Le cinéma possède sa propre mythologie. Au sein même de cet art, résident quelques anomalies, des personnages récurrents qui traversent les époques. Le scénario et l’action sont mis au goût du jour, certes. Mais la genèse du personnage, l’essence même de ce qu’il est, ne change pas.
James Bond est le parfait personnage pour illustrer cette mythologie bien présente. L’espion de sa majesté est ainsi sur nos grands écrans depuis des décennies. Forcément, il a dû s’adapter, transformer ses gadgets et ses intrigues pour coller avec ses contemporains.
C’est dans ce cadre que les films James Bond ont souvent évolué avec le cinéma.
Des épopées des années 70 aux véritables blockbusters d’action des années 90, un nouveau virage est amorcé avec l’arrivée de Daniel Craig. Le public, qui consomme de plus en plus de films et de séries, le succès de Netflix en atteste, va avoir le droit à un véritable film d’espionnage.
Analyse du tournant pris par la saga en 2006.
Pierce Brosnan, le sourire éclatant et la gâchette facile
Dans les années 90, la mode est aux films d’action. Le héros, dans ce genre de films, possède souvent les mêmes caractéristiques. Pro de la gâchette, il est aussi l’instigateur des bons mots. Dans le cas des James Bond de Pierce Brosnan, il est pleinement le “comique relief » de la saga.
Doté d’un bagou et d’un second degré omniprésent, le héros du superbe GoldenEye se fondait alors parfaitement dans le genre à son époque. Avec les succès des Die Hard avec Bruce Willis, de Terminator et autres Speed, James Bond ne fait qu’épouser les codes du film d’action en vogue à cette époque.
Pourtant, l’émergence de saga comme La mémoire dans la peau va peu à peu ringardiser la débauche de cascades et de punchline présentes dans les films d’action des années 90. Le dernier film d’EON Productions avec Pierce Brosnan, Meurs un autre jour, sonne comme le clap de fin d’une ère, et le commencement d’une autre.
Suivant les préceptes de la série, les producteurs vont donc s’adapter à la nouvelle époque et livrer un reboot complet qui surprendra les fans comme les cinéphiles.
Moins de cascades et plus d’intrigues, de tensions et de réalisme. Daniel Craig est choisi pour incarner ce nouveau James Bond. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Casino Royale, le premier film de ce renouveau, brise totalement les codes de sa propre saga.
Daniel Craig, visage d’un espion bien plus proche de la réalité
Fini les fusillades avec une kalachnikov à la main, une James Bond girl de l’autre. Casino Royale nous plonge dans une tout autre ambiance. Plus feutrée, plus insidieuse, plus dangereuse aussi.
Remake d’un roman de Ian Fleming, à l’origine du personnage, Casino Royale a d’abord été un téléfilm en 1964 avant de devenir une comédie au cinéma en 1967. Mais le film de 2006, lui, revient au roman et dépeint ainsi la première mission d’un James Bond en proie aux doutes face à un monde sans scrupules. Le changement de paradigme se ressent avant tout dans la façon dont le réalisateur met en valeur l’intrigue.
Ici, James Bond fait face à un adversaire redoutable, Le Chiffre, au travers d’une partie de poker. Le jeu est donc intimement lié à l’intrigue alors même qu’elle se veut plus réaliste.
Un paradoxe en apparence qui, pourtant, donne toute sa profondeur à cette œuvre. L’excellente note de 8/10 sur le site de référence IMDb le prouve.
En effet, la double lecture que peut en faire le spectateur est bénéfique pour l’expérience. Le jeu représente ainsi la bataille entre James Bond et le Chiffre, entre le bien et le mal. C’est au travers de cette partie que les différents acteurs du jeu politique mondial s’affrontent. Un parallèle osé qui jure complètement avec la direction qu’avait prise la saga dans les années 90.
Un monde qui change, un James Bond qui s’adapte
Si un tel remake a été possible en 2006, c’est avant tout grâce au public. En effet, avec l’émergence des casinos en ligne comme Vegas Slots Online, les codes du jeu sont de plus en plus partagés. Aujourd’hui, les codes du casino, pourtant autrefois réservés à une élite, sont accessibles à tous, à tout moment. Le pari de remettre au goût du jour une ambiance et une genèse par le jeu était soutenu par la popularité des casinos et notamment les plateformes en ligne.
C’est bien cette connaissance intrinsèque des règles qui a permis d’impliquer le spectateur et de lui faire suivre une partie pendant le premier acte du film. Une partie qui comporte en elle-même des rebondissements, des difficultés, tout un tas de péripéties qui n’auraient pas pu exprimer leurs pleins potentiels sans une avancée de la société dans la connaissance des jeux de casino en général.
La démocratisation des films et des œuvres étrangères a aussi participé à ce changement. Beaucoup plus ouvert sur différents styles notamment grâce aux plateformes de streaming, le public était prêt pour découvrir un véritable film d’espionnage. Moins tape à l’œil, certes, mais qui touche le cœur et les tripes du spectateur. Un pari réussi qui s’est terminé avec Mourir peut attendre.
Un autre virage se fera sans doute avec le nouveau volet de la saga, un tournant qui suivra les tendances du cinéma, comme l’a toujours fait notre espion préféré.