Réalisateur : Christopher Nolan
Année de sortie : 2005
Pays : USA
Casting : Christian Bale, Michael Caine, Liam Neeson, Cilian Murphy
En prévision du live consacré à Christopher Nolan le 19 août, nous vous proposons une rétrospective sur la carrière du réalisateur. Nouvelle étape : « Batman Begins »
Alors que Warner tente de relancer ses icônes DC, la firme subit un échec financier avec Superman Returns. Si le film est loin d’être mauvais (prenant en compte notamment le retour du super-héros lumineux dans une Amérique marquée par les événements du 11 septembre), il ne fait malheureusement pas les affaires du studio. Warner a heureusement tiré une autre carte de son jeu avec Batman quelques temps avant. Assez de temps s’est écoulé depuis le tristement célèbre « Batman et Robin », il serait donc grand temps de le faire ressortir de sa batcave. Alors que de nombreuses options avaient été considérées (comme une version où le justicier masqué serait interprété par Clint Eastwood devant la caméra de Darren Aronofsky), c’est finalement à Christopher Nolan que revient la tâche de réiconiser un personnage désacralisé par les deux films de Schumacher.
Batman Begins suit les débuts de Bruce Wayne en tant que Batman, ainsi que son apprentissage pour nettoyer sa ville de Gotham de la corruption qui la gangrène. Mais il va devoir également faire face à d’autres ennemis dont un qui lui est intimement lié.
Le choix paraissait incongru et pourtant Nolan l’a fait : il a redonné vie à Batman au cinéma en lui donnant un style propre par l’ancrage dans une certaine forme de réalisme. Ayant les mains presque libres (la seule demande de la Warner aurait été une classification PG13), il rend ses lettres de noblesse à un mythe déchu (cinématographiquement parlant). Le réalisateur se permet quelques modifications (le meurtre des parents Wayne) et d’injecter des éléments nouveaux (Rachel Dawes) tout en expliquant la légende en racontant son entrainement dans la Ligue des Ombres et en insérant quelques détails respectueux envers les comics originaux (la présence du personnage de Zsasz, la fin annonçant « The dark knight ») dans un mélange sur le fil entre la réappropriation et le respect. Certains pourraient se plaindre (à raison) de ce manque de mystère autour de l’homme chauve souris, reste que le résultat est là. Profitant d’un casting de qualité, il tisse un récit aux accents par moments policiers (rattachant ainsi le film à ses premières œuvres) et se permet même un climax jouant avec sa classification en remontant les peurs des habitants de Gotham, le tout en suivant un Bruce Wayne marqué qui tente de rendre justice à sa manière.
Si l’on peut reprocher une certaine sur-explication de son scénario (le climax où l’on fait répéter deux fois les conséquences qu’aurait la réussite du plan du méchant) et quelques scènes d’action assez brouillonnes (explicable lors de la première scène avec Batman au vu de l’effet qu’il a sur les hommes de main qu’il attaque), « Batman Begins » s’avère une mise en bouche appétissante, remettant l’homme chauve souris sur les rails du succès par son ton plus réaliste et sombre (compréhensible de par son ancrage dans un monde proche du nôtre et donc marqué aussi par le terrorisme). L’opposition avec son homologue kryptonien se fait donc plus claire : là où un héros lumineux et christique voit son retour sur grand écran boudé par le public, le renouveau sombre d’un héros marqué par la noirceur fait un tabac au box office. « Batman Begins » a donc motivé tous les studios à rebooter leurs sagas avec une tournure plus mature, plus adulte et surtout plus réaliste au vu de son succès. Un succès qui sera dépassé encore par ses deux volets suivants, mais avant nous devrons retourner vers quelque chose de plus magique et, d’une certaine manière, prestigieux…