Date de sortie : 2021 (1h30)
Réalisateur : Janicza Bravo
Casting : Taylour Paige, Riley Keough, Colman Domingo, …
Genre : Comédie, drame
Nationalité : États-Unis
Synopsis : Le voyage sauvage sur deux jours avec une travailleuse du sexe, Jessica, son petit ami, Jarrett, et le proxénète violent de cette dernière. L’excursion est suivie par Aziah « Zola » Wells qui tweete les événements que connaissent les individus.
Critique : Existe-t-il un mot qui saurait délimiter les contours de « Zola », film de Janicza Bravo produit par A24 et sorti discrètement en VOD depuis peu ? Rien n’est moins sûr tant cet objet cinématographique s’avère d’un clinquant qui n’hésite pas à freiner à plusieurs reprises dans sa narration, à basculer autrement pour mieux nous placer ailleurs dans notre situation passive de spectateur. Il faut bien y reconnaître une certaine énergie dans sa manière de transposer cette histoire réellement tweetée tout en jouant sur un superficiel de façade pour mieux tester notre capacité d’adhérence spectatorielle.
Le long-métrage regorge ainsi de nombreux effets de style, avec une esthétique difficilement préhensible dans son entièreté mais passionnante par cette insaisissabilité formelle, en cohérence avec la narration. La nature crue du film se fait alors provoquante mais non moins pertinente dans ce rapport à une sexualité froide, quasi désincarnée. Une accumulation de corps masculins nus prenant d’assaut une jeune femme se voit amenée dans une répétition sans âme et sans cœur, un cycle désillusionné où le parti pris visuel souligne de manière appuyée une forme d’automatisme où n’existent plus que des êtres sans visage et personnalité.
D’une ironie sournoise et jouant sur la provoc avec un délice non dissimulé, « Zola » joue au mal aimable fier de l’être pour mieux dévoiler une forme de grotesque continue, quasi coulante. Il est évident que le film de Janicza Bravo laissera des gens sur le côté par son approche particulièrement appuyée dans sa façon de se développer avec son esthétique unique. Pourtant, pareille tentative s’avère passionnante pour toute personne qui se laissera absorber par ce long-métrage jouant sur un aspect faussement creux pour mieux se déployer dans une acidité qui ronge sans discontinuer…