L’un est rouge, l’autre jaune.

Ils sont tous les deux immortels. Parce qu’ils le sont déjà beaucoup, et que même que quand ils meurent, ils revivent.

Pourquoi ? Ca serait trop long à vous expliquer : des cases et des cases et des planches et des planches… Des films, des sequels, des spin-offs, des préquels, des cross overs et même des multivers !

C’est pas ça qui compte le plus. L’essentiel, c’est l’humain, l’universel, ce qui en reste. Ce qui en restera. Ce qui sera immortel, en quelque sorte.

« Si tu pouvais faire un vœu, ça serait lequel ? » Faudrait voir les stats, mais le vœu d’immortalité doit être pas trop mal placé…

Et pourtant, là, hormis le fait qu’ils sont super-héros, qu’ils ont leurs films et même leur franchise, ça ne fait pas des masses rêver.

C’est dur, dur d’être héros

Le rouge est immortel, et tout le monde s’en cogne. Il s’est même fait jeter par sa femme : trop risqué d’être la femme d’un trop spécial. Puis de toutes façons, le rouge est trop occupé avec ses grandes responsabilités. C’est parce qu’il a un grand pouvoir : vous avez la réf ? Evidemment, c’est la réf d’un autre rouge, bien plus populaire d’ailleurs… Injustice ? Et oui, j’oubliais : le rouge a aussi le pouvoir de casser le 4ème mur. Ca, ça le rend très drôle, et au final ça contribue à son succès… Au cinéma tout du moins ! Dans sa vraie vie à lui, on imagine que ça fait passer l’ennui et les autres tourments… L’humour est-il une épée contre ses propres névroses ? En tout cas, ça fait plaisir : tout ça prouve que le méta n’est pas forcément relou.

Bref, le rouge est immortel, et tout le monde s’en cogne. Le jaune est immortel, et il cogne tout le monde. On n’ira pas jusqu’à dire qu’il est misanthrope, mais en tout cas, il n’est pas très loquace. Il a sa franchise comme on disait tout à l’heure, et il a sa franchise. Un mec trop direct ! Mais en vrai, c’est un sentimental : il s’attache vite ! Puis ça fait longtemps qu’il vit : destin inéluctable quand on est immortel. Il en a vu passer des trucs très très tristes, il en a subi des injustices très très injustes. En bon super-héros, il en a protégé des vies. Et comme il faut bien que les méchants fassent très très peur, il en a vu des vies s’évaporer, se déliter, se déchiqueter… Parce qu’on n’est pas tous immortels.

Plus c’est long, plus c’est pénible !

Ca en fait des souffrances quand même. C’était pas pour se défausser que Sartre disait que l’Enfer c’était les autres. Les autres qui s’écartent du rouge alors que lui, il aimerait juste faire partie d’une team, d’une famille, d’un couple. S’écarter de la solitude. L’enfer du jaune, c’est cette culpabilité à ne pas avoir su protéger ses protégé.e.s, c’est la culpabilité à être lui en tant qu’être différent des autres. L’enfer, c’est être différent des autres ?

Peut-être qu’en fait le problème, c’est pas vraiment l’immortalité en fait. C’est la différence. Quoique, si on était tous immortels, ça amènerait d’autres problématiques. Et si leur vraie différence, c’était d’être des super-héros ? L’ont-ils vraiment choisi ? Le rouge, il adore ça : les strass et les flashs. C’est mieux que de mourir d’un cancer… Le jaune, il a été conçu pour être une machine de guerre… Sobre et efficace. Alors, manque de reconnaissance ? Ou les rêves de grandeurs étaient trop grands ? L’œuf, ou la poule ?

Y a rien de pire dans la vie que de se prendre pour un super. Que tu le sois ou pas d’ailleurs. Kiss Ass, si tu m’entends… Alors si tu te sens des pouvoirs te pousser, reste pudique. « On est beau quand on est pudique ».

Même si ça fait moins de likes. Et moins d’entrées. Parce que là, c’est vrai qu’il y aurabeaucoup d’entrées pour aller voir le rouge et le jaune. Sûrement beaucoup plus que si ça planchait sur un reboot de « Le rouge et le noir ». Mais ceci est une autre histoire : le multivers est infini !


Article précédentTo The Moon de Greg Berlanti [La critique du film]
Article suivantEn septembre sur Netflix
Marcel Duchamp
Marcel Duchamp, du Nord de la France. Slameur et cinéphile éclectique qui peut alterner entre blockbusters, films d’auteur, films français, américains, petits films étrangers, classiques du cinéma. J’aime quand les films ont de la matière : matière à discussion, à interprétation, à observation, à réflexion… Quelques films que j’adore pour cerner un peu mes goûts : Matrix, Mommy, Timbuktu, la Cité de la Peur, Mission Cléopâtre, Enemy, Seven, Fight Club, Usual Suspect, Truman Show, Demain, Big fish, La Haine, La Vie est belle, Django, Rubber, Shutter Island...

Laisser un commentaire