Cars 3 de Brian Free
Fiche Technique:
Réalisateur: Brian Free
Casting vocal orignal: Owen Wilson, Larry The Cable Guy, Armie Hammer, Cristela Alonzo, Bonnie Hunt, Kerry Washington, Nathan Fallion et Lea DeLaria
Casting vocal français: Guillaume Canet, Gilles Lellouche, Nicolas Duchauvelle, Alice Paul, Cecile de France et Samuel le Bihan
Budget: 175 000 000$
Date de sortie cinéma: 2 août 2017
Genre: Animation, Aventure, Famille
Nationalité: Américain
Durée: 1h49 min
Synopsis: Dépassé par une nouvelle génération de bolides ultra-rapides, le célèbre Flash McQueen se retrouve mis sur la touche d’un sport qu’il adore. Pour revenir dans la course et prouver, en souvenir de Doc Hudson, que le n° 95 a toujours sa place dans la Piston Cup, il devra faire preuve d’ingéniosité. L’aide d’une jeune mécanicienne pleine d’enthousiasme, Cruz Ramirez, qui rêve elle aussi de victoire, lui sera d’un précieux secours…
Le saga Cars nous avait quitté en 2011 avec un second opus en demi-teinte. En effet Cars 2 avait beaucoup divisé le public et les critiques. Le 1er long-métrage, sans être un chef d’oeuvre absolu, était vraiment un très bon film d’animation. Il diffusait un message vraiment très noble pour les enfants. Il enseignait de se satisfaire de ce que l’on avait: le personnage de Flash n’arrivait pas à se satisfaire de l’écurie qui lui avait permit de se révéler et de ne pas oublier d’où l’on venait. Le film avait rapporté plus de 460M$ pour un budget de 70M$. La suite est arrivée 5 ans plus tard avec Cars 2. Dans ce second volet, exit les thématiques intéressantes développées par le premier film. On quitte le milieu de la course automobile pour un scénario conspirationniste et un film d’espionnage où le personnage de Martin était bien trop présent au détriment de Flash McQueen. Ce 2ème long-métrage rapporta plus de 560M$ pour un budget colossal de 200M$: succès en demi teinte donc. Cela n’a pas empêcher Disney et Pixar de nous proposer une suite 6 ans plus tard et qui sortira mercredi prochain dans nos salles. Cette fois-ci John Lasseter et Brad Lewis laissent leur place à Brian Free pour réaliser ce 3ème. Il s’agit du premier film de ce metteur en scène, il s’était notamment occupé du story-board de Cars 2.
Donc au final que vaut cette suite ? Rattrape-t-elle la piètre qualité du second opus ou est-ce un ratage complet ?
Et bien la réponse est un grand oui, ce 3ème opus est un belle réussite tout comme l’était le premier volet (j’ai quand même mille fois préféré le 1er mais le 3ème est très bon). Le film semble se dérouler quelques années après le 2ème film. Flash McQueen est devenu le champion qu’il rêvait d’être, il rafle tous les prix de la Piston Cup (l’équivalent de la compétition de Nascars dans la réalité). Tout va pour le mieux pour nôtre héros, jusqu’au jour où une nouvelle voiture du nom de Jackson Storm le dépasse et gagne un grand prix. Suite à un accident (magnifiquement filmée et tout bonnement très triste), Flash met du temps à se remettre et souhaite plus que tout battre Jackson Storm.
Que ce 3ème film fait plaisir ! Retrouver le personnage de McQueen et tout cet univers de la course automobile fait vraiment un bien fou (pas comme Cars 2).
L’une des grandes qualités du long-métrage de Brian Free est bien sûr la beauté visuelle. Avec 175M$, faire un film d’animation moche serait un exploit dont serait capable un Uwe Bowle. Cars 3 est l’un des films d’animation les plus beaux qu’il m’ait été donné de voir. Par moments, on s’approche du photo-réalisme dans les décors du long-métrage. Le film est fourmillant de couleurs, dispose de très beaux jeux de lumières. Pour faire simple, les équipes techniques de Pixar ont accompli un excellent travail qui nous flatte la rétine.
Le film propose des thématiques vraiment intéressantes. On peut y voir la thématique de l’héritage, avec les personnages de McQueen et Cruz Ramirez. On peut y voir une critique du milieu du sport morderne, avec les personnages de McQueen et de Jackson Storm. Flash commence à voir qu’il ne fait plus le poids face à la nouvelle génération qui utilise les nouvelles technologies (les circuits en réalité augmenté par exemple).
Qui dit film Pixar, dit film pour tous les âges et ce long-métrage ne déroge pas à la règle. Cars 3 peut sans problème être regardé par les enfants, car les personnages, que se soit les nouveaux ou les anciens, sont très attachants: mention spéciale au personnage de Cruz Ramirez. Le long-métrage peut aussi être regardé par les adultes car, comme il est dit ci-dessus, le film comporte des thématiques vraiment intéressantes. S’il y a une chose qui m’a un peu gêné, c’est le personnage de Jackson Storm vraiment peu présent.
Pour conclure, je vous conseille d’aller voir Cars 3, qui sortira mercredi dans nos salles. Vous passerez un très bon moment devant ce blockbuster d’été de très bonne qualité.
Le cinéma d’animation a toujours connu son lot d’admirateurs et, malgré certains poncifs qui perdurent, il n’est pas réservé à l’enfant ; Pixar en est le plus noble exemple. Se démarquant par ses récits éthérés, son style graphique virtuose et raffiné ainsi que ses traitements poétiques d’un hétéroclisme avéré, le studio n’a cessé de surprendre avec des œuvres profondes qui sont rapidement devenues consensuelles auprès des critiques, cinéphiles et autres âmes égarées dans les salles obscures. Cars, à cause de sa synecdoque invraisemblable et de ses blagues pas toujours appréciés, souffre régulièrement du titre de « moins bon Pixar ». Pourtant, c’est un film extrêmement bienveillant et généreux qui ne déroge pas aux partis pris narratifs et esthétiques de ses prédécesseurs. Après un second opus gâché par la redondance et la lourdeur de ses séquences humoristiques, Cars 3 est un franc succès qui renoue avec le lyrisme et la fraîcheur des origines de la saga, un métrage qui fait du bien !
Flash McQueen se fait vieux dans le milieu, son nom n’a pas changé mais ce dernier s’avère tout autre. Confronté à une nouvelle génération de bolides aux performances accrues, il ne peut nier cette vérité factuelle : il est dépassé. Débute alors un long et compliqué parcours existentiel à la suite duquel le vétéran risque de ne pas sortir inchangé.
Si ce nouvel opus fonctionne à ce point, c’est en partie parce qu’il marche sur les pas des toutes premières aventures de Flash McQueen et il s’érige assez rapidement en un « film hommage ». Le film débute par une course tonitruante aux accents épiques, se noue d’un cœur dramatique caractérisé par un long exode qui va laisser place au doute et se conclue par un twist lors de la fameuse course finale. Malgré certains dialogues et réflexions un peu trop explicites, le film nous baigne dans une ambiance pathétique de par ses protagonistes languissants et leur caractérisation : Flash, bien qu’un peu prétentieux, est un concurrent respectueux et féru de courses qui est tiraillé entre un deuil inachevé, une aisance qui s’estompe et son incompréhension du nouveau monde. Sa coach et camarade, Cruz Ramirez, est une personne joviale et passionnée qui se voit, quant-à-elle, conditionnée par une société imposante face à laquelle elle n’arrive pas à s’opposer. Entre séquences de dialogues impudiques, analepses qui embellissent une époque où tout semblait avoir meilleur goût, ruptures amicales marquantes, tourments existentiels, ode à la vie et au partage, le film se savoure avec tendresse et implication.
Fidèle à ses rouages humanistes, Pixar n’oublie donc pas d’agrémenter son récit de ce qui fait sa force : ses degrés de lecture multiples, ses vagues d’évasion nostalgique, son alliage entre pathétisme et comique, ses inspirations de mise en scène grandioses… Ce film évoque avec intelligence le poids de l’héritage, le paradoxe du doute, l’estime de soi et l’aliénation certaine de la vie sociale, l’ambivalence du progrès et le rôle du conservatisme, les dangers du capitalisme et de ses répercussions, l’aspect extatique et passionnel de la transmission, la nécessité de l’opiniâtreté, la beauté de la vieillesse, de quoi à la fois faire vibrer le spectateur grâce à la tendresse des plans, grâce à l’énergie et la tension de certaines péripéties mais aussi le faire réfléchir sur notre société et plus généralement sur l’Homme ainsi que sur les pratiques qui le prédominent.
Si le film dépeint si bien ces émotions, s’il arrive à être marquant, à rendre ses messages perceptibles, c’est bel et bien grâce à l’insolente efficacité de sa mise en scène, grâce à son esthétique au sommet et à son ambition. Ce troisième opus est celui de la maturité, une maturité qui se retrouve à l’écran : le film s’aventure dans un environnement rural, McQueen prend part à des compétitions de tacots, n’ose pas à rendre boueux son capot s’il le faut… La récurrence de cette atmosphère terne, brumeuse, grisâtre fixe le traitement adulte et cru de son scénario. Sous le regard de sa caméra fluide, de ses angles multiples, de ses travelings, de ses idées remarquables, le charme s’installe, comme pour ce plan où McQueen, s’épanouissant dans un environnement bucolique auprès de gens qu’il apprécie, perd cette peinture, ce nouveau design qui lui avait été assigné par son manager à l’esprit mercantile, Sterling, après avoir bondi d’un terrain surélevé. Ce dernier retrouve le plaisir de rouler, il est en plein rêve, sur un nuage. Toute cette part d’artificialité qu’il avait en lui, son rôle médiatique et marketing ne sont plus de ce monde. Nous avons droit au vrai Flash, à celui qui aime rouler, qui se complaît dans la vitesse, qui déifie le challenge, pas à la personne qui se cache derrière un personnage. De l’image naît le vrai sentiment, pas du dialogue.
A la conception artistique magnifique, aux affluences narratives lyriques et « -rocky-ennes » ainsi qu’à la suavité indélébile, Cars 3 est donc une fable élégiaque et nostalgique qui décape les vieux briscards aussi bien qu’elle adoucit les jeunes.