Compte rendu de la 6ème journée de la compétition officielle de Cannes : Insolence crasse et cynisme de bas étage étaient au programme de la sixième journée de compétition du Festival de Cannes 2017. D’un côté Michael Haneke venu briguer sa troisième Palme d’or avec « Happy End », de l’autre Yorgos Lanthimos pour sa deuxième fois en lice. Hong Sang-Soo relevait quant à lui le niveau de la compétition avec son quatrième film en course, intitulé « Le Jour d’après ».
Hormis Okja, 120 battements par minute et maintenant Le Jour d’après, la compétition du 70e Festival de Cannes manque cruellement de découvertes et de films forts. Pire : tous les cinéastes attendus jusqu’ici ou presque ont livré une oeuvre au mieux mineure (Zviaguintsev, Haynes, Baumbach…), le plus souvent dispensable (Mundruzco, Östlund, Haneke, Lanthimos…). Un bilan à mi-course inquiétant, qui on l’espère se bonifiera d’ici le clap final.
Avec un titre aussi second degré que ne l’était Funny Games, il ne faisait aucun doute qu’Happy End bouscule avec fracas et jouissence les petites certitudes des spectateurs. Prédateur des faux-semblants et de la vanité petite-bourgeoise, Michael Haneke se lance dans le portrait d’une famille européenne. Sous la forme d’un film-synthèse, le cinéaste autrichien remet en perspective une bonne partie de ses motifs. Manière une nouvelle fois pour lui d’asséner ses mises en garde sadiques dans un monde sclérosé et chaotique. L’évidence de ses précédents systèmes tombe certes sous le sens, mais vire à la formule pleine et creuse. C’est peu de dire qu’Happy End n’est pas aussi virtuose qu’escompté.
Pas plus conciliant avec les atrocités perpétuées en sourdine par le genre humain, Yorgos Lanthimos revient avec Mise à Mort du Cerf Sacré, deux ans après avoir présenté en compétition son film The Lobster, récompensé par le Prix du Jury. Dans cette nouvelle satire sociale sur le mode surréaliste totalement complaisante et vaine, l’on retrouve Colin Farrell, déjà présent au casting du cinéaste grec en 2016. Nicole Kidman, qui entame quant à elle une collaboration avec ce dernier, figure par ailleurs dans trois autres œuvres du 70e Festival de Cannes : How to Talk to Girls at Parties, Top of the Lake et Les Proies.
Rien n’arrête Hong Sang-soo, réalisateur sud-coréen dont la passion dévorante pour la Nouvelle Vague n’a d’égal que son insatiable productivité. À peine son On the Beach at Night Alone présenté à la Berlinale 2017 qu’il débarque en compétition du 70e Festival de Cannes avec Le Jour d’après. Sans compter qu’il présente également La Caméra de Claire en séance spéciale. On l’aura compris, même s’il y a éponymie entre ce nouveau film et le célèbre film catastrophe de Roland Emmerich, la comparaison s’arrête là. Le résultat est un vaudeville sensible et d’une intelligence stupéfiante, où la lâcheté de l’homme fuse avec une intensité toute rohmerienne.
Article par Pierre Bryant rédacteur a Cannes