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Marcel Duchamp

Marcel Duchamp
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Marcel Duchamp, du Nord de la France. Slameur et cinéphile éclectique qui peut alterner entre blockbusters, films d’auteur, films français, américains, petits films étrangers, classiques du cinéma. J’aime quand les films ont de la matière : matière à discussion, à interprétation, à observation, à réflexion… Quelques films que j’adore pour cerner un peu mes goûts : Matrix, Mommy, Timbuktu, la Cité de la Peur, Mission Cléopâtre, Enemy, Seven, Fight Club, Usual Suspect, Truman Show, Demain, Big fish, La Haine, La Vie est belle, Django, Rubber, Shutter Island...

My Sunshine : Le Mal peut-il ne pas exister ?

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Est-ce que dans la vie, il y a des méchants ?
Parce que dans les films, il en faut toujours.
On dit même parfois que c’est le super méchant qui fait le super film.
Ou au moins pour les films d’auteur, il faut un élément perturbateur, histoire d’assouvir le schéma quinaire.
My Sunshine, c’est plutôt comme l’excellent Patterson de Jim Jarmush : pendant longtemps c’est lumineux, limite kawaii, et c’est dans la toute dernière partie que le couac arrive.

Alors que le Mal aurait pu très bien ne pas arriver, ne pas exister… Même si ça fait un peu trop utopiste ?

Aimer sans arrière-pensée ?

Est-ce que l’on peut aimer purement ? Naïvement ? Sans arrière-pensée ?
Parce que ce coach, pourquoi est-il autant dédié à ce jeune élève qui était pourtant si peu doué au départ ?
Donner de son temps, de son énergie : c’est ça aimer ?
Est-ce parce qu’il se reconnait en lui ?
Parce qu’il voit en lui tout ce que lui n’est pas, n’a pas été ou n’est plus ?
Est-ce parce qu’il voit en lui cette pureté, pureté envers le patinage, ce sport pour filles ?
Pureté dans l’amour que Takuya peut ressentir pour Sakura, cette jeune fille qui vient d’arriver de Tokyo et qui a toute la technique et la rigueur nécessaires pour être la championne.

Mummy, je veux être la préférée !!!

La préférée ?
C’est ce que elle, elle veut ?
Après que sa copine lui ait fait la remarque que le prof il est trop beau, et qu’elle sent que le prof il aime bien entrainer Takuya, son esprit de compétition est encore plus titillé.
Il le gère pourtant bien le prof, par pureté ou par habileté quand il lui dit que si Takuya est aussi assidu c’est grâce à elle. Mais est-ce que ça sera suffisant… ?
C’est qui le Sunshine ?
C’est pour qui le Sunshine ?

L’amour pur, ne serait-ce pas celui du meilleur copain de Takuya qui applaudit le duo de champions ?
Juste parce qu’il trouve qu’ils sont touchés par la Grâce ?
Juste parce qu’il est content pour son copain ?
Sans arrière-pensée,
Sans égo qui le titille ?

Film haïku de foudre

La réciprocité dans la relation, cette synchronicité qui se retrouve dans la glisse sur la glace.
Et qui ne se retrouve pas à d’autres moments.
C’est par le patin que Takuya communique avec sa dulcinée.
Parce que les mots, quand ils pourraient venir, ils ne viennent pas… Foutu bégaiement !
Les non-dits d’une société japonaise
Qui dit sans dire,
Qui limite sans faire d’esclandre.
Ici, on n’assène pas : on pointille
Comme tous ces flocons de neige, cet hiver qui fige les plaisirs simples.
Mais qui laissera la place au printemps…

Film – haïku de foudre
Le printemps glisse sur l’hiver
La neige a fondu.

 

En fanfare : la maladie de l’Enfant-phare

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Le déterminisme est un ténor.
L’inné, l’acquis.
Il y a des enfants qui naissent sur les docks, et d’autres qui naissent en haut d’un phare.
Il y a des enfants destinés aux sombres lueurs de la Lune,
Et il y a les enfants-soleils.
Personne n’a rien demandé, on nait comme nait,
On est comme on est.

Tes gênes sont-ils gêgênes ?

Mais les gênes ne sont pas une invention : visiblement, l’oreille musicale, c’est de famille.
On a beau s’appeler Thibault ou Jimmy, c’est du pareil au même.
Et même si Thibault avait eu un prénom normal, disons Jordan, ça n’aurait rien changé.

L’enfant-phare a la chance de la naissance.
L’enfant-phare brille trop : on jalouse son aura.
Mais il doit quand même se les coltiner ces 15 heures de travail par jour pour exceller.
Ce n’est pas donné à tout le monde,
Ce n’est pas avec deux coups de cuillères à pot que l’on change de peau
Et que l’on devient premier trombone.
L’enfant-phare a la maladie de devoir réussir à tout prix.
Il a tout pour ça
Et rien comme excuse.

La maladie de la réussite

Pourtant, dans la vie, celui qui a raison, c’est celui qui est heureux.
Parce qu’on ne sait pas trop si la vie est plus belle à sillonner les orchestres du monde entier ou à encourager le Racing Club de Lens avec les copains et avec ferveur.

Les instruments de l’Enfant-Phare sonnent et résonnent en trop belle symphonie.
L’harmonie, ça agace, il est le miroir de nos propres fausses notes.
Pour lui, tout est facile.
Pour l’autre, pour nous, c’est au forceps que l’on avance sur la partition.

C’est dur, dur d’être Thibault

On ne va quand même pas le plaindre le Thibault !
Et pourquoi pas ?
L’intelligence, c’est la nuance…
Qui s’est déjà demandé si le Phare ne se sentait pas seul sur sa digue ?
Si ses heures de travail à supporter la pression des vagues et du vent ne le faisaient pas pencher, héros croulant sous l’érosion ?

Comme lorsqu’il avance dans la mer, tout habillé de ses oripeaux sociaux, loin de Jimmy…

L’Enfant-Phare dans la nuit…

Comment surmonter tout ça ?
Aller au-delà de la maladie de l’Enfant-Phare ?
Comment faire en sorte que les deux frères opposés se lient ?
Que le greffe opère ?
La musique adoucit les mœurs, c’est un langage universel, de la plus grande salle d’orchestre symphonique jusqu’au plus petit garage insonorisé aux boites d’œufs.

La musique est le meilleur des remèdes à toutes les maladies.
Même à celle de l’Enfant-Phare.

Diamant brut : une modèle au top

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Cast member Malou Khebizi poses during a photocall for the film "Diamant Brut" (Wild Diamond) in competition at the 77th Cannes Film Festival in Cannes, France, May 16, 2024. REUTERS/Clodagh Kilcoyne

Être influenceuse, c’est influer sur la vie des gens, être un modèle.
On a besoin de modèles, de pairs, de pères et de repères pour bien grandir.
Des héros, des héroïnes.

Diamant brut, c’est le portrait d’une héroïne, ou d’une anti-héroïne ?
Une ode aux modèles en forme de poupées Barbie russes.
La petite sœur qui prend sa grande sœur pour modèle, futur Little Miss Sunshine ?
Liane qui prend sa mère pour anti-modèle : non, tout mais pas ça, surtout ne pas devenir comme elle.
La conseillère de la mission locale qui essaie de lui montrer une voie-modèle.
Ses copines, à la fois ses semblables, jusqu’à un certain point. Car elle, elle veut plus. Elle veut étendre son monde jusqu’à Miami.

WELCOME TO MIAMI

Mais surtout, elle veut être aimée.
Être aimée plus.
Sûrement parce qu’en vrai, elle a été aimée moins ?

C’est quoi être aimée ?
Comme dit la directrice de casting (une « déesse » nous dit le film), tout le monde va t’adorer, adorer tes vidéos, ta personnalité.
Être aimée, c’est multiplier les followers.
Être vue, encore plus vue, encore plus de vues.
Être likée, encore plus de likes.
Être aimée plus, c’est être aimée par plus de gens.
Plus on parle de moi mieux c’est.
Être reconnue dans la rue.
Être aimée plus, c’est gagner de la maille.

ETRE AIMEE, C’EST CE QU’IL Y A DE PLUS BEAU

Être aimée, c’est pas forcément rencontrer cet ancien complice de foyer.
Qui pourtant semble l’aimer de la façon la plus simple et parfois maladroite.
Ce garçon qui lui a pour modèle son frère qui taffe dur pour faire tourner son circuit de karting.
Autre modèle, autres mœurs. Ne pas se faire entretenir, ne pas dépendre d’un mec, peut-être parce que son père à elle est tout sauf fiable.

Alors, pour être aimée, la fille qui rêve d’être top model se modèle.
Modelage pour être à la mode.
Faux ongles, faux cils, fausses mèches, faux seins, faux tatouage, bientôt fausses fesses.
C’est un vrai job, un travail de sculpture du fake sur sa propre personne.
Exigeant. Prenant.

Tout ça, ça va lui permettre de réaliser son rêve : faire de la télé¬-réalité.
Comme elle dit, « pour que tout le monde la voit telle qu’elle est vraiment ».
Elle accumule les faux pour être vraiment elle.
Réalité. Télé-réalité.

LA REALITE DANS LA TELE

Bergson parlait de moi individuel et de moi social. Mais pas Liane.
La réalité s’inverse.
Sois icône et tais-toi.
Tais-toi, mais ne sois pas toi.

On suit le parcours de cette anti-héroïne.
Elle est prête à tout pour gravir l’ascenseur social et briser le plafond de verre.
Est-ce que l’on vit ce parcours comme une ascension ?
Comme un parcours initiatique de quelqu’un qui part de rien, qui franchit des steps pour arriver au sommet ?
Des steps ? Quels steps ?
En vrai, ne vit-on pas le parcours d’une nana plutôt (très) paumée qui semble tourner en rond dans son marasme encrassé ?

LA RAISON A SES RAISONS QUE LA MORALE IGNORE

La fin semble apporter une réponse. Peut-être surprenante.
Elle a bien raison Liane, depuis le début.
Tout son travail sera récompensé.
Elle deviendra le modèle de millions de followers, de téléspectateurs, de petites filles.
D’une génération ?
Et cette petite histoire en générera plein d’autres.
Plein plein d’autres.
A la force du fake, elle deviendra une modèle au top.

The Substance : la surfemme comme éloge de la médiocrité ?

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« Avez-vous déjà rêvé d’être une meilleure version de vous-même ? »
Le film nous interroge ainsi, mais la vraie question pourrait plutôt être :

« Seriez-vous heureux.euse de rencontrer la meilleure version de vous-même ? »
Demi Moore a rencontré son autre demi… Et je ne suis pas sûr qu’elle soit super emballée !
Imagine, tu es toi, dans toute ta médiocrité : le temps qui passe, les possibilités de perfection qui s’affaissent, les ambitions au passé, les rides en bourrelets.
Les gens qui parlent de toi à l’imparfait.
Si l’imparfait est un temps du passé, ce n’est sûrement pas un hasard.
Et dans toutes tes imperfections, tu rencontres ton autre toi, mais en version parfaite.

Tu penses que ça matcherait ?

L’imparfait, temps du passé…

Après tout, qui se ressemble s’assemble.
« A l’intérieur, vous n’êtes tous les deux qu’une seule et même personne. »
La version plus parfaite est-elle une version plus sympathique ? Au regard du film, permettez-moi d’en douter…
Ou alors, il faudrait s’interroger sur ce qu’est être « meilleur », une « meilleure version de soi-même ».
Dans The Substance, on va parler encore et encore du corps.
La meilleure version de soi-même, c’est le corps jeune, le corps normé, le corps exhibé.
Le corps de la femme. Exposé à saturation, comme pour le rendre banal voire repoussant.
Tous les culs sont permis.
Injonction sociale du mangeur de crevettes qui exige d’elles tout ce que lui ne s’exige pas à lui-même.

En parler encore et en corps…

Le vrai problème entre les deux héroïnes, c’est leur absence de sororité. Elles sont censées être une, mais elles ne sont jamais en accord. D’un autre côté, elles ne sont jamais ensemble en même temps, métaphore ?
S’entendre avec une autre version de soi-même, ça pourrait être ça une définition de la sororité ? S’entraider quoiqu’il advienne ?
Une meilleure version de soi-même, ça pourrait-être une version de soi-même plus ouverte à l’autre, plus à même d’être dans l’entraide, l’échange, le partage ?
Plutôt que de tirer toute la couverture du temps à soi, quitte à empiéter sur l’autre ? N’est-ce pas, Sue ?

La surfemme

Dans les réponses du film, la meilleure version de soi-même, c’est la version qui se libère des conventions et des dogmes sociaux, celle qui ose être elle-même, même face aux regards de la société.
Notre meilleure version de nous-mêmes, c’est Monstro Elisasue.
Avec ce Barbie gore et bien plus que ça, Coralie Fargeat invente le concept de surfemme, à la manière de Nietzche.
« Dieu est mort. » disait l’Allemand.
La réalisatrice française prend sa Revenge sur la life et ose un « La Déesse est morte ».

Laissons le monstre qui est en nous sortir.
Quittons Gattaca.
Un monstre qui ne se montre pas sous son « beau » jour, qui ne s’exhibe pas dans sa superficialité. Se montrer tel que nous sommes.

Eloge de la médiocrité

Osons nos imperfections, idolâtrons notre médiocrité.
C’est cette version de nous-même qui sera la plus belle pour véritablement rencontrer l’autre.
Nettoyons notre shining ambition de finir sur Sunset Boulevard.

The Substance est un film où ça parle peu mais qui a beaucoup de … substance !
Un film pas bavard qui dit tellement de choses avec ses images, ne serait-ce pas la définition du cinéma ?

Ecouter le Flow des autres pour ne plus avoir peur de l’eau !

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Flow De : Gints Zilbalodis Production : Dream Well Studio/Sacrebleu Productions/Take Five Productions Sortie salles : 30 octobre 2024

Et si en regardant l’autre, on arrivait à se mettre à sa place ?
Du genre entrer en empathie ?
Il faudrait peut-être commencer par savoir se regarder soi-même dans son petit miroir.
Pour connaitre ses besoins, apprendre à gérer ses émotions, à se connaitre.

Mais parfois, ce miroir est cassé.
Cassé de naissance, cassé par la vie, cassé par la société qui déborde de partout.
Le raz-de-marée, avec ces monstres préhistoriques de notre passé, de ceux qui agitent les eaux et noient notre présent.

A moins que ça ne soit une baleine ?

Mon passé est une baleine.

Et si on arrivait à communiquer les uns avec les autres ?
Pour atteindre les cimes de cette tour de Babel.
Si cet animé est intégralement sans dialogue, c’est peut-être pour dire que pour mieux se comprendre, il faut savoir se taire.
Pour mieux écouter l’autre,

Pour mieux comprendre entre les lignes du non verbal,
Prendre le temps d’entrer dans les nuances et les subtilités,
Pour que les paradoxes prennent sens.
Comme quand les chiens prennent le pouvoir en se retrouvant en majorité et en changeant l’équilibre du groupe, causant la volonté de départ chez le héron.
Un seul hêtre rentre dans la forêt et tout se reboise autrement…
En vrai, il y a des dialogues. Ca piaule, ça aboie, ça piopiote, ça glousse. Et dans toute cette cacophonie, on fait comment pour se comprendre ?

Orchestre cacophonique.

Parce que toutes ces petites disputes, toutes ces prises de bec deviennent parfois futiles quand une plus grande menace survient.
Quand un drame se produit, l’équilibre entre les proches autour prend soudain une autre dimension.
On se retrouve toutes et tous dans le même bateau,
Les problèmes qui étaient importants avant se transforment en « C’est pas grave ! ».
Et on se rend compte qu’en faire une Arche de Noë est tout simplement vital.

Le Moby Dick

Il y a ce passé – monstre préhistorique,
Ce Moby Dick qui fait peur sans que l’on ne sache qui il est vraiment, comment un Voldemort dont on tait le nom,
Et ce passé permet aussi parfois de remonter à la surface,
On se rend même compte que ce méchant a aussi ses blessures et qu’il peut aussi nager vers l’espoir d’un soleil qui se lève…
Parce qu’au final, peut-être que cette montée des eaux n’est qu’une chance pour s’envoler ?
Et si on la chérit, peut-être que Dame Nature sera la sauveuse, aux antipodes des spores-tueurs du Phénomènes de Shymalayan.
Revenir à notre instinct primaire, à notre connexion aux autres, à l’espace nu dans lequel on habite.
Et alors peut-être, le développement personnel mènera au développement collectif,
Et nous arriverons alors à nous regarder, ensemble, dans le miroir
Un miroir naturel
En forme de lac apaisé
Calme après le tsunami.

Anora : Call me by my name

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Cast members Mikey Madison, Yuriy Borisov and Mark Eydelshteyn pose during a photocall for the film "Anora" in competition at the 77th Cannes Film Festival in Cannes, France, May 22, 2024. REUTERS/Sarah Meyssonnier

Certains ont rebaptisé ce film « La Palme d’or ».
On ne parle plus de « Anora », on parle de son titre de noblesse.
Pour certains, c’est le gage d’un génie reconnu. Pour d’autres, c’est forcément pédant et surtout usurpé.
Et si on regardait ce film pour ce qu’il était et non pour l’image que l’on s’en fait ?

Car la vie est une histoire de choix, on le sait bien.
Il y en a même qui choisissent de se reprénommer.
Ne l’appelez pas Anora, appelez-la Ani.
Ne l’appelez pas Yvan, appelez-le Vanya.
Ani, c’est plus court, c’est plus raccourci. C’est moins riche, moins cortiqué, moins complexe.

C’est à quel moi qu’tu parles ?

Vanya, c’est Yvan qui cherche le sens, qui se met à l’envers (et contre tous). C’est dérangé, en bazar. Comme sa maison les lendemains de fête.
Il est en pleine quêquête d’identité.
Et si le but de la vie est de trouver qui on est, ce long-métrage met le focus sur une courte période où ces deux personnages vont partir vers un autre je, comme on agite ses doigts sur une manette de jeux vidéo. Aimer, ce n’est pas se regarder l’un l’autre, c’est regarder ensemble vers l’écran de Call of duty.

Trop, c’est assez ?

C’est l’histoire d’un Russe qui vit un peu le rêve américain. Une société de tous les excès, de tous les abus. Dollars, drogues et lap dances.
C’est un jeu où tout le monde joue son rôle, une farce gigantesque.
On rit car finalement, tout ça n’est pas très sérieux.
Comme si chaque personnage savait que le Vrai monde, ce n’était pas ça.
Mais c’est plus simple de prendre des shots de pilules bleus plutôt que d’accepter un Morphéus qui nous ouvre les yeux.

Ani semble aimer Vanya sincèrement, au-delà du strass et des paillettes. Même si tout ça doit bien lui tourner la tête, comme prise à son propre piège dans ce manège des billets qui s’amoncellent.
A moins que toute cette énergie ne soit due à tout ce rejet qu’elle a de sa vie. Elle déteste tellement son quotidien de d’habitude qu’elle s’abandonne complètement à l’instant dans ce monde-échappatoire.
S’échapper ailleurs, avec un autre patronyme, comme ces artistes qui s’inventent des blazes pour s’enfuir loin d’eux-mêmes qu’ils n’aiment pas.

Fils de

Pour Vanya, on peut aussi débattre sur l’ambivalence. L’acteur joue si bien le côté tête à claque mais quand même attachant. Je croyais en sa sincérité, mais c’est sûrement mon côté fleur bleue. On peut se dire aussi qu’il aimait cette fille sur lequel il peut exercer son pouvoir.
Son pouvoir de fils de.
Car s’il change son prénom, il ne change pas son nom.
Il est un nom. Un nom que l’on peut googler.
Et même quand il avance avec son autre prénom, son nom le rappelle à la raison du plus fort.
Yvan deviendra sûrement aussi cynique que son daron.

A l’opposé du clinquant, du devant de la scène, il y a les personnages secondaires.
Les sous-fifres, les invisibles.
Par exemple, il y a Igor.
Et lui, il s’appelle toujours Igor. Même si la jeune fille si séduisante n’aime pas ce prénom.
Tout au long de cette cavalcade effrénée, il reste fidèle à sa ligne de conduite, à son je.
Même quand il se fait mordre, même quand ça ne se fait pas de dire que le p’tit con devrait s’excuser.
Il est comme ça Igor, il ne se prend pas pour un autre.
Et lui, il aime Anora, sincèrement. Pour ce qu’elle est.
Igor aime Anora.
Pas Ani.

L’Amouf ouf : Bien, c’est pas assez ?

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L’Amour ouf, c’est celui entre Jackie et Clotaire ?

Et si on se disait plutôt que l’Amour ouf, c’est celui que ressent Jeffrey pour Jackie ?

C’est plus ambigu, plus ambivalent : c’est beaucoup plus intéressant !

Il est dingue ce Vincent Lacoste dans la cabine téléphonique, ce vestige d’un autre temps.

Clairement et définitivement, il dépasse les bornes du tolérable, de la bienséance, du respect, etc etc.

Bien, c’est pas assez, c’est peut-être aussi ce que s’est dit Gilles Lellouche : tant qu’à réaliser un Amour ouf, il en faut plus, et plus encore.

Si Clotaire est le fruit d’une société qui le méprise, s’il est la conséquence violente à tant de conséquences contaminantes, peut-on avoir ce même genre de raisonnements pour Jeffrey même s’il n’est pas le héros de cette histoire ? Et si on se mettait à sa place ?

Bienvenue dans un article spin-off !

C’est quoi l’Amour ? Enième film qui apporte sa petite brique sur cette Tour qui ne s’en finira jamais de toucher les cimes du ciel.

Jeffrey rencontre Jackie, on peut se dire qu’il a le coup de foudre.

Il la voit dans le besoin sous la pluie, il lui court après, en voiture et à pied, il l’abrite sous sa veste.

C’est un golden boy, son taf doit être particulièrement important pour lui, mais ce qu’il ressent pour cette employée est au-dessus de tout ça.

Ils s’unissent, il lui offre strass et paillettes, c’est son mode de vie, son mood de pensées, son mode de fonctionnement.

Jackie semble contente, elle semble adhérer : c’est quand même super bien tout ça.

Mais bien, c’est pas assez ?

Est-ce qu’il le sent au fond de lui ce Beau Gosse de Jeffrey que le cœur de sa dulcinée n’est pas totalement là ?

Ce cœur qui bat dans ce chewing gum collé sur le mur de son adolescence, de son autre vie, de son autre elle, de son vrai elle.

Si au début de leur histoire, il a senti sa princesse tracassée, il s’est sûrement dit en bon prince charmant qu’il allait la sauver à la pointe de sa paye en la faisant grimper sur son rutilent destrier décapotable.

C’est bien ou c’est pas bien ? C’est ça l’Amour ou pas ?

Est-ce qu’il l’aime ? Sincèrement ? Purement ?

Quand il sent que l’amour de Jackie pour Clotaire était en prison et qu’il est désormais libéré, il fait semblant de ne pas comprendre.

Déni. Mais l’important c’est pas la chute…

Et ça, ça lui fout la Haine !

La faute à qui ?

Et elle dans tout ça ?

Il l’aime très fort, elle l’aime bien, tout au plus.

Pourquoi ne lui a-t-elle jamais parlé de son amour de jeunesse ? Son bandit de grand chemin qui a partagé le sien. Mensonge par omission.

Ca va aller, ça va aller, il est bien ce Jeffrey : il a tout pour lui faire oublier.

Le mec parfait… Un parfait caillou pour surfer sur l’océan de la vie : un mec qui ricoche toutes les cases !

Il l’aime de ouf, à sa façon.

Tout offrir à l’autre, tout donner, cultiver son soi parfait.

Tellement sincère par rapport à son mode de fonctionnement.

Même si on peut se demander s’il ne l’aime pas ainsi pour rattraper son manque d’amour pour lui-même.

Sur le coup de fil du rasoir

Et puis il y a ce coup de téléphone.

Ce coup, ces coups, à force d’avoir le cœur secoué…

Tout ce que Jeffrey lui offrait, c’était bien, mais ça n’était pas assez.

Ou ce n’était juste pas ça, pas ce qu’il fallait.

Ils s’étaient trompés, tous les deux,

Sur ce chemin tortueux qu’est l’Amour.

Joker 2 : le droit de réponse d’Harley Queen !

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Cher Marcel,

C’est facile de tout mettre sur mon dos, moi Harley Quinzel. Comme si j’étais une perverse narcissique et que toute cette folie du Joker était de ma faute. Je ne suis qu’une parmi tant d’autres. »

C’est par ces mots que pourraient commencer le droit de réponse d’Harley Queen à mon article de la semaine dernière.

Un film qui reste en tête, c’est sûrement l’une des définitions d’un bon film, non ?

Et une suite qui a sa propre identité et qui permet surtout d’avoir une nouvelle relecture du 1er opus, c’est sûrement l’une des définitions d’une bonne suite, non ?

« Folie à deux »

« Folie à deux », ça nous dit quoi sur ce « Joker » ?

C’est l’histoire d’Arthur qui est rejeté par la société et qui a du mal à y trouver sa place. Et qui finit par devenir quelqu’un en cédant aux injonctions de cette société. Les manifestants, le présentateur du talk show, les flics, et puis cette Harley Queen.

On peut dire que cette dernière est peu développée : c’est peut-être parce qu’elle incarne beaucoup plus qu’un simple personnage.

Le Joker est un personnage créé par celles et ceux qui s’insurgent contre cette société et qui ont enfin une tête d’affiche à suivre.

Si le Joker existe, tout devient possible.

La Grosse Pomme pourrie de Gotham

Puisque la Grosse Pomme de Gotham est gangrénée par tout ce que l’on voit de pourri dans le premier film, se dire qu’on y a introduit le ver devient salvateur. Un ver purificateur dans une pomme qui se désagrège.

Le Joker, une icône. Comme un Dieu nemesis.

Il n’y a pas de Batman, pas besoin : le héros, c’est lui.

Ca fait quand même beaucoup pour un seul homme, surtout quand ce dernier n’a pas vraiment la carrure, c’est-à-dire la solidité mentale pour devenir la rock star de la révolution sociale.

Pas étonnant qu’il finisse par se désister.

Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités, mais face aux grandes responsabilités, si on ne se sent pas assez solide, on finit par fuir.

C’est peut-être pour ça finalement qu’il y a tant de spectateurs qui n’aiment pas ce film : il n’est pas assez Joker. Logique : on en arrive à la conclusion qu’il n’y a pas de Joker.

Je joue mon Joker !

Ou alors, il y a une foultitude de jokers, et là, ça devient beaucoup plus intéressant. Monsieur Fleck a-t-il permis à toutes et à tous d’avoir un modèle à suivre. « Folie à deux », ça veut dire avoir le même symptôme…

Est-ce que Harley ne cherche pas à le côtoyer de près pour acquérir cette force de basculer du côté obscur de la Force ? Histoire de transformer sa batte de baseball en sabre laser !

Et si Joachin Phoenix chante plutôt mal, c’est normal : Arthur est un looser. Un mec pas drôle qui fait des blagues pas drôles, doublé d’un piètre chanteur.

Mais quand il chante, il s’invente tout un monde dans sa tête, et dans ce monde-là, la vie est bien plus colorée : la tragédie de la vie terne peut devenir une comédie musicale.

« Cher Marcel,

C’est pour toutes ces raisons qu’il est injuste de me faire porter le chapeau de la démence d’Arthur. Toute la société essaie de le manipuler, de le faire devenir quelqu’un d’autre que lui. On a tous besoin d’une idole, d’une icône au service de plus grandes causes. J’ai longtemps cru que Monsieur Fleck serait celui-là… »

Harley Quinn est-elle une perverse narcissique ?

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C’est l’histoire d’un pauvre gars, Arthur, qui a eu une enfance et une suite de vie compliquées. Humilié, chahuté, détesté : on a suivi son parcours dans le Joker, premier opus.

Descente aux enfers d’un sociopathe qui devient tueur à plusieurs victimes ?

Ou ascension d’un Héros, personnage charismatique qui s’érige contre la société à la con…currence ?

Celui qui rit à mauvais escient et qui fait des blagues pas drôles a (eu) son heure de gloire. Acclamé par tous les rejetés – et Dieu sait qu’il y en a tellement – enfin, il reçoit ce qui lui a toujours tant manqué.

Et dans cet univers tout sauf manichéen, il croise la route d’Harley.

Harley, coeur à vif

La musique adoucit les mœurs et la voix de la sirène charme notre naufragé égaré dès la première note.

Notre Arthur qui a eu si longtemps peur de son ombre se rend compte qu’en Joker, il est vraiment un mec trop cool. Sa schizophrénie s’émoustille et il peut laisser sa personnalité chantante prendre son contrôle.

Dans l’un des premiers musicals du film, on l’entend dire « je suis enfin tombé sur quelqu’un qui a besoin de moi ».

Ca le galvanise, le Joker se colorise et il s’imagine tant de choses. La belle se retrouve même dans sa cellule pour une partie de batte en l’air.

Finalement, on n’en sait peu sur cette Queen zélée. La reine avance masquée, elle ne se livre que très peu : elle montre juste à quel point elle est une groupie de ce Disaster Artist (allez voir ce film !).

The Disaster Artist

On en sait peu, et en même temps on connait cette histoire du point de vue subjectif d’Arthur…

On voit tous ces plans cinématographiques d’enfermement, là où Quinzel représente la porte vers la liberté.

Est-ce lui qui s’invente cette idylle, qui se fait une montagne (cette fameuse montagne…) des quelques petites marques d’intérêt que la Lady lui accorde ?

Est-ce elle qui se montre habile manipulatrice ? Une paumée bien plus structurée que lui et qui se donne du piment dans sa vie sans saveur en s’acoquinant de la vedette du moment ?

Le Joker ne sait plus à qui se vouer, lui qui avoue même avoir étouffé sa mère. Son avocate est-elle une alliée, ou fait-elle partie de cette terrible mascarade que la société a érigé contre lui ?

Qui est-il, entre celui qui doit répondre aux attentes de cette société qui ne lui accorde aucun rôle et celui qui a pris son destin et son flingue en main ?

Le Pantin d’Arlequin ?

Le Joker n’est-il que le pantin de son ombre ?

Harley n’est-elle que la projection de l’ombre d’Arthur ?

La marteau du maillet vient chercher la marionnette en joujou du moment. Elle le saccagera pour mieux lui dire que c’est trop tard, qu’elle est déjà passée à autre chose, dans cet escalier de la vie qui est plus ou moins pénible à gravir, en fonction des différentes chansons que l’on se met en tête ?

Et quand Arthur semble enfin prendre le contrôle sur sa vie en assumant les conséquences de ses actes, le destin reprend bien vite la main. La fête est finie.

Mais on le sait bien : le Joker, c’est lui, c’est l’autre, c’est moi, c’est toi : ça peut être n’importe qui…

Quand on s’invente un masque, le jour où on le retire, ça fait mal. A moins que ça ne soit l’inverse : c’est peut-être en Arthur que le Joker n’est plus lui-même…

Le Joker, c’est les autres, c’est eux qui l’ont créé.

Mais alors, l’Enfer, c’est qui ?

C’est elle, la belle Harley qui le pousse à l’être, pour son plaisir à elle. Il doit nourrir ses études en psychologie. Beau cas d’étude pour cette égocentrée qui cherche juste à s’amuser, plaisir narcissique dénoué d’empathie. Peu importe les conséquences chez son clown de victime : Harley Quinn est un vampire.

Ou alors, c’est lui qui s’invente tout ça, la Queen est une réalité fantasmée, comme toutes ces chansons qui tournent dans sa tête. Il est son propre bourreau, rattrapé par cette folie à deux entre son ombre et lui et qui fait de sa vie une tragédie musicale.

 

Dans le labyrinthe de Tim Burton

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On l’annonce d’emblée : cet article sera un beau bazar. Comme ce film.

Parce que ça ne doit pas être simple d’être dans la tête (et dans le cœur) de Tim Burton.

Il nous laisse entrer dans son labyrinthe, c’est sympa, mais le monsieur n’est pas du genre à ranger sa maison lorsqu’il a des invités.

Mais notre hôte a de l’humour. Et ça, c’est le principal.

Le rire, c’est universel, ça passe partout.

Rire, c’est la vie. Et même la mort peut être une comédie : sacrée philosophie.

Parce que…

La vie est un magasin de farces et attrapes.

La mort est un magasin de farces et attrapes.

La vie, la mort, c’est un peu comme si Halloween durait toute l’année : on se côtoie entre morts-vivants et fantômes revenants, entre zombies pas encore trop livides et momies pas encore bandelettées.

Comme un carnaval où tout le monde se côtoie, peu importe les mondes.

Tout le monde est déguisé, tout est un peu factice.

Burton, cinéaste de la réaimagination…

Comme il a peur de perdre des gens, il les dézingue facilement ?

Comme il a peur que les gens meurent, il fait côtoyer le monde d’ici et celui de l’au-delà ?

Résultat des courses : personne n’est assez important pour pouvoir se prendre au sérieux. Peu importe quel personnage on est, personne n’est à l’abri de tomber dans une trappe.

C’est une bonne raison pour ne pas s’attacher.

Surtout, ne pas s’attacher…

Belluci, l’égérie éternelle, qui entre dans cet univers à la Famille Adams en autokit agrafable et qui pourrait ressembler à un boss de fin dans un jeu vidéo.

Comment faire pour garder le père Deetz dans la saga, avec un acteur rattrapé par la justice ? Il suffit d’en faire un personnage sans tête, clin d’œil plein de malice.

Chez Tim Burton, tout part du visuel. Le dessin.

De la forme. Certains diront (beaucoup sur une certaine période de sa filmo) la forme au détriment du fond. Pour que les créatures prennent vie, il suffit parfois de tuer le scénario.

Après tout, la vie n’a pas de scénario.

Après tout, la mort n’a pas de scénario.

RIP the RIP

Le dessin qui se répète, qui se caricature.

Ou alors, une Œuvre qui se spirale en affinant son fil d’Ariane ?

Comme une pelote de laine qui se réinvente sans cesse sur le spectre de son passé.

Le cinéma de la ré-imagination.

La vie, c’est sûrement de toujours se réinventer, se réimaginer ?

Vivant ou mort le Tim Burton ? Il revient d’outre-tombe pour ce comeback gothique pop !

On se perd dans ce dédale aux dalles blanches et noires, entre les darks shadows et les lapins blancs. On plonge dans l’univers foutraque gothique de Beetlejuice comme Alice tombant dans le terrier.

Un sort ou la vie ? Pourquoi choisir ?

Dans ce carnaval des morts, on imagine Tim Burton dans chacun de ses personnages. On peut voir un peu de chacun de ses films dans telle ou telle image ou situation.

Il est comme Beetlejuice, il revient des enfers à la vie pour s’amuser, pour nous amuser.

La vie est une comédie.

La mort est une comédie.

Et si on se perd dans ce labyrinthe, on est bien content d’y rester… Parce qu’on y rigole bien !