Pays : Hong Kong
Année : 2004
Casting : Miriam Yeun, Bai ling, Tony Leung Ka-Fai, …
Genre : Drame, horreur
Quand l’horreur organique s’insère dans un drame grinçant sur la condition féminine…
Une ancienne star de la télévision fait appel à une cuisinière particulière pour tenter de retrouver sa beauté passée et raviver la flamme avec son mari.
Le cinéma d’horreur a toujours accordé une place prépondérante aux personnages féminins, quelles que soient les épreuves qu’ils traversent. On pourrait citer tant de noms, que ce soit Ellen Ripley faisant face au Xénomorphe et ses nombreuses lectures sexuelles ou Julia Ducournau et son exceptionnel « Grave ». Prendre le prisme de la vision masculine de la femme semble donc essentiel pour aborder notre film du jour tant les actions qui y sont au cœur sont symptomatiques d’une pression sociale imposée aux membres de la gent féminine : le besoin de rester jeune.
Nous sommes en effet dans une société imposant un certain diktat de beauté, obligeant toute personne à se conformer à une certaine image physique face à laquelle beaucoup culpabilisent. Néanmoins, ce sont les femmes qui sont le plus touchées face à cette obligation morale et corporelle, victimes de publicité vendant le corps de manière lisse, sexué et conforme à une certaine jeunesse. « Nouvelle cuisine » rappelle cela en montrant notamment le déni de Ching Li face à son passé télévisuel, souvenirs d’un âge où elle était encore considérée comme désirable. Le personnage de son mari rappelle une certaine forme de patriarcat qui, victime lui-même de cet impératif organique, pousse les femmes de son entourage à s’adapter à un fantasme physique ingénu.
Le contenu des raviolis concoctés par Tante Mei, sans en dévoiler la nature, rappelle alors ce rapprochement à l’enfance, à un stade de jeunesse éternelle tout en se raccrochant à une politique passée mentionnée à plusieurs reprises. Le fait de prendre Bai Ling pour incarner cette cuisinière s’avère dès lors passionnant, le réalisateur Fruit Chan utilisant son image dans les médias pour mieux souligner la facticité de la quête de juvénilité éternelle et mieux la retourner, notamment au détour de quelques scènes organiques à la crudité peu ragoûtante. Il en retourne donc une implication théorique qui touche aussi bien un passé sociétal national qu’une imposition morale permanente se retrouvant malheureusement encore de manière actuelle partout sur la planète.
« Nouvelle cuisine » est donc une œuvre dramatique fortement critique et profitant de sa nature d’horreur organique répulsive pour interroger le spectateur qui aura su s’accrocher à la nature graphique de certaines scènes.