Réalisateur : Blandine Lenoir
Acteurs : Agnès Jaoui, Pascale Arbillot, Thibault de Montalembert
Genre : Comédie
Nationalité : Français
Distributeur : Diaphana Distribution
Date de sortie : 26 avril 2017
Durée : 1h29mn
Note 4/5

Aurore est séparée, elle vient de perdre son emploi et apprend qu’elle va être grand-mère. La société la pousse doucement vers la sortie, mais quand Aurore retrouve par hasard son amour de jeunesse, elle entre en résistance, refusant la casse à laquelle elle semble être destinée. Et si c’était maintenant qu’une nouvelle vie pouvait commencer

La société accorde sa clémence aux hommes « en voie de vieillissement ». Les femmes, la cinquantaine venue, se voient souvent rangées dans un placard tant affectif que professionnel. Voilà qui n’est pas nouveau et laisse augurer de bien peu d’originalité. Mais à défaut de pouvoir changer les mentalités face à cette injustice, Blandine Lenoir décide d’en extraire la « substantifique moelle » et choisit l’angle de l’hédonisme pour traiter ce sujet sociétal.

Quitte à devoir vivre seule avec ses rides et ses rondeurs, autant associer ses bouffées de chaleur à des bouffées de plaisir. Aurore, dont le prénom évoque le lever d’un jour nouveau, est prête à renouer avec sa jeunesse à travers celle de ses enfants et même à retomber amoureuse de celui qu’elle a connu à l’adolescence. Comme elle l’avait déjà fait avec Zouzou, son premier long-métrage, Blandine Lenoir porte un regard bienveillant sur les femmes et bien plus encore sur la solidarité qui les unit, toutes générations confondues.

Si le scénario est sans surprise, c’est pour laisser toute la place à une ribambelle de personnages tendres et drôles. Mano (Pascale Arbillot) dans le rôle de la bonne copine est d’un dynamisme décoiffant. Il est cependant dommage que quelques scènes exagérément revendicatives la transforment en pantin du féminisme et décrédibilisent son combat.

Il n’est sans doute pas nécessaire d’agresser verbalement un inconnu dans la rue pour affirmer sa féminité, au risque d’en faire à son tour une victime et d’obtenir l’inverse de l’effet escompté. On lui préfère la vivacité teintée de mélancolie d’Aurore. Entre la volonté farouche de poursuivre sa route malgré les obstacles et les doutes qui l’assaillent, Agnès Jaoui s’empare avec un naturel confondant de ce personnage attachant et crève littéralement l’écran.

Au gré de l’humeur de son personnage principal, la réalisatrice alterne instants cocasses (la discussion entre Aurore et Lucie,(Lou Roy-Lecollinet) sa fille cadette, sur la définition de la femme entre l’arrivée des règles et la ménopause vaut son pesant d’humour) et moments plus graves. Elle nous trimbale sans états d’âme du décor peu amène des locaux de Pôle Emploi et de sa conseillère ahurissante aux tons pastel du port de la Rochelle ou à la sérénité de ses rues aux maisons fleuries, miroir parfait de la douceur de vivre à laquelle Aurore aspire désormais.

Dans ce film essentiellement féminin, les hommes sont gentiment croqués, à l’image du sensible Totoche, incarné par un Thibault de Montalembert au romantisme fragile caché sous une barbe fournie, bien éloigné du patron autoritaire et charismatique de la désormais célèbre série télé Dix pour cent.

Si la fin n’est pas tout à fait celle que l’on espérait, cette évocation lumineuse et positive d’un épisode-charnière de la vie des femmes constitue un vrai beau morceau d’optimisme dont il serait dommage de se priver.

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