Année : 2017
Pays : Belgique
Casting : Peter Van der Begin,Soufiane Chilah, Jan Decleir, David Murgia
Peut-être est-ce par pur chauvinisme de par ma nationalité, mais le cinéma belge est de grande qualité. On peut y retrouver des réalisateurs aussi divers que talentueux et des œuvres touchant à tous les genres. Mais la Belgique est un pays qui est aussi scindé par deux cultures qui ont provoqué (et provoquent encore) quelques remous politiques. Alors quand le cinéma aborde de front ce thème, il faut s’attendre à une œuvre bouillante, ce qui est exactement le cas de ce « Dode hoek », « Angle mort » dans la langue de Molière.
Jan Verbeeck est le commissaire d’Anvers, avec de très bons résultats dans la lutte contre la drogue malgré des manières assez violentes. Il crée la stupeur quand il présente sa démission pour s’engager dans un parti d’extrême droite. Mais alors qu’il effectue sa dernière mission à Charleroi, tout va déraper…
Dès son apparition dos à la caméra, Peter Van Der Begin bouffe l’écran. Son personnage, Jan Verbeeck, est un monstre de charisme et de brutalité. Accusé de racisme, il montre son adjoint Dries comme une preuve de son ouverture. Mais ses préjugés, envers certaines communautés ou même cette ville de Charleroi, le poussent à agir avec radicalité. C’est une ordure, mais une ordure au charisme non négligeable, nous interrogeant en tant que spectateur sur nos motivations à le suivre.
Nabil Ben Yadir nous immerge dans un océan d’obscurité humaine, entre violence et racisme. Si l’on retrouve quelques touches d’humour (« Mais tu es dingue ? On est à Marchienne-au-pont ! »), celles-ci sont des bulles d’oxygène brèves avant de retourner dans cette intrigue sombre. De par sa mise en scène collant au plus près aux personnages, même dans l’action, Ben Yadir nous met face à leurs actes et à cette intrigue des plus actuelles au vu de certaines polémiques récentes. Quant à la scission idéologique que se font certains de la Wallonie et de la Flandre, elle est l’un des moteurs du récit, notamment lors des scènes aux alentours de Charleroi.
« Dode Hoek » est ainsi un thriller âpre dont on sort avec l’impression de s’être pris une bonne baffe cinématographique et l’envie de prendre une bonne douche pour tenter de se nettoyer de cette noirceur humaine à laquelle on vient de faire face…