Année :1966
Pays : Italie
Casting : Giacomo Rossi Stuart, Erika Blanc, Fabienne Dali
Quand on parle du cinéma de genre italien, trois noms reviennent constamment : Dario Argento, Lucio Fulci et Mario Bava. Si nous avons déjà abordé le premier avec « Suspiria » et que nous allons peut-être aborder le second dans quelques temps, nous allons aujourd’hui nous concentrer sur le troisième, un des piliers du cinéma d’horreur gothique avec « Opération Peur ».
Dans son titre original « Operazione Paura », le film suit le docteur Eswai, arrivé dans un petit village pour autopsier le corps d’une jeune femme mystérieusement décédée. Il devra alors faire face à une malédiction qui semble mener tous les habitants vers la mort…
Un cri, une mort. Avant même l’apparition du titre, Bava nous happe dans son horreur stylisée. Six ans après nous avoir offert avec « Le masque du démon » une œuvre de genre à la beauté intemporelle, il reprend ici ses mouvements de caméra élégants, si l’on excepte bien évidemment quelques zooms assez violents mais utilisés comme tels pour accentuer son atmosphère macabre.
La peur plane ainsi sur ce village, tout comme la brume à l’extérieur. Les habitants se cachent dans la superstition et en restent victimes, eux qui s’avéreront être d’une certaine manière responsables de leur malheur. Tous s’enferment ainsi dans ce qui constitue une boucle sans fin de malheur (telle celle dans laquelle va se retrouver Eswai lors du climax). La peur amorce la peur de manière cyclique, ce qui sonne encore malheureusement d’actualité.
Les apparitions de la fillette fantôme ont encore de quoi glacer le sang (CF ce plan sur ses poupées). Bava arrive à tirer de son film quelques scènes horrifiques de bon effet, notamment lors du cauchemar de Monica (amateurs de poupées, cachez vos yeux) ou encore ce décès d’une jeune femme doté d’une pointe d’érotisme par le biais d’une arme aux allures phalliques et des gémissements de la victime.
Mais, bien loin de n’être que traitées comme de simples jouets érotiques pour satisfaire l’appétit vulgaire de beaufs en chaleur (*tousse*Transformers*tousse*), les femmes sont représentées ici comme plus actives que les hommes. Alors qu’Eswai est souvent impuissant face aux agissements de la malédiction et que les autres hommes sont soit des pleutres, soit des victimes en attente, les femmes ici manipulent ou encore agissent activement mais sont bien loin de s’enfermer dans le même modèle de la simple demoiselle en détresse (bien que l’on pourrait décrire Monica de cette manière).
Ce serait faire preuve de mauvaise foi de ne pas reconnaître qu’ « Opération Peur » reste une œuvre de qualité, même plus de cinquante ans après sa sortie. Les curieux y trouveront une bonne initiation au cinéma de genre italien et une preuve qu’à une époque, la peur n’était pas issue de quelques sursauts faciles mais planait durant toute la durée de la projection…