Date de sortie : 2020 (1h58)
Réalisateur : Francis Lee
Casting : Kate Winslet, Saoirse Ronan, Fiona Shaw, …
Genre : drame historique
Nationalité : Royaume-Uni
Synopsis : 1840. Mary Anning fut une paléontologue renommée mais vit aujourd’hui modestement avec sa mère sur la côte sud et sauvage de l’Angleterre. Mary glane des ammonites sur la plage et les vend à des touristes fortunés. L’un d’eux, en partance pour un voyage d’affaires, lui demande de prendre en pension son épouse convalescente, Charlotte. C’est le début d’une histoire d’amour passionnée qui défiera toutes les barrières sociales et changera leurs vies à jamais.
Critique : La romance historique se déploie avec une grâce certaine, que ce soit dans notre partie d’Europe avec « Portrait d’une jeune fille en feu » (dont on ne rappellera jamais assez la beauté) et ici de l’autre côté de la Manche avec cette « Ammonite », sortie en VOD. En ce sens, cette diffusion sur petit écran nuira peut-être à une expérience jouant de sa lenteur, nous faisant languir de sa romance par un rythme qui risque de déstabiliser une certaine audience. Il faut bien admettre que la première heure peut sembler un peu figée dans son époque, et ce malgré sa résonnance féministe qui transparaît dès son ouverture. Ce rejet de la femme se révèlera d’ailleurs un des points centraux du récit, prodiguant à celui-ci une amertume résolument moderne par l’invisibilisation constante de nombreuses femmes dans l’histoire et l’actualité.
Quand la deuxième partie amène à la concrétisation de cette relation, c’est comme si le film s’emballait, tel un cœur épris d’amour devant son élue. C’est à croire que la narration se met à respirer, à l’instar de nos deux héroïnes (dont les interprètes, Kate Winslet et Saoirse Ronan, se révèlent toujours aussi talentueuses). La beauté quasiment froide de la mise en scène de Francis Lee se reprend d’une chaleur, avant que les aléas des événements n’obligent à une redescente émotionnelle douloureuse, à l’instar d’une sortie de champ en plan fixe. C’est l’effervescence discrète mais néanmoins passionnée de certaines séquences qui rend la conclusion d’autant plus triste et tragique, telle toute romance ayant pu marquer les esprits brisés.
La comparaison avec le film de Céline Sciamma n’a donc pas lieu d’être tant, malgré le partage de quelques points en commun, le long-métrage de Francis Lee vogue sur d’autres flots. Alors laissez donc une chance à « Ammonite », jolie histoire d’amour, de femmes et de blessures intimes qui saura faire saigner les cœurs sensibles. Sa passion triste mais chargée a de quoi faire chavirer toute audience tout en profitant d’une belle esthétique et d’un fond des plus amers.