Année : 2017
Pays : USA
Casting : Taraji P. Henson, Octavia Spencer, Janelle Monáe
L’Histoire aime les Héros mais le cinéma aime les héros normaux. Il suffit de voir le nombre de biopics suivant une personne ordinaire au destin extraordinaire. Tel est le cas de ces « Figures de l’ombre », qui arrivent en pleine saison des Oscars et des déclarations peu avantageuses de l’actuel président américain.
« Les figures de l’ombre » suit trois scientifiques américaines se voyant discriminées par leur couleur de peau et leur sexe. Elles prendront leur revanche sur leurs collègues quand elles feront avancer l’avancée spatiale américaine, en pleine compétition avec leurs ennemis soviétiques.
L’idée de départ, bien que partant du schéma cité plus haut du héros ordinaire, a de quoi intéresser. Et il faut l’avouer, le sujet est assez passionnant, aussi bien d’un point de vue scientifique (la conquête spatiale) qu’historique (les discriminations, la compétition permanente entre américains et soviétiques). Ainsi, quiconque s’intéressant à tout cela pourra trouver le film intéressant, porté également par un casting de haut vol.
Néanmoins, le film souffre d’un classicisme des plus communs le fondant dans le moule de l’œuvre oscarisable à souhait. Ce côté propret et académique rend le message bien moins accrocheur et assez lisse. Ce qui est dommage de la part d’un Theodore Melfi qui avait su éviter cet écueil avec le très bon « Saint Vincent ». Oui, le film est oscarisable mais il fait partie de ces œuvres que l’on trouve formellement bien avant que l’impact s’amenuise rapidement après visionnage.
Pourtant, « Les figures de l’ombre » sort à un moment charnière, comme nous l’avons dit plus tôt. Les déclarations misogynes et racistes fusent de toutes parts et un réalisateur aussi admirable qu’Asghar Farhadi ne saura pas se rendre à la cérémonie à cause de sa nationalité. Nous ne sommes plus les yeux tournés vers le haut et la volonté de découvrir l’inconnu spatial mais vers le bas, avec la honte de ne pas savoir régler nos problèmes. Les discriminations subsistent et certains en jouent, politiciens ou non, pour faire passer leur message avec haine. Un mot comme populisme (la voix du peuple, donc) a pris une connotation négative car l’on cultive la peur au lieu de la détruire, tout cela pour obtenir un semblant de pouvoir sur les autres.
En cela, peut-être que « Les figures de l’ombre » mérite son visionnage. Certes, son classicisme académique a déjà été vu et mieux utilisé que cela mais le message de tolérance et de capacité que l’on a tous en commun est (malheureusement) intemporel. Et s’il faut ce genre de films pour pouvoir faire comprendre aux gens que l’on devrait s’en foutre de notre religion, notre sexe, notre couleur de peau ou notre pays d’origine, alors peut-être devrions-nous continuer à en produire encore et encore, jusqu’à ce que les gens comprennent que l’on est tous des êtres humains et que l’on est tous égaux. Bon, dans des oeuvres moins formelles et plus vivantes, ce serait peut être préférable…