C’est l’un des films qui a secoué la Croisette, avec sa réalisatrice Houda Benyamina qui reçoit la Caméra d’or (récompensant le meilleur premier long-métrage, toutes sélections confondues) et qui y déclame un discours engagé et désordonné en faveur des femmes, mettant en valeur ce film choc, épais, poignant, avec de jeunes actrices s’illustrant avec brio dans un cocktail détonnant de fougue et de grâce.
Dounia, 15 ans, habite dans un camp de Roms et tente de vivre sa jeunesse avec son inséparable amie Maimouna au milieu d’un quartier populaire vivant au rythme de la Mosquée et du trafic de drogue. La jeune fille est prête à tout pour gagner sa dignité et amasser le maximum d’argent. Cette quête – peut-on la qualifier de spirituelle ? – se confronte à l’amour avec la rencontre d’un danseur écorché, à la famille, aux rencontres… bref à la vie.
Le pitch de départ peut se voir comme un énième film de banlieue. Un clin d’œil aux émeutes de 2005 qui n’est pas sans rappeler « La Haine », LA référence de Mathieu Kassowitz. Des jeunes filles qui tentent de survivre et de se construire dans l’âpreté des tours, comme dans le très bon « Bande de filles » de Céline Sciamma. Une relation amicale au milieu de la Cité qui rappelle aussi l’Esquive d’Abdellatif Kechiche qui avait raflé 4 prix aux Césars 2005. Ou plus récemment, le trop vite oublié « Qu’Allah bénisse la France » d’Abd Al Malik, narrant sa propre histoire d’un gamin tiraillé entre son quartier et une autre vie.
Mais « Divines », c’est à la fois tout ça, et bien plus que ça. C’est un film personnel, très riche, une œuvre cinématographique qui interpelle, qui pose des questions. Un tourbillon de problématiques et de réalités qui s’imbriquent et qui font tourner la tête du spectateur… L’arsenal est complet. Une réalisation soignée – avec une musique savamment choisie – avec de vraies nuances, un scénario dense, une narration maîtrisée, suffisamment d’éléments pour débattre autour des questions posées mais un point de vue qui ne juge jamais. Des héroïnes à vif, prêtes à dégoupiller à n’importe quel moment, mais qui se montrent aussi tellement drôles et sensibles que ça les rend terriblement attachantes. Ce trio d’actrices principales est aussi frais que talentueux. Jisca Kalvanda, qu’Houda Benyamina a repérée à 14 ans dans l’un de ses ateliers théâtre dans une MJC, incarne une chef de trafic terriblement dure (et qui lâche le déjà célèbre « T’as du clitoris ! ») mais qui va prendre sous son aile les deux autres pépites : Déborah Lukumuena, le facteur humour du film, une meilleure amie 100% fidèle et Oulaya Amamra, l’actrice principale, qui n’est autre que la petite sœur de la réalisatrice, mais dont la performance incroyable élude d’emblée la question de favoritisme au casting !
La coupe est pleine : il ne vous reste plus qu’à noter la date de sortie – le 31 août – et de vous réserver une soirée pour déguster ce film sans modération ! Vous ne le regretterez pas, foi de cinéphile !