À l’occasion de sa sortie en DVD et Blu-Ray chez Carlotta, revenons sur « La dixième victime » d’Elio Petri.
Afin de réduire les meurtres et contrôler les excès de violence, un jeu est organisé : un chasseur doit retrouver sa proie et l’éliminer avant que celle-ci ne le tue. Alors qu’elle est à sa dixième participation, Caroline tombe sur Marcello…
Le réalisateur italien (dont c’était le cinquième film) aborde l’anticipation avec un style résolument particulier. Là où, sur un sujet presque similaire, James De Monaco abordait ses « Purges » dans une Amérique froide et violente, Petri situe son action dans une Italie colorée et pop, appuyée par une photographie mettant en avant cette ambiance vive. Certains pourront trouver cette esthétique kitsch ou datée mais cela confère au film un aspect assez différenciable par rapport à un genre où la colorimétrie est réduite pour souligner l’ambiance pesante de la société dans laquelle survivent les protagonistes.
Si cet aspect visuel est aussi marqué, c’est également pour faire le lien avec une société de consommation dans laquelle l’image est tout ce qui compte. En cela, Petri offre un message visionnaire, préfigurant la télé réalité et ses effets dévastateurs sur ses participants. Mais outre offrir ce spectacle de chasse à l’homme comme attirant pour les spectateurs de l’univers du film, Petri nous le décrit aussi comme cela pour nous attirer nous, public extérieur à la pellicule. On a ainsi des relents James Bondiens, par la présence notamment d’Ursula Andress ou le charisme de Marcello Mastroianni en victime peu attachante, nous interrogeant sur le lien empathique à adopter avec les personnages.
Le DVD rend grandement justice à la qualité visuelle du film par sa restauration 2K. Il faut en revanche souligner l’absence de bonus, mis à part une bande-annonce, et que le film n’est disponible qu’en version originale italienne sous-titrée. Mais que cela ne vous gâche en rien le visionnage de ce film aussi pop et coloré sur la forme que cynique et sombre sur le fond.
Car en effet, cette « Dixième victime » prouve que l’on peut allier différents styles tout en proposant une critique acide et avant-garde de ce que deviendra notre société où l’humanité rapporte moins qu’une bonne image…