Date de sortie : 18 juillet 2008 (Amérique du Nord), 13 août 2008 (France)
Réalisateur : Christopher Nolan
Acteurs principaux : Christian Bale, Heath Ledger, Aaron Eckhart, Maggie Gyllenhaal
Genre : Super-héros, action
Nationalité : Américain
Compositeurs : Hans Zimmer, James Newton Howard
Trois ans après un Batman Begins très réussi, la trilogie de Christopher Nolan atteint son apogée avec The Dark Knight, métaphore lourde de sens pour l’homme chauve-souris qui va lui-même remettre en cause sa légitimité face à la nouvelle menace qui pèse sur la ville. Toujours épaulé par Jim Gordon, Alfred et Lucius Fox, il trouve un nouvel allié en la personne du procureur Harvey Dent, interprété par Aaron Eckhart (The Pledge, Les Disparues, Le Dahlia Noir). Parvenant à démanteler les activités de mafieux comme Salvatore Maroni, il est présenté comme le chevalier blanc de Gotham City, à l’opposé de Batman qui, avec son statut de chevalier noir, ne peut combattre le crime qu’en étant masqué. Chaînon manquant entre les deux hommes pour sa relation avec Harvey et ses sentiments envers Bruce toujours présents, Rachel est cette fois-ci jouée par Maggie Gyllenhaal (Donnie Darko, Le Sourire de Mona Lisa, World Trade Center), Katie Holmes ayant dû lui laisser sa place à cause de son mariage avec Tom Cruise.
Une des premières scènes du film fait étrangement le lien avec le précédent, tandis que trois hommes déguisés en Batman tentent d’appréhender une rencontre entre l’Épouvantail et des gangsters. Si l’on peut douter de la réelle utilité d’un tel passage, il a au moins le mérite de commencer à questionner l’éthique de l’homme chauve-souris lorsque les imposteurs lui demandent de quel droit il se permet d’agir ainsi. C’est pourtant bien la séquence finale de Batman Begins qui annonçait le grand retour du Joker dans une introduction éclatante où chaque clown masqué tente de doubler les autres. Brillamment interprété par Heath Ledger (Les Frères Grimm, Le Secret de Brokeback Mountain), ce dernier se distingue fortement du gangster qu’incarnait Jack Nicholson en 1989 par son allure nonchalante, son faciès négligé, son imprévisibilité et l’intelligence redoutable avec laquelle il contrôle les rues de Gotham City.
Pour accentuer la descente aux enfers d’Harvey Dent et la contestation des agissements de Batman, Christopher Nolan s’est inspiré du comics The Killing Joke, dans lequel le Joker prétend que n’importe qui peut basculer dans la folie suivant de telles circonstances. L’idée qu’un défenseur compulsif comme Batman attire effectivement le crime remet alors en cause sa légitimité, lui-même déclarant Dent comme étant le plus fort d’entre eux, ce pourquoi le Joker s’en est pris à lui afin de le détruire tout en supprimant Rachel. Devenant ainsi un Double Face bien plus crédible et dangereux que l’était Tommy Lee Jones en 1995, sa rivalité avec Bruce Wayne pour le cœur de Rachel se transforme alors en rivalité pour l’épuration des rues de Gotham City. Sa présence en tant que procureur donne l’opportunité à Nolan de bien construire son personnage avant de le voir basculer dans la haine, symbolisée par sa face gauche à la chair apparente et à l’œil exorbitant, brillamment dévoilée après un hors champ de plus d’une minute.
Stoppé par Batman après avoir tenté de rendre les citoyens responsables de l’explosion de bateaux abritant des citoyens d’une part, des condamnés d’autre part, le Joker devait pourtant réapparaître dans le dernier film de la trilogie. De même, la métamorphose de Dent en Double-Face devait survenir lors d’un procès du Joker, le décès d’Heath Ledger six mois avant la sortie du film ayant contraint Nolan à modifier le scénario. Le final reste brillant tandis que Batman choisit d’endosser la responsabilité des meurtres commis par Harvey Dent afin de lui présager une réputation de héros aux yeux des habitants. Chant du cygne d’Heath Ledger et véritable tour de force pour Aaron Eckhart qui signe un Double Face terrifiant sur ses dernières minutes, The Dark Knight est un réussite à tous les niveaux, et un tel succès qu’il est le quatrième film de l’histoire à dépasser le milliard de dollars de recette. Avec un final aussi puissant, The Dark Knight Rises ne pouvait partir que sur les meilleures bases…