Pays : États-Unis
Casting : Charlie Chaplin, Edna Purviance, Tom Wilson, …
Durée : 30 minutes
Année : 1918
Les années auront beau passer, rien ne pourra rendre dépassé l’humour de Chaplin ou (tristement) ses interrogations sur une société en crise.
Tandis que Charlot cherche un emploi, il trouve un chien, tout aussi abandonné que lui.
Il suffit de visionner le film en public avec n’importe quelle audience pour constater que l’humour de Chaplin est intemporel. Véritable maître de la facétie, il prouve que le timing est essentiel en comédie, que ce soit dans le niveau de répétition d’un acte à but humoristique ou pour faire le moindre geste. Rien n’est laissé au hasard, que ce soit dans ses parties visuelles ou écrites (beaucoup de gens se reconnaîtront dans une tentative de séduction assez peu réussie). En une trentaine de minutes, Chaplin condense divers ressorts comiques sans qu’aucun ne paraisse dépassé, et ce malgré le siècle séparant la sortie du film de nos jours. Là où la plupart des comédies actuelles s’enferment dans du fourre-tout nawakesque qui fait dater des produits sortis il y a quelques temps à peine (coucou Alad2), Chaplin arrive à rester maître de ses effets pour qu’ils puissent toujours fonctionner tout en touchant le plus large public possible et sans ignorer son contexte.
En effet, les États-Unis connaissaient à l’époque une crise économique grave, provoquant le désarroi quotidien de nombreux américains. Chaplin ayant vécu les mêmes soucis financiers dans sa jeunesse, il ne pouvait ignorer la situation. Même la musique du film, créée par Chaplin lui-même, prend en compte cette situation, le thème associé au chien et finalement à Charlot jouant d’un air misérabiliste pour appuyer la tristesse de leur quotidien. De quoi permettre de rire dans la pauvreté sans la moquer ni la stigmatiser (coucou nouvelles aventures d’aladin). Chaplin traite au premier degré cette misère ambiante et arrive malgré tout à en tirer des larmes de rire sans tomber dans le chantage gratuit aux larmes. Pas besoin de forcer les spectateurs au lacrymal pour leur faire ressentir le désarroi de ses héros et leur faire ressentir au mieux le bonheur de s’affranchir de leur situation.
Charlie Chaplin était, est et sera toujours un roi de la comédie, offrant des œuvres aussi riches dans l’humour que dans le drame, tout en faisant tout pour offrir aux spectateurs un arc-en-ciel dans le ciel le plus gris qui soit. Vous pourrez voir « Une vie de chien » en compagnie de n’importe qui, il est impossible de ne jamais lâcher et entendre un rire tout en finissant la projection ivre de satisfaction. On ne peut pas en dire de même de la plupart des étrons plats déjà périmés qui envahissent nos salles. Au diable les tuches, kev adams et autres clones foireux de Gaston Lagaffe quand un maître intemporel de l’humour donne de telles leçons de comédie.