Pays : États-unis
Année : 1972
Casting : Roddy McDowall, Don Murray, Ricardo Montalban
Les films de « La planète des singes » font partie intégrante des piliers de la science-fiction. En effet, les adaptations du roman de Pierre Boule ont pris des formes différentes qui leur ont donné à toutes si pas un statut de film parfait, un style qui les rend relativement passionnantes. Aujourd’hui, revenons sur l’un de ces épisodes : « La conquête de la planète des singes »

César, jeune singe ayant survécu au meurtre de ses parents, se retrouve confronté aux traitements inhumains subis par ses congénères. Il ne voit plus qu’une solution pour les libérer : la révolte.

Cela a déjà été dit et répété : la science-fiction a régulièrement servi de miroir reflétant à notre société ses travers et ce film ne fait guère exception. Commençons par son message pessimiste sur la nature humaine. En effet, dans le film précédent, le couple de singes arrivé du futur prévenait les Hommes de la catastrophe vers laquelle ils se dirigeaient de par leurs comportements et tentaient de les prévenir afin de l’éviter. Malgré cela, la situation dégénérait au point de transformer les singes en esclaves. Ici, il n’est guère étonnant que ceux-ci deviennent même des animaux de compagnie à part entière vu la disparition des chiens et des chats. L’Homme cherche absolument à asseoir son autorité et c’est ce qui le précipite à sa perte : cette sensation de supériorité que l’on retrouve tant chez de nombreuses personnes. Or, c’est par la haine et la soumission que se déclenche la fureur chez les soumis, entrainant les gens dans un cycle de violence infernale (comme le dira d’ailleurs un personnage) par la révolte.

Mais cette révolte prend une tournure prophétique et sociétale. Prophétique d’abord par la nature de César : enfant né d’un couple iconique pourchassé car promis de susciter la chute de l’espèce humaine, il prend une tournure quasiment religieuse. Rien que son nom le prédestine à un avenir belliqueux, glorieux mais rempli de violence. Mais plus encore, cette révolte rappelle de nombreuses manifestations autour du globe. Le film date de 1972, les événements de mai 68 restent encore frais et les États-Unis connaissent de multiples révoltes populaires, notamment autour de la guerre au Vietnam. On peut donc voir dans ces singes une réminiscence de ces gens qui hurlent leur colère dans la rue, de ces minorités opprimées qui, à force de se voir ignorées, se doivent de se montrer plus bruyantes et virulentes pour se faire entendre. Pas étonnant alors de constater que les rues seront mises à feu et à sang, rappelant le nombre toujours aussi fameux d’émeutes et leur aspect visuel (les confrontations contre les policiers notamment).

C’est donc dans un sentiment d’autodestruction réaliste que baigne cette « Conquête de la planète des singes », œuvre toujours aussi forte et moderne. Cela serait un avantage pour tout autre film mais ici, cela se ressent comme une crainte que nous suivions un chemin tout tracé vers notre disparition par nos (pas si) propres mains, dans la fureur populaire et la violence qui nous caractérise tant…


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