Réalisation : Paul McGuigan
Genre : Comédie, polar hard boiled…
Origine : États Unis, Royaume Uni, Allemagne et Canada
Date de sortie : Avril 2006
Durée : 108 minutes
Distribution : Josh Hartnett, Morgan Freeman, Lucy Liu, Ben Kingsley, Bruce Willis, Stanley Tucci, Danny Aielo…

Si en ce moment, tout le monde salue la performance de Josh Hartnett dans le film Trap (à juste titre, il y est parfait !), il serait quand même de bon ton de rappeler que le bougre a TOUJOURS été un excellent acteur, tenant la dragée haute à un panel d’acteurs fabuleux et accomplis. Pour preuve Slevin, comédie policière (mais pas que !) dans laquelle il vampirisait littéralement l’écran face à des ténors comme Morgan Freeman, Ben Kingsley, Lucy Liu, Stanley Tucci ou encore et surtout Bruce Willis. Excusez du peu. Et pourtant malgré un casting cinq étoiles, Josh Hartnett réussissait déjà l’exploit de porter le film.

Mais Slevin, de quoi ça parle ? Très bonne question et je vais tout de suite y répondre.

Slevin Kelevra est un poissard. Qui cumule. Il vient de perdre son boulot, son logement et sa copine le trompe. Il décide donc d’aller rendre visite à un de ses amis, Nick, sur New York, mais se fait voler ses papiers, Nick est introuvable et comme celui-ci doit un paquet d’argent à deux chefs mafieux en guerre et que Slevin ne peut justifier de son identité, les deux chefs mafieux (le Boss et le Rabbin) le prenne pour Nick et lui demande chacun un service. En parallèle, un énigmatique tueur à gage, Goodkat, sème le chaos dans la ville.

 

Le film de prime abord fait penser à nombre de comédie policière, Snatch et Kiss Kiss Bang bang en tête. Les acteurs sont excellents, les dialogues regorgent de punchlines, l’humour, basé en grande partie sur le quiproquo et les situations parfois absurdes, fait mouche, le scénario est intriguant, les personnages bien écrits et attachants… (voir la scène où Josh Hartnett et Lucy Liu s’amusent sur les interprètes de James Bond.)

Bref, le film est éminemment sympathique, et se suit avec la banane, les déboires du pauvre Slevin, qui malgré une poisse cataclysmique se dote paradoxalement d’une chance parfois insolente, nous mettant directement en empathie pour lui, d’autant que sa débrouillardise et son bagout séduisent instantanément.

 

Et pourtant…

Si comme je le disais le film commence comme une vraie comédie policière, le film bascule dans son dernier acte dans une noirceur imprévisible. Toutes les cartes sont redistribuées et les masques tombent.

On comprend que toute cette embrouille à la « Kansas city shuffle » a été préméditée par Slevin et Goodkat. Et nous avons en fait affaire à une terrifiante histoire de vengeance.

En effet, si le Boss et le Rabbin, les deux chefs mafieux semblent tout le long du film plutôt sympathiques, souriant et débonnaires, on voit dans un flashback vieux de vingt ans que les deux hommes à leur débuts étaient des monstres impitoyables, ayant fait exécuter salement les parents de Slevin pour un dette. Goodkat qui devait tuer Slevin, alors enfant, n’a pas pu s’y résoudre et l’a pris comme apprenti, mettant donc vingt ans à planifier une vengeance assez cruelle. Car si Slevin a subi un traitement injuste, il n’en est pas devenu bon pour autant et si sa vengeance est compréhensible, il n’en reste pas moins un tueur de sang froid, tuant sans la moindre hésitation des innocents, notamment les fils respectifs du Boss et du Rabbin pour les monter l’un contre l’autre. La transition avec ce qui a précédé est brutale et vraiment inattendue, faisant passer le film de comédie noire à film noir tout court. Et pourtant, malgré le fait que tous nos protagonistes soient d’immondes salopards, c’est in fine l’humanité qui l’emporte, Slevin ne pouvant se résoudre à tuer Lindsey (Lucy Liu ) seul vrai morceau d’innocence du film. Il l’épargne dans une scène faisant écho à la grâce que Goodkat lui avait accordé.

 

Bref, un très, très bon film, excellent de bout en bout, bien qu’un peu bavard parfois dans ses explications. C’est bien le seul reproche qu’on peut lui faire et c’est plus du pinaillage qu’autre chose.

Je vous le recommande vivement.

 


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