Année : 1951
Pays : Etats-Unis
Casting : James Stewart, Marlene Dietrich, Glynis Johns
Est-ce qu’un film peut être considéré comme divertissant s’il n’y a guère d’action ? Cette question peut sembler des plus stupides mais elle mérite d’être posée au vu des réactions devant certaines sorties. Il semble que l’on accepte certains blockbusters car ils présentent des explosions à tout va malgré leur scénario inepte et leur mise en scène vue et revue. De l’autre, on accuse d’autres œuvres d’anti spectaculaires car repoussant au maximum leur climax ou préférant jouer sur une tension psychologique. Le film du jour peut ainsi se classer dans cette catégorie.
Theodore Honey, un ingénieur excentrique, enquête sur le crash d’un avion Reindeer produit par sa compagnie. En chemin pour le lieu de l’accident, il se rend compte qu’il se trouve dans le même type d’appareil que celui ayant chuté…
Le film d’Henry Koster dégage une certaine douceur par rapport à ses personnages, en particulier son héros. Incarné par James Stewart, celui-ci est présenté comme particulier dans ses rapports humains. La tête dans les sciences, il se trompe constamment de maison et éduque sa fille par des jeux mathématiques. Mais c’est aussi un homme marqué par le décès de sa femme qui tente de sauver les autres en transformant son travail en sacerdoce.
James Stewart apporte à ce personnage un malaise social et une forme de candeur qui le rend directement attachant. Ainsi, on se raccroche à lui lorsqu’il essaie d’informer l’équipage de son vol des risques d’accident. Les interactions entre cet homme et les membres de l’avion dégagent une sincérité et une crainte de crash palpable. Il y a une pureté dans la déclaration d’Honey à cette actrice ou cette candide hôtesse de l’air.
Quant au suspense, il fonctionne à merveille en se permettant même de dévier du chemin du film catastrophe que l’on pouvait attendre. Nous ne révélerons guère comment mais cette tournure permet même de s’interroger sur les failles d’un homme qui suit aveuglément les mathématiques sans se soucier de facteurs extérieurs tel que l’humain, alors que ce sont nos émotions qui nous influent dans nos avancées. D’ailleurs, on peut qualifier ce film même d’humanisme, même dans son « action ».
Concernant l’édition dvd que nous fournit ESC Edition, on peut passer sur les quelques bonus (bande annonce originale, présentation par le directeur de programmation de la Cinémathèque Française Jean-François Rauger) pour se focaliser sur le travail remarquable de remasterisation effectué sur ce disque. Le film n’est disponible qu’en anglais sous-titré français, ce qui ne devrait pas poser problème à tous ceux voulant découvrir ce film « catastrophe » humain et divertissant dans un suspense crédible et attachant.