout
Distribution : Ben Stiller, Jack Black, Robert Downey Jr, Brandon T. Jackson, Tom Cruise, Jay Baruchel, Brandon Soo Hoo…
Hollywood produit un film à énorme budget sur la guerre du Vietnam. Mais suite à des gros dépassements de budgets et confronté aux guerres d’égos de ces principaux acteurs, le réalisateur, jeune yes man qui se voit devenir le nouvel Orson Wells, décide de changer sa stratégie et emmène ses acteurs pour les perdre dans la jungle. Il veut ainsi les confronter à une situation réelle et faire ressortir le meilleur d’eux même. Sauf que la jungle où il décide de les emmener est la proie d’un violent conflit entre des trafiquants de drogue.
Perdus, inconscients du danger qui rôde, persuadés que tout cela n’est que mise en scène, les acteurs, laissés à eux même, essaient de rejoindre la civilisation.
On ne dira jamais à quel point Ben Stiller est un génie. Capable de passer d’un registre à l’autre avec aisance, il reste pourtant un peu dans l’ombre d’autres grands acteurs comiques américains, tel que Jim Carrey, Robin Williams ou même Steve Carell. Cependant, Ben Stiller en plus d’être un excellent acteur, se révèle être un excellent réalisateur. Là, encore il sait s’illustrer dans différents registres passant de la comédie pure et dure comme Zoolander au film plus intimiste tel que La vie rêvée de Walter Mitty (un chef d’œuvre).
Même si l’humour est son premier amour, il revêt souvent d’une grande subtilité, bien loin des films tel que proposé par un Adam Sandler par exemple. Avec Tonnerre sous les tropiques, il décide de faire une critique du système hollwoodien. Et autant le dire tout de suite, il tire dessus à boulets rouges. De mémoire, c’est le film qui dégomme Hollywood avec le plus de brio et surtout dans une comédie (Boulevard du crépuscule et Mulholand Drive sont à part).
C’est simple, tout y passe. Du système de financement, du comportement des acteurs, de la fameuse méthode de l’Actor’s studio, des rôles « handicap » pour glaner des Oscars, de la Blackface, du white-washing, de la toxicité des producteurs, de l’adoption, des agents… Tout je vous dis.
De sa scène d’introduction géniale, où les acteurs nous sont présentés via de fausses bandes annonces, jusqu’à son dénouement, le film est une masterclass.
C’est une comédie, et on rit beaucoup au premier comme au second degré, les acteurs sont fabuleux, et viennent casser leurs images à coup de bulldozer. Mention spéciale à Tom Cruise méconnaissable et à Robert Downey Jr, qui après Kiss Kiss Bang Bang et avant Iron Man, continuait sa remontée après sa traversée du désert.
Tom Cruise, donc exemple parfait du star system, joue le rôle d’un producteur absolument infect, vulgaire grossier, gras et avec calvitie. Chacune de ses apparitions est ultra jouissive.
Robert lui joue Kirk Lazarus, acteurs borderline et bardés de récompenses qui pour aller à fond dans la méthode subit une pigmentation pour jouer le rôle d’un soldat noir. Sa prestation valut une mini polémique pour le film, d’ailleurs, les critiques n’ayant visiblement pas compris le sarcasme.
Ensuite nous avons Ben Stiller en star de film d’action, qui essaie de redorer son blason après l’échec de son film intimiste où il jouait un handicapé mental (Simple Jack, les extraits sont à mourir de rire, et on voit dans cette fausse bande annonce la femme de Ben Stiller elle-même), un Jack Black humoriste pourri, film à coup de blagues scato (on sent le tacle au Professeur Foldingue), toxicomane notoire, Matthew Mc Conaughey en agent depassé, et Brandon T. Jackson en rappeur acteur, cachant difficilement sous ses allures de gros beauf, sexualisant à mort les femmes, un homosexuel sensible qui à peur de faire son coming out.
Et quand cette joyeuse bande se retrouve en proie à un vrai danger, leur seule planche de salut est leur capacité d’acteurs. Autant dire que ce n’est pas gagner.
Tout est pensé, calculé, fait pour avoir un maximum d’impact. Le film n’hésite pas à aller dans le too much, par instant, ne lésinant pas sur le gore et le langage ordurier.
Le film est un violent coup de pied dans la fourmilière, jouissif, intelligent et diablement bien réalisé, un film couillu dans lequel Ben Stiller prend des risques. A voir absolument.