Pays Italie
Année 1977
Casting Shelley Winters, Max von Sydow, Laura Antonelli, …
Genre Drame, Policier
La critique de Liam
Rimini nous fait découvrir une pépite noire qu’on croyait perdue.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, une femme assassine sauvagement ses amies et les transforme en savon, avant de reprendre le cours de sa vie.
À peine entamons nous le film que l’on comprend qu’il va nous prodiguer un moment assez noir par ses décors et sa gestion particulière de la photographie (appuyé par notre contact de la boîte de distribution confirmant que le master du disque a été approuvé par Daniele Nannuzzi, fils du chef opérateur du film Armando Nannuzzi et lui-même opérant dans le même domaine). Il y a une atmosphère de déliquescence qui se dégage, quelque chose qui nous happe telle une odeur putride mêlée à du souffre, collant à l’histoire vraie qui aura inspiré le récit.
Dès lors, on ne sera guère étonné devant ses quelques sursauts graphiques de bon aloi, comme le symbole d’une perdition morale face à l’inéluctabilité de la mort et son influence sur sa famille. Le film se fait alors une résonnance sourde d’une femme qui se mue en figure terrifiante de maternalisme proche de la créature de conte. Cela convient à un ton particulier, passant notamment par l’incarnation des victimes par des acteurs masculins, subissant autant l’action qu’ils la résolvent par une double personnification. Cette décision, ainsi que d’autres que nous vous laisseront découvrir, appuient le grotesque de l’ambiance avec une certaine colère de fond, se dégageant également des murs de la résidence, proche d’une demeure mortuaire implacable et étouffante.
Si le long-métrage fonctionne toujours aussi bien, c’est sans doute en partie par la bonne teneur de l’édition fournie par Rimini. Les suppléments comportent un entretien avec Daniele Nannuzzi qui travailla donc avec son père sur le tournage en étant chargé des éclairages du film et René Marx, directeur adjoint de l’Avant-Scène Cinéma qui revient sur Mauro Bolognini.
Œuvre particulière donc que ce Black Journal et sa morbidité confondante qui flotte sur l’entièreté du long-métrage. De quoi remettre en avant ce qui était apparemment considéré comme un bijou perdu de son réalisateur. Maintenant qu’on l’a retrouvé, on peut confirmer que sa réputation est amplement méritée.
La critique de Nicolas
Novembre est décidément le mois de Mauro Bolognini ! Après 4 films en coffret par Carlotta c’est Rimini qui nous offre encore une fois une édition de grande qualité !
Black Journal est un film sacrément surprenant ! Lea revient s’installer avec son mari en Italie et revoit son fils unique. Elle se rend compte que se dernier est amoureux de Sandra une belle jeune femme. Lea se met à développer une jalousie maladive envers Sandra et commence à commettre des meurtres et transforme les cadavres en savon !
Derrière l’aspect horrifique et sordide de l’histoire il y a un fait divers, en effet le film est tiré d’une histoire vraie qui s’est déroulée avant la 2ème Guerre Mondiale.
Black Journal est un film incroyable, visuellement époustouflant, le film est un mélange de drame, d’horreur et de comédie. D’ailleurs parfois l’aspect sophistiqué et baroque de la mise en scène rappel le fameux Giallo italien.
Les prestations des acteurs sont impressionnantes notamment Shelley Winters incarnant parfaitement la cruelle et mélancolique Lea, Max von Sydow se travestit en femme et joue très bien la puritaine bouleversée par ses démons. Le reste du casting est lui aussi excellent.
Bolognini traite encore une fois de la folie et en fait une conséquence de la peur de la mort et du fascisme. Lea a vécut le traumatisme de la 1ère Guerre Mondiale et craint la prochaine.
Elle développe un amour pratiquement incestueux pour son fils ce qui la pousse vers une descente aux enfers presque insoutenable. Le personnage subit une transformation pratiquement physique, elle devient littéralement une sorcière terrifiante et morbide, digne des contes de fées. Le film évoque par exemple Hansel et Gretel avec ce personnage qui sombre dans une folie meurtrière et monstrueuse.
Bolognini livre un film entêtant, difficile et parfois poétique, la musique composée par Enzo Jannacci & Mina est sublime, elle devient presque un personnage rappelant la funeste destinée de son personnage principal.
Il s’agit sûrement d’une des œuvres les plus impressionnantes de Bolognini et pousse à continuer la découverte d’un grand auteur qui me paraît de plus en plus essentiel !
Du côté de l’édition elle est de grande qualité. La restauration du film est sublime et les bonus sont très intéressants et apportent un éclairage supplémentairement pour plonger dans la psyché du film.
Du grand cinéma comme je l’aime !