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Épatante relecture du genre, ce film de braquage surprenant décrypte en filigrane l’Amérique profonde. Celle qui, à bout de souffle, s’apprête à voter Trump. Polar efficace et stylisé, le film confirme le savoir-faire du Britannique David Mackenzie, qui réussit son passage dans le cinéma hollywoodien.

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Réalisateur : David Mackenzie
Acteurs : Chris Pine, Ben Foster, Jeff Bridges, Gil Birmingham, Katy Mixon
Titre original : Hell or High Water
Genre : Policier / Polar / Film noir
Nationalité : Américain
Editeur vidéo : Wild Side Video
Date de sortie : 7 septembre 2016
Durée : 1h42mn
Festival : Festival de Cannes 2016, Festival de Deauville 2016

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Et si, pour rembourser vos dettes à la banque, vous alliez la braquer ? C’est le plan délirant de Toby et Tanner Howard (Chris Pine et Ben Foster), deux frangins au bout du rouleau qui cherchent à éviter la saisie de la propriété familiale. La stratégie est simple : dévaliser au petit matin les agences des villages quasi déserts de leur Texas, puis rendre, littéralement, au créancier la monnaie de sa pièce. Face à eux, un flic proche de la retraite (Jeff Bridges) et son meilleur ennemi d’adjoint (Gil Birmingham), bien décidés à démêler l’affaire.

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Après la mort de leur mère, deux frères organisent une série de braquages, visant uniquement les agences d’une même banque. Ils n’ont que quelques jours pour éviter la saisie de leur propriété familiale, et comptent rembourser la banque avec son propre argent. À leur trousses, un ranger bientôt à la retraite et son adjoint, bien décidés à les arrêter.

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Remarqué par ses incursions réussies dans le drame social (My Name is Hallam Foe) ou le film de prison (Les Poings contre les murs), le Britannique David Mackenzie a été tenté, comme d’autres, par les sirènes de Hollywood, qui lui a offert un précieux pont d’or. Comancheria confirme sa virtuosité, même si on était en droit d’attendre davantage d’un réalisateur que l’on sent plus désireux de séduire les producteurs et le public américains que de creuser la veine personnelle déployée dans sa période anglaise. Comancheria n’en est pas moins un film d’action très plaisant et intelligent, croisant les genres du polar et du western, comme a su le faire également le Roumain Bogdan Mirica avec Dogs, projeté dans la même section Un Certain Regard de Cannes 2016. Le réalisateur s’aventure aussi sur les terrains du road movie et du buddy movie.

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On songe pêle-mêle au No Country for Old Men des frères Coen, à Pat Garrett et Billy le Kid de Sam Peckinpah et à toute la veine du cinéma mélancolique des années 1970. Celui où des tandems de perdants magnifiques errent et galèrent dans une Amérique de laissés-pour-compte.

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Comancheria évoque en creux l’esprit hors la loi, les zones morales grises et la métamorphose de l’Ouest: « Comancheria est un mot espagnol pour décrire la zone où les Comanches vivaient aux États-Unis », nous expliquait, au dernier Festival de Cannes, le discret David Mackenzie. « J’ai choisi ce titre parce qu’il évoque en creux les thèmes du film : la dépossession, l’esprit hors la loi, les zones morales grises, les liens familiaux et l’esprit de sacrifice pour la famille, et bien sûr la métamorphose de l’Ouest… » Et sa persistance dans la psyché américaine.

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Scénarisé par Taylor Sheridan, qui a précédemment signé l’excellent Sicario, le film livre une relecture contemporaine du western par cette confrontation d’un monde finissant et d’une modernité destructrice. Rétifs à l’autorité de l’État, les autochtones dégainent leurs colts et se lancent eux-mêmes à la poursuite des braqueurs, les 4 x 4 ayant juste remplacé les chevaux.

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Après le huis-clos oppressant des Poings contre les murs, les grands espaces arides de l’Ouest américain rythment une action sans failles, sur fond de vengeance envers le système bancaire, secteur d’activité de l’économie qui semble au cœur de nombreux films sarcastiques, de Capitalism : a Love Story de Michael Moore au récent The Big Short : le Casse du siècle d’Adam McKay… Mais cet aspect relève vite du MacGuffin tant Mackenzie et son scénariste Taylor Sheridan (Sicario) ont préféré s’attacher à deux duos de personnages.

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C’est d’abord l’association formée par un flic facétieux et désabusé (Jeff Bridges, en roue libre) et son collègue taciturne (Gil Birmingham), mi-Indien mi-Mexicain, qui doit supporter ses vannes. C’est ensuite le rapport trouble entre deux frères très opposés, version glauque d’Abel et Caïn : le stratège Toby (Chris Pine, échappé de Star Trek) a besoin des gros bras de Tanner (Ben Foster), dont les pulsions violentes seront à l’origine de biens des déboires. Cette silhouette très cartoonesque semble surgir d’un film des frères Coen ou de Shane Black (The Nice Guys), dont l’humour trash semble influencer Mckenzie.

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En même temps, le cinéaste n’omet pas les thèmes de ses films antérieurs, à savoir la famille, la masculinité, la loyauté, et la difficulté à trouver sa place dans la société actuelle. « Ce qui m’a intéressé, c’est que le film offre une réflexion sur l’Amérique contemporaine et sur les questions des rapports entre communautés, des armes à feu […] et du besoin de faire justice soi-même. En tant qu’Européen, c’était exaltant de prendre un instantané de l’Amérique […] J’ai malgré tout cherché à réaliser un film dont l’identité visuelle et culturelle soit américaine ». Ces déclarations du réalisateur révèlent l’ambition de sa démarche mais on reste sur l’impression d’assister à un exercice de style certes brillant mais manquant un peu d’âme et de sincérité.

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Comme ses héros, Comancheria ne paie d’abord pas de mine et l’on pourrait facilement le prendre pour un polar de plus, au concept certes amusant. En réalité, sous le chrome du film à flingues se cache un futur classique aux infinis degrés de lecture. Comancheria est à la fois – accrochez-vous – un buddy movie tragi-comique, une chronique familiale sur le poids des racines, un portrait acéré des mentalités texanes, une radiographie de l’agonie d’une certaine Amérique et peut-être le premier vrai western ancré dans notre époque. Le tout habité par un quatuor d’acteurs incandescents, sous la mise en scène inspirée d’un réalisateur (écossais !) s’abreuvant aux sources des plus grands.

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« Il y a cent cinquante ans, tout ça était la terre de mes ancêtres… jusqu’à ce que les grands-parents de ces gens la leur prennent. Et maintenant, d’autres la leur prennent. Sauf que cette fois, c’est pas une armée, ce sont ces fils de pute là-bas », murmure l’adjoint du shérif, descendant de Comanche et de Mexicain, en désignant la banque visée par les frères Howard.

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À travers eux, on entend la voix de cette Amérique écrabouillée par la crise de 2008, désespérée par le système et prête à voter Donald Trump à la prochaine élection. Dans l’écrin de son suspense policier réaliste, tourné en lumière naturelle, Comancheria manie les contrastes en orfèvre. Car ces considérations politiques et sociales n’enlèvent rien à ce qui fait l’autre intérêt du film : l’adrénaline des scènes d’action et la drôlerie des situations. Oui, on peut même le regarder en mangeant du popcorn !

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Pierre Bryant
Cinéphile depuis mon plus jeune âge, c'est à 8 ans que je suis allé voir mon 1er film en salle : Titanic de James Cameron. Pas étonnant que je sois fan de Léo et Kate Winslet... Je concède ne pas avoir le temps de regarder les séries TV bonne jouer aux jeux vidéos ... Je vois en moyenne 3 films/jour et je dois avouer un penchant pour le cinéma d'auteur et celui que l'on nomme "d'art et essai"... Le Festival de Cannes est mon oxygène. Il m'alimente, me cultive, me passionne, m'émerveille, me fait voyager, pleurer, rire, sourire, frissonner, aimer, détester, adorer, me passionner pour la vie, les gens et les cultures qui y sont représentées que ce soit par le biais de la sélection officielle en compétition, hors compétition, la semaine de la critique, La Quinzaine des réalisateurs, la section Un certain regard, les séances spéciales et de minuit ... environ 200 chef-d'œuvres venant des 4 coins du monde pour combler tous nos sens durant 2 semaines... Pour ma part je suis un fan absolu de Woody Allen, Xavier Dolan ou Nicolas Winding Refn. J'avoue ne vouer aucun culte si ce n'est à Scorsese, Tarantino, Nolan, Kubrick, Spielberg, Fincher, Lynch, les Coen, les Dardennes, Jarmush, Von Trier, Van Sant, Farhadi, Chan-wook, Ritchie, Terrence Malick, Ridley Scott, Loach, Moretti, Sarentino, Villeneuve, Inaritu, Cameron, Coppola... et j'en passe et des meilleurs. Si vous me demandez quels sont les acteurs ou actrices que j'admire je vous répondrais simplement des "mecs" bien comme DiCaprio, Bale, Cooper, Cumberbacth, Fassbender, Hardy, Edgerton, Bridges, Gosling, Damon, Pitt, Clooney, Penn, Hanks, Dujardin, Cluzet, Schoenaerts, Kateb, Arestrup, Douglas, Firth, Day-Lewis, Denzel, Viggo, Goldman, Alan Arkins, Affleck, Withaker, Leto, Redford... .... Quant aux femmes j'admire la nouvelle génération comme Alicia Vikander, Brie Larson, Emma Stone, Jennifer Lawrence, Saoirse Ronan, Rooney Mara, Sara Forestier, Vimala Pons, Adèle Heanel... et la plus ancienne avec des Kate Winslet, Cate Blanchett, Marion' Cotillard, Juliette Binoche, Catherine Deneuve, Isabelle Huppert, Meryl Streep, Amy Adams, Viola Davis, Octavia Spencer, Nathalie Portman, Julianne Moore, Naomi Watts... .... Voilà pour mes choix, mes envies, mes désirs, mes choix dans ce qui constitue plus d'un tiers de ma vie : le cinéma ❤️

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