Année : 2017
Pays : USA
Casting: Emma Stone, Ryan Gosling, John Legend
Une vague d’amour du chant et de la danse semble avoir submergé le monde entier ces dernières semaines. Porté par des critiques dithyrambiques de la part des critiques et du public ainsi que de ses nombreuses récompenses aux Golden Globes et ses nominations aux Oscars, « La La Land » est devenu LE film à voir absolument en salles. Mais est-ce que cette réputation est justifiée ?
Mia est une jeune femme obligée de servir dans un café entre ses nombreuses (et malheureuses) auditions. Sebastian est un musicien adepte de jazz qui vogue entre petits boulots minables ne rendant guère justice à son talent. Un jour, ils se rencontrent…
Il n’est guère étonnant en voyant sa filmographie de constater que Damien Chazelle a étudié la musique. En effet, ses deux réalisations sont littéralement des films musicaux, où la musique prend une importance plus intense que dans la plupart des productions actuelles. Mais là où « Whiplash » se présentait sous une forme de drame psychologique avec la musique comme un sacerdoce qui exigeait un investissement total, ici elle prend des tournures poétiques, permettant l’expression des personnages, surtout dans une première partie plus « fantasmée » et colorée, tels les idéaux de nos héros.
« La La Land » se découvre ainsi comme une sucrerie cinématographique et ce dès la merveilleuse séquence d’ouverture en plan séquence. L’utilisation même de cette technique à plusieurs reprises dans le long métrage est bien loin de la simple esbroufe visuelle comme on en trouve tant actuellement. Ils dévoilent d’un art du montage sans égal, coupant peu mais coupant bien. Chaque image est ici sublimée avec un cachet rétro grâce à l’utilisation de la pellicule ou encore l’utilisation juste des couleurs pour exprimer les émois des personnages. Il se dégage ainsi de chaque plan un côté classieux mais pas académique, contrairement aux habituels candidats aux Oscars régulièrement guindés et sans vie.
L’histoire part certes d’une romance mais cela n’en fait pas une simple amourette déjà vue et vite oubliable. Tout d’abord, l’alchimie entre Ryan Gosling et Emma Stone est indéniable, les installant même comme l’un des meilleurs (le meilleur?) duos d’acteurs que l’on ait vu depuis un bon moment. De plus, le récit aborde les désenchantements de la vie d’artiste et la difficulté de maintenir ses idéaux dans une industrie artistique où il faut parfois mettre de côté ses rêves pour pouvoir subsister. On peut aussi ressortir de l’intrigue un amour de l’art, qu’il soit musical ou cinématographique, avec ses questionnements sur comment faire survivre celui-ci (cf le personnage de John Legend, interrogeant sur la dualité entre nostalgie et modernité). Enfin, chacune des chansons est intégrée avec parcimonie, notamment dans une seconde partie plus « terre à terre » et bien moins idéaliste et onirique (excepté son final des plus déchirants).
Il y a une vie qui se dégage de ce film, ce genre de vivacité qui fait rentrer les chansons dans la tête de ses spectateurs et qui pousse à danser. On en ressort avec une joie de vivre mais également le cœur un peu serré, la sensation d’avoir vécu une histoire dans laquelle on a été emmené directement à l’intérieur. « La La Land » est ainsi un vrai moment de cinéma et a la capacité de devenir prochainement un véritable classique du genre. Et franchement, cela fait tellement de bien dans un genre sclérosé par les intérêts pécuniers que par pure valeur artistique. Donc oui, la réputation de « La La Land » est plus que méritée et vaut vraiment le coup sur grand écran, afin de s’évader deux heures durant dans un pur moment de rêve, de musique, de cinéma et de vie, tout simplement…