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Marcel Duchamp

Marcel Duchamp
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Marcel Duchamp, du Nord de la France. Slameur et cinéphile éclectique qui peut alterner entre blockbusters, films d’auteur, films français, américains, petits films étrangers, classiques du cinéma. J’aime quand les films ont de la matière : matière à discussion, à interprétation, à observation, à réflexion… Quelques films que j’adore pour cerner un peu mes goûts : Matrix, Mommy, Timbuktu, la Cité de la Peur, Mission Cléopâtre, Enemy, Seven, Fight Club, Usual Suspect, Truman Show, Demain, Big fish, La Haine, La Vie est belle, Django, Rubber, Shutter Island...

Sirat : Casser le narratif

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On aime bien quand les films ressemblent à nos vies.

Quand ça nous parle,

Quand on peut s’identifier.

 

On aime bien quand les films racontent quelque chose,

Que l’on suit l’intrigue,

Que la story est tellée avec cliff hangers et autres tips éculés.

Ca veut dire que dans nos vies, il y a un fil rouge ?

Une histoire, avec un début et une fin autre que notre naissance et notre mort ?

La vie est un road movie…

 

Une leçon de cinéma

Au ciné, pour attirer du public, il faut une intrigue, un pitch vendeur.

Genre un père qui part avec son jeune fils dans le désert marocain pour retrouver sa fille disparue dans une rave party, ça a de l’allure quand même.

Si la vie est un scénario, il arrive toujours à nous surprendre.

Peut-être pas autant que celui de ce film !

Un torrent qui s’écoule, linéaire, un chemin de passage…

Comme ce sirat = ce pont qui relie le paradis et l’enfer.

Dans quel sens ?

Un torrent qui s’enroule, spiralaire, un cycle infini…

Comme ces enceintes en forme de soleil ? Ou de ces (spoilers)… invisibles…

 

Shit codes

Il y a la narration, il y a les codes.

Et il y a le chaos, la destruction.

Qui libère. Qui retire le frein à main.

A l’intérieur.

Comme dans ces films auteurisants,

Où il y a des concepts,

De la métaphysique,

De l’allégorie.

Et pas de spectateurs.

Mais même un moignon peut devenir une marionnette.

 

Furiosa

Sirat se propose d’être ce pont

Entre une forme qui donne à manger des images sublimes à la saveur immédiate

Et un fond multicouches dont le goût reste en bouche pour toute la vie.

Un film intemporel

Futur, pré, post, uchronique

Comme un Fury Road réaliste.

 

Au rythme d’une musique techno

Technique pour immerger d’emblée la salle obscure

Pour accélérer, pour rompre, pour entrer en transe

Et même si on n’entend rien, on sait que la vie, c’est pas fait pour écouter, c’est fait pour danser.

 

Play list

Une fin – feu d’artifice

On retire l’artificiel,

Comme un pitch Mc Guffin,

Casser le narratif,

Garder le sensoriel,

Introduire le viscéral,

Vie – scélérate

 

Un cinéma sur une ligne

Fine comme un cheveu

Aiguisée comme une lame de rasoir.

Pour que le spectateur ressorte de cette expérience

Marqué.

Partir un jour dans un autre multivers

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« Des fois, je me demande ce que serait ma vie si j’avais fait d’autres choix. En fait, je pense que je me demanderais ce que serait ma vie si j’avais fait d’autres choix. »

Partir un jour, c’est Juliette Armanet, aka Cécile la super-héroïne, qui accède, le temps d’une parenthèse, le temps de quelques scènes à un autre multivers.

Mais ici, pas besoin de Docteur Strange pour passer d’un monde à un autre. La réalité de la vie s’en charge toute seule. Il suffit d’un troisième infarctus du paternelle pour que notre grande cheffe change d’espace/temps.

Et puis dans l’existence, qu’est-ce qui compte le plus :

Construire une vie qui file et peut nous filer entre les doigts ?

Ou se construire soi pour ne pas subir ce torrent au courant pas du tout tranquille ?

Docteur Strange vs The Real Life

Des fois, elle se demande ce qu’aurait été sa vie si elle était restée dans son village d’enfance au lieu d’aller gagner Top Chef et d’ouvrir son restaurant gastronomique dans la capitale ?

Quelle aurait été sa vie si Raph l’avait embrassée à la patinoire ?

(Quelle merveilleuse scène de cinéma !)

Est-ce qu’elle aurait été plus heureuse ou moins heureuse ?

Dans la réalité, un jour, elle est partie…

Sans se retourner, sans rien regretter ?

Des fois, on aimerait bien vivre plusieurs vies en même temps,

Côtoyer simultanément (au moins) deux multivers.

Le temps d’un court-métrage, le temps d’un long, le temps d’un toujours-métrage ?

Dystopies disponibles ?

Les narratifs de nos fictions actuelles aiment les dystopies.

Dans la vraie vie, il y a des moments-carrefours, ces moments où le Destin nous offre des choix.

Choisir, c’est renoncer. Et parfois, les regrets reviennent comme un boomrang en plein cœur.

C’est le père Gérard qui semble plus agacé que fier que sa super-héroïne de fille soit devenue reconnue dans la profession, comme s’il aurait préféré qu’elle reprenne l’affaire familiale.

C’est la mère Fanfan qui prend tout ça avec tellement plus de hauteur, comme si elle savait que le plus important c’est d’aimer et de ressentir.

Ce sont Richard et Heddy qui sont bien contents de se dire que dans leur petit village, rien ne change jamais rien, comme s’il y avait un micro-climat temporel.

C’est Nathalie qui a bien conscience que ce n’est peut-être pas l’Amour ouf pour son mari, mais que c’est peut-être quand même bien… Mais bien, c’est suffisant ?

Bien, c’est suffisant ?

Car il y a un personnage important dont on n’a pas encore parlé.

C’est Sofiane.

Car lui le choix, il n’est pas derrière lui, il est devant.

Et ce choix, c’est surtout sa super-héroïne de copine qui va le faire.

Un futur avec une femme like L.

Un futur qui le terrifie d’autant plus qu’il sent que le passé n’est pas totalement réglé.

Un passé qui recèle un autre univers…

La preuve : elle ne lui a jamais parlé de ce pote d’enfance.

La preuve en réciproque : personne ne demande à la star du petit écran ce qu’elle a vécu à Top Chef ou dans son projet de resto gastro.

La recette du bonheur

Au final, ce film, c’est juste la quête de la recette du bonheur du plat – signature.

Et c’est le resto des parents qui en ont le secret, même si le petit carnet indique sûrement qu’un relai pour deux roues est à la gastronomie ce que sont les tongs sont à la haute-couture.

La recette du bonheur c’est :

Enfourcher sa moto

Musique à fond dans le casque

Et avancer dans la vie sans jamais rien oublier,

Sans jamais rien regretter !

To be free, or not to be !

« Le garçon » voulait-il laisser des traces ?

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C’est l’époque des biopics,
C’est l’époque où l’on sature les réseaux sociaux de nos storys, de nos histoires,
C’est l’époque où l’on écrit sa legacy, où l’on essaie d’être le GOAT.

Il y avait les livres dont tu es le Héros, où tu écris ta propre histoire.
C’est un peu ça la vie, mais quelles traces laisse-t-on chez les autres ?

On nait, on est et puis on meurt. Qu’en restera-t-il ?
A l’époque du film, une cinquantaine de photos.
Des photos de ces gens, de ce Jean, à supposer qu’il s’appelle ainsi.
Et s’il s’appelait autrement, qu’est-ce que ça changerait à l’histoire ?
A son histoire, à notre histoire, à l’Histoire ?

« Et partout dans la rue, j’veux qu’on parle de moi… »

Est-ce qu’il y a des gens qui méritent que l’on se souvienne d’eux plus que d’autres ?
Qui mérite d’être un Héros ?
Parce qu’Hitler, tout le monde le connait et se souvient de lui, alors que tant de gens ont fait tant de choses bien et que l’on ne les connaitra jamais.
Il suffit que quelqu’un s’intéresse à son Histoire et la relate pour devenir un héros…
Est-ce que je vais laisser des traces de mon passage sur Terre ?
Est-ce que j’en ai vraiment envie ?
Vais-je choisir ces traces, pour raconter ma propre histoire ?
Ma propre fiction ?
Est-ce que laisser des traces, ça aide à mieux vivre ?
Pour qu’autour de moi, on sache mieux qui je suis ?

Story telling

« Le garçon », c’est choisir quelqu’un dans le hasard de la vie et faire une recherche pour connaitre son histoire.
C’est un long-métrage qui croise le documentaire de l’enquête avec la fiction qui en découle.
On raconte ce que l’on sait et on comble les trous en imaginant.
Un peu comme toutes les histoires plus ou moins librement inspirées de faits réels.
Alors on analyse les photos, on repère des lieux, on va à la rencontre des personnes qui ont fréquenté ces lieux à cette époque, on remonte les fils…
C’est un peu ce que l’on fait tout le temps au final : un croisement entre le réel et l’imaginaire.

Copyright

Quand on cite quelqu’un, quand on cite son œuvre, on se doit d’avoir le droit, d’avoir les droits.
Et quand on fouille la vie de quelqu’un, en a-t-on le droit ?
Déterrer des personnes qui avaient choisi de se terrer sans faire de mal à personne.
Comme un notaire qui retrace la vie du défunt qui n’en a pas forcément envie.
A-t-on le droit de mourir en emportant avec soi ses secrets ?
Parce qu’évidemment, Jean ne s’appellera pas forcément Jean et il y a des choses que personne ne savait, ou que tout le monde faisait semblant de ne pas savoir.
Et quand on sait qu’une romancière a assigné les réalisateurs en justice pour « contrefaçon », ça ne fait que renforcer le propos…

« Le garçon 2 »

Et si dans quelques années, Zabou Breitman et Florent Vassault reprenait ce concept avec un profil Facebook ?
Autres temps, autres mœurs.
Une trace, c’est quelque chose qui s’enfonce dans le sol, qui s’imprime, qui peut se fossiliser.
C’est le contraire du filtre qui reste en surface,
De l’éternel sourire qu’il faut arborer sur les photos
Et le positivisme à outrance.
Est-ce que c’est parce que c’est de ça que l’on veut se souvenir nous-mêmes ?
Est-ce que c’est pour faire illusion, auprès de soi, auprès des autres ?
Et tout ce temps que l’on passe à vouloir laisser une trace, n’est-ce pas du temps que l’on gâche pour vraiment vivre.
Est-ce qu’au final, la vraie trace qui compte et celle que l’on laisse dans le cœur de celles et ceux que l’on aime ?
Vivre, c’est se créer des souvenirs de maintenant.

L’Attachement aux personnages « secondaires »

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« C’est quoi la différence entre l’Amour et l’Attachement ? »,
C’est ce que le personnage de Valéria Bruni-Tedeschi demande à celui de Raphaël Quenard…
Ce dernier avait promis une réponse en copie double par la poste, mais ne la voyant pas venir, je me suis dit que j’allais me pencher sur tout ça !
Parce qu’il est vraiment très attachant ce David, alors qu’il n’a pas du tout le rôle principal.
Vu sa faculté à crever l’écran quasiment à chaque rôle, on peut se demander comment est-ce possible que M’sieur Quenard ait eu tant de souci pour percer dans le monde du cinéma.
Mais c’est vrai que ce Chien de la casse a l’art pour interpréter le mâle beauf pas déconstruit (voire pire comme dans « Je verrai toujours vos visages ») et pourtant, on l’aime fort !

« Et moi, et moi, et moi ! »

On le dit parfois : un bon film, c’est quand il y a des bons personnages secondaires.
Mais d’ailleurs, dans ce film, c’est qui le personnage principal ?
Plutôt Sandra ou plutôt Alex ?
Elliott a aussi une place à part.
Et puis Emilia a une présence aussi.
C’est un peu comme dans la vie : c’est qui le personnage principal ?
Le « je » ?
Celui qui prend toute la place et rend les autres pas assez ?
Le fameux « moi aussi » dont nous parle Bref 2 ?

Non, ici, les années passent,
Les éclipsent s’enchainent,
Les places se dessinent
Le tableau se réajuste et se repeaufine.
On voit la complexité de chaque personnage,
Un équilibre de jeu entre tension et tendresse.
Et on s’attache à eux.

L’attachement ouf

Ça doit sûrement être beaucoup grâce à Carine Tardieu,
A son écriture, et à sa direction d’acteurices.
Parce qu’il y a quand même du monde au casting en termes de volubiles qui débordent de partout.
On se rappelle de M’sieur Lellouche qui raconte les impros improbables de Quenard.
Et il faut les tenir tous ces gros caractères qui ont besoin de déborder, parfois, souvent au détriment de l’équilibre général.

Ainsi, là, chacun.e laisse de la place à tout le monde,
On peut s’attacher à chacun.e.

C’est un peu une fable idyllique, mais ça peut être un autre modèle que… C8 par exemple !

Il y a un équilibre,
On souligne que César Botti, 5 ans au moment du casting, a été retenu pour une grande qualité : sa capacité à écouter ses partenaires de jeu.
Les stars du film qui se mettent à détiquer,
Qui acceptent de se faire diriger,
Comme dans le vrai film,
A l’image de ce papa qui se prend une bonne salve par sa voisine mais qui ne se montre pas susceptible,
Qui accepte de voir aussi ses défauts, pour évoluer.
C’est peut-être ça le secret.

« Synchronisation des besoins ! »

On se rencontre,
On s’attache,

(Christophe Mahé, sors de ce corps !)
Peut-être au départ parce qu’il y a de la place,
« Tu es amoureux de la situation, pas de moi. »
Des besoins qui se synchronisent à l’instant T.
Et quand ça dure,
Quand on se rend compte que la personne en elle-même est importante
Et que l’on va dans une direction commune,
On peut dire que l’on s’aime.
Et si on ne s’aime plus, on ne prend pas l’avion ensemble…
Comment dans cette scène si marquante dans l’aéroport…

Dans la vie, on est tous des cabossé.e.s,
Des personnages secondaires.
Et si on réunissait tous nos défauts,
Qu’au lieu de devenir des « moi aussi »
On laissait de la place à tout le monde,
Pour nous transformer ensemble en carrosses ?

As-tu vraiment besoin de la Pampa ?

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Les besoins nous animent.
Il y a la fougue de l’adolescence, quand c’est nouveau, que l’on se rencontre et que ça virevolte.
Ces moments où l’on a besoin de tester ses limites comme foncer tête baissée à la perpendiculaire d’un trafic lapidaire.
Besoin de montrer qu’il est un vrai bonhomme au milieu des copains ?

Besoin de rien envie de toi

Il y a des besoins non assouvis que l’on reporte sur les autres…
Comme le « daron de Jojo » qui a besoin de faire de son rejeton un champion du toujours plus.
Peut-être pour compenser toutes ses déconvenues passées : on transfère sur son enfant tout ce que l’on n’a pas réussi à faire soi-même.

Artus n’est pas du tout drôle dans ce film : avait-il besoin, envie de jouer un rôle de taiseux à contre-emploi ?
Un type qui oscille entre le besoin de fonder une famille avec sa chère et tendre et le besoin de vivre la passion cachée avec son jeune protégé.
Mais qui n’assume pas ses besoins risque de finir dans le ravin !

Il y a Marina, qui a besoin de quitter sa ruralité pour aller à la ville, et qui n’a pas besoin de contrer les rumeurs qui circulent sur son dos, voire un peu plus bas.

Et puis il y a Willy qui sonde les besoins de son cœur au milieu de cette société et de ses injonctions virilistes.

« Tu seras viril, mon kid… ! »

De ceux qui font vrombir le moteur de leur moto-cross !
Une amitié, si forte, une amitié si pure… le sang !
Il se cherche avec cette maman qui lui rappelle l’importance du lycée et blablabla
Et ce beau-père qui ne viendra pas remplacer son feu-père.

La vie avance, il y a des besoins qui évoluent…
On a besoin de partir, de faire reset, comme la daronne à Willy pour une nouvelle vie.
Certains restent en boucle sur le même besoin inassouvi, par orgueil ou par manque de recul, du genre à transférer sur Willy ce qui n’est plus possible avec Jojo…

Parce que Jojo lui, il n’a pas su s’écarter des besoins de son papa. Pardon Papa…

Mais on est tous las de ce retour au même schéma !

Et puis il y a les héros, ceux qui savent à un moment donné dire stop et lever le pied, pour ne pas être le toutou des besoins des autres.
Assumer ses propres besoins,
Guidé, suivant le modèle de cette artiste
Celle qui fait ces petites boites,

Une miniature dans laquelle il y a tout, c’est-à-dire l’essentiel.
De celles qui nous écartent de (la tapisserie) de l’Apocalypse.

 

Cultiver son Jardin zen intérieur !

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Comment réussir à garder notre zenitude intérieure, lorsque nous sommes confronté.e.s aux vices de ce bas-monde ?
Ici, nous serons dans un film tout sauf manichéen.
Epurer. Son article, son film, sa vie.

L’eau est-elle une alliée ou une ennemie ?

On aurait tendance à croire que la nature apporte la pureté de l’eau.
Mais l’heure du film est celle post Fukushima, cette création de l’homme qui rend cette eau toxique.
Un long-métrage où s’entremêlent les symboles,
Où l’on voyage entre le sec et l’humide.
Notre vie est un voyage intérieur entre le sec et l’humide.
Ellipse scandée, ellipse rythmée.

Il y a cette époque où l’on sert de la bienveillance à tire-larigu’eau.
Solitude, quête de sens.
Cette secte des bons sentiments, où l’on vous fait des sourires pour mieux vous soutirer de l’argent.
Film japonais ? Film universel.
A l’opposé, il y a cette amie femme de ménage, une sorte de mauvais génie mais qui fait du vice un vrai moyen de libération féminine, d’émancipation par l’affirmation du plaisir.
Céline disait « Tant qu’il y a du vice, il y a du plaisir »

Ca fait tellement de bien de se lâcher, de déverser !
L’eau est-elle une alliée ou une ennemie ?
Ellipse scandée, ellipse rythmée.

Eaux armes citoyennes !

Film non manichéen : si on comprend bien que la réalisatrice s’attaque à la société japonaise et au patriarcat, on s’interroge quand même sur le rôle de belle-mère tenue par notre héroïne.
En termes de sororité, il y a d’autres modèles peut-être plus aidants !
Entre le sec du sauna où l’on s’extirpe de la bonne morale
Et l’humide de la piscine, où l’on va dans l’eau, et même complètement sous l’eau,
Comme une échappatoire.
Ellipse scandée, ellipse rythmée.

Entre la grande histoire, et la petite :
Celle de ce client rustre qui revient encore et toujours
Avec ces produits qu’il a lui-même rendus défectueux
Comme nous les êtres humains on acidifie nos eaux
Juste pour avoir du moins 50%.
Symboles.

Mises à jour… Olé !

A chaque ellipse, sa mise à jour, pour passer un cap dans cette quête pour réussir à garder notre zenitude intérieure, lorsque nous sommes confronté.e.s aux vices de ce bas-monde ?
« Il faut cultiver notre jardin » disait Voltaire.
Et dans ce jardin,
Il y a du sable, comme à la mer.
On ne le piétine pas,
Marche sur ces gros galets
On ricoche
On fait…
Des vagues, des ondes, des lignes de déflagrations.
A sec.
Au contraire de ces scènes les pieds dans l’eau
Où la colère qui vient l’emporter
A l’opposé du zen.
Du jardin zen :
Un jardin sans eau qui représente l’eau.
L’eau est-elle une alliée ou une ennemie ?

Couleurs ternes
Rouge vif :
La vie est un flamenco,
Une succession
D’ellipses scandées
D’ellipses rythmées.

My Sunshine : Le Mal peut-il ne pas exister ?

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Est-ce que dans la vie, il y a des méchants ?
Parce que dans les films, il en faut toujours.
On dit même parfois que c’est le super méchant qui fait le super film.
Ou au moins pour les films d’auteur, il faut un élément perturbateur, histoire d’assouvir le schéma quinaire.
My Sunshine, c’est plutôt comme l’excellent Patterson de Jim Jarmush : pendant longtemps c’est lumineux, limite kawaii, et c’est dans la toute dernière partie que le couac arrive.

Alors que le Mal aurait pu très bien ne pas arriver, ne pas exister… Même si ça fait un peu trop utopiste ?

Aimer sans arrière-pensée ?

Est-ce que l’on peut aimer purement ? Naïvement ? Sans arrière-pensée ?
Parce que ce coach, pourquoi est-il autant dédié à ce jeune élève qui était pourtant si peu doué au départ ?
Donner de son temps, de son énergie : c’est ça aimer ?
Est-ce parce qu’il se reconnait en lui ?
Parce qu’il voit en lui tout ce que lui n’est pas, n’a pas été ou n’est plus ?
Est-ce parce qu’il voit en lui cette pureté, pureté envers le patinage, ce sport pour filles ?
Pureté dans l’amour que Takuya peut ressentir pour Sakura, cette jeune fille qui vient d’arriver de Tokyo et qui a toute la technique et la rigueur nécessaires pour être la championne.

Mummy, je veux être la préférée !!!

La préférée ?
C’est ce que elle, elle veut ?
Après que sa copine lui ait fait la remarque que le prof il est trop beau, et qu’elle sent que le prof il aime bien entrainer Takuya, son esprit de compétition est encore plus titillé.
Il le gère pourtant bien le prof, par pureté ou par habileté quand il lui dit que si Takuya est aussi assidu c’est grâce à elle. Mais est-ce que ça sera suffisant… ?
C’est qui le Sunshine ?
C’est pour qui le Sunshine ?

L’amour pur, ne serait-ce pas celui du meilleur copain de Takuya qui applaudit le duo de champions ?
Juste parce qu’il trouve qu’ils sont touchés par la Grâce ?
Juste parce qu’il est content pour son copain ?
Sans arrière-pensée,
Sans égo qui le titille ?

Film haïku de foudre

La réciprocité dans la relation, cette synchronicité qui se retrouve dans la glisse sur la glace.
Et qui ne se retrouve pas à d’autres moments.
C’est par le patin que Takuya communique avec sa dulcinée.
Parce que les mots, quand ils pourraient venir, ils ne viennent pas… Foutu bégaiement !
Les non-dits d’une société japonaise
Qui dit sans dire,
Qui limite sans faire d’esclandre.
Ici, on n’assène pas : on pointille
Comme tous ces flocons de neige, cet hiver qui fige les plaisirs simples.
Mais qui laissera la place au printemps…

Film – haïku de foudre
Le printemps glisse sur l’hiver
La neige a fondu.

 

En fanfare : la maladie de l’Enfant-phare

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Le déterminisme est un ténor.
L’inné, l’acquis.
Il y a des enfants qui naissent sur les docks, et d’autres qui naissent en haut d’un phare.
Il y a des enfants destinés aux sombres lueurs de la Lune,
Et il y a les enfants-soleils.
Personne n’a rien demandé, on nait comme nait,
On est comme on est.

Tes gênes sont-ils gêgênes ?

Mais les gênes ne sont pas une invention : visiblement, l’oreille musicale, c’est de famille.
On a beau s’appeler Thibault ou Jimmy, c’est du pareil au même.
Et même si Thibault avait eu un prénom normal, disons Jordan, ça n’aurait rien changé.

L’enfant-phare a la chance de la naissance.
L’enfant-phare brille trop : on jalouse son aura.
Mais il doit quand même se les coltiner ces 15 heures de travail par jour pour exceller.
Ce n’est pas donné à tout le monde,
Ce n’est pas avec deux coups de cuillères à pot que l’on change de peau
Et que l’on devient premier trombone.
L’enfant-phare a la maladie de devoir réussir à tout prix.
Il a tout pour ça
Et rien comme excuse.

La maladie de la réussite

Pourtant, dans la vie, celui qui a raison, c’est celui qui est heureux.
Parce qu’on ne sait pas trop si la vie est plus belle à sillonner les orchestres du monde entier ou à encourager le Racing Club de Lens avec les copains et avec ferveur.

Les instruments de l’Enfant-Phare sonnent et résonnent en trop belle symphonie.
L’harmonie, ça agace, il est le miroir de nos propres fausses notes.
Pour lui, tout est facile.
Pour l’autre, pour nous, c’est au forceps que l’on avance sur la partition.

C’est dur, dur d’être Thibault

On ne va quand même pas le plaindre le Thibault !
Et pourquoi pas ?
L’intelligence, c’est la nuance…
Qui s’est déjà demandé si le Phare ne se sentait pas seul sur sa digue ?
Si ses heures de travail à supporter la pression des vagues et du vent ne le faisaient pas pencher, héros croulant sous l’érosion ?

Comme lorsqu’il avance dans la mer, tout habillé de ses oripeaux sociaux, loin de Jimmy…

L’Enfant-Phare dans la nuit…

Comment surmonter tout ça ?
Aller au-delà de la maladie de l’Enfant-Phare ?
Comment faire en sorte que les deux frères opposés se lient ?
Que le greffe opère ?
La musique adoucit les mœurs, c’est un langage universel, de la plus grande salle d’orchestre symphonique jusqu’au plus petit garage insonorisé aux boites d’œufs.

La musique est le meilleur des remèdes à toutes les maladies.
Même à celle de l’Enfant-Phare.

Diamant brut : une modèle au top

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Cast member Malou Khebizi poses during a photocall for the film "Diamant Brut" (Wild Diamond) in competition at the 77th Cannes Film Festival in Cannes, France, May 16, 2024. REUTERS/Clodagh Kilcoyne

Être influenceuse, c’est influer sur la vie des gens, être un modèle.
On a besoin de modèles, de pairs, de pères et de repères pour bien grandir.
Des héros, des héroïnes.

Diamant brut, c’est le portrait d’une héroïne, ou d’une anti-héroïne ?
Une ode aux modèles en forme de poupées Barbie russes.
La petite sœur qui prend sa grande sœur pour modèle, futur Little Miss Sunshine ?
Liane qui prend sa mère pour anti-modèle : non, tout mais pas ça, surtout ne pas devenir comme elle.
La conseillère de la mission locale qui essaie de lui montrer une voie-modèle.
Ses copines, à la fois ses semblables, jusqu’à un certain point. Car elle, elle veut plus. Elle veut étendre son monde jusqu’à Miami.

WELCOME TO MIAMI

Mais surtout, elle veut être aimée.
Être aimée plus.
Sûrement parce qu’en vrai, elle a été aimée moins ?

C’est quoi être aimée ?
Comme dit la directrice de casting (une « déesse » nous dit le film), tout le monde va t’adorer, adorer tes vidéos, ta personnalité.
Être aimée, c’est multiplier les followers.
Être vue, encore plus vue, encore plus de vues.
Être likée, encore plus de likes.
Être aimée plus, c’est être aimée par plus de gens.
Plus on parle de moi mieux c’est.
Être reconnue dans la rue.
Être aimée plus, c’est gagner de la maille.

ETRE AIMEE, C’EST CE QU’IL Y A DE PLUS BEAU

Être aimée, c’est pas forcément rencontrer cet ancien complice de foyer.
Qui pourtant semble l’aimer de la façon la plus simple et parfois maladroite.
Ce garçon qui lui a pour modèle son frère qui taffe dur pour faire tourner son circuit de karting.
Autre modèle, autres mœurs. Ne pas se faire entretenir, ne pas dépendre d’un mec, peut-être parce que son père à elle est tout sauf fiable.

Alors, pour être aimée, la fille qui rêve d’être top model se modèle.
Modelage pour être à la mode.
Faux ongles, faux cils, fausses mèches, faux seins, faux tatouage, bientôt fausses fesses.
C’est un vrai job, un travail de sculpture du fake sur sa propre personne.
Exigeant. Prenant.

Tout ça, ça va lui permettre de réaliser son rêve : faire de la télé¬-réalité.
Comme elle dit, « pour que tout le monde la voit telle qu’elle est vraiment ».
Elle accumule les faux pour être vraiment elle.
Réalité. Télé-réalité.

LA REALITE DANS LA TELE

Bergson parlait de moi individuel et de moi social. Mais pas Liane.
La réalité s’inverse.
Sois icône et tais-toi.
Tais-toi, mais ne sois pas toi.

On suit le parcours de cette anti-héroïne.
Elle est prête à tout pour gravir l’ascenseur social et briser le plafond de verre.
Est-ce que l’on vit ce parcours comme une ascension ?
Comme un parcours initiatique de quelqu’un qui part de rien, qui franchit des steps pour arriver au sommet ?
Des steps ? Quels steps ?
En vrai, ne vit-on pas le parcours d’une nana plutôt (très) paumée qui semble tourner en rond dans son marasme encrassé ?

LA RAISON A SES RAISONS QUE LA MORALE IGNORE

La fin semble apporter une réponse. Peut-être surprenante.
Elle a bien raison Liane, depuis le début.
Tout son travail sera récompensé.
Elle deviendra le modèle de millions de followers, de téléspectateurs, de petites filles.
D’une génération ?
Et cette petite histoire en générera plein d’autres.
Plein plein d’autres.
A la force du fake, elle deviendra une modèle au top.

The Substance : la surfemme comme éloge de la médiocrité ?

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« Avez-vous déjà rêvé d’être une meilleure version de vous-même ? »
Le film nous interroge ainsi, mais la vraie question pourrait plutôt être :

« Seriez-vous heureux.euse de rencontrer la meilleure version de vous-même ? »
Demi Moore a rencontré son autre demi… Et je ne suis pas sûr qu’elle soit super emballée !
Imagine, tu es toi, dans toute ta médiocrité : le temps qui passe, les possibilités de perfection qui s’affaissent, les ambitions au passé, les rides en bourrelets.
Les gens qui parlent de toi à l’imparfait.
Si l’imparfait est un temps du passé, ce n’est sûrement pas un hasard.
Et dans toutes tes imperfections, tu rencontres ton autre toi, mais en version parfaite.

Tu penses que ça matcherait ?

L’imparfait, temps du passé…

Après tout, qui se ressemble s’assemble.
« A l’intérieur, vous n’êtes tous les deux qu’une seule et même personne. »
La version plus parfaite est-elle une version plus sympathique ? Au regard du film, permettez-moi d’en douter…
Ou alors, il faudrait s’interroger sur ce qu’est être « meilleur », une « meilleure version de soi-même ».
Dans The Substance, on va parler encore et encore du corps.
La meilleure version de soi-même, c’est le corps jeune, le corps normé, le corps exhibé.
Le corps de la femme. Exposé à saturation, comme pour le rendre banal voire repoussant.
Tous les culs sont permis.
Injonction sociale du mangeur de crevettes qui exige d’elles tout ce que lui ne s’exige pas à lui-même.

En parler encore et en corps…

Le vrai problème entre les deux héroïnes, c’est leur absence de sororité. Elles sont censées être une, mais elles ne sont jamais en accord. D’un autre côté, elles ne sont jamais ensemble en même temps, métaphore ?
S’entendre avec une autre version de soi-même, ça pourrait être ça une définition de la sororité ? S’entraider quoiqu’il advienne ?
Une meilleure version de soi-même, ça pourrait-être une version de soi-même plus ouverte à l’autre, plus à même d’être dans l’entraide, l’échange, le partage ?
Plutôt que de tirer toute la couverture du temps à soi, quitte à empiéter sur l’autre ? N’est-ce pas, Sue ?

La surfemme

Dans les réponses du film, la meilleure version de soi-même, c’est la version qui se libère des conventions et des dogmes sociaux, celle qui ose être elle-même, même face aux regards de la société.
Notre meilleure version de nous-mêmes, c’est Monstro Elisasue.
Avec ce Barbie gore et bien plus que ça, Coralie Fargeat invente le concept de surfemme, à la manière de Nietzche.
« Dieu est mort. » disait l’Allemand.
La réalisatrice française prend sa Revenge sur la life et ose un « La Déesse est morte ».

Laissons le monstre qui est en nous sortir.
Quittons Gattaca.
Un monstre qui ne se montre pas sous son « beau » jour, qui ne s’exhibe pas dans sa superficialité. Se montrer tel que nous sommes.

Eloge de la médiocrité

Osons nos imperfections, idolâtrons notre médiocrité.
C’est cette version de nous-même qui sera la plus belle pour véritablement rencontrer l’autre.
Nettoyons notre shining ambition de finir sur Sunset Boulevard.

The Substance est un film où ça parle peu mais qui a beaucoup de … substance !
Un film pas bavard qui dit tellement de choses avec ses images, ne serait-ce pas la définition du cinéma ?