Réalisateur : Christopher Nolan
Année de sortie : 2000
Pays : USA
Casting : Guy Pearce, Carria-Anne Moss, Joe Pantaliano
En prévision du live consacré à Christopher Nolan le 19 août, nous vous proposons une rétrospective sur la carrière du réalisateur. Deuxième étape : « Memento »
Comme écrit dans l’article sur « Following », faire un premier film est une étape très ardue pour tout jeune cinéaste de talent. Mais il existe une tâche plus compliquée encore : concrétiser le dit talent dans un second film. Beaucoup se sont cassés les dents devant une telle épreuve (Eduardo Sanchez et Daniel Myrick sont ainsi passés d’hommes derrière l’un des succès les plus rentables de l’histoire du cinéma à réalisateurs aux carrières portées disparues). Il faut donc trouver encore une fois quelque chose d’inventif pour se démarquer, balancer une nouvelle fois ses compétences aux yeux du monde et prouver son importance dans le milieu. Et une nouvelle fois, Christopher Nolan a montré qu’il n’était pas un réalisateur lambda ni un pétard mouillé mais qu’il avait assez de ressources pour se démarquer grâce à « Memento ».
« Memento » suit Leonard Shelby, un homme souffrant de troubles mémoriels suite à un choc. Malgré ce handicape, il cherche à retrouver l’homme derrière la mort de sa femme avec l’aide de polaroids annotés et de tatouages lui rappelant ses indices.
Comme « Following », « Memento » est un récit calqué sur le style du film noir : nous sommes face à un héros disposant d’une faiblesse le marquant et racontant son enquête par le biais d’une voix off. Du moins, c’est comme cela que commence le film car tout du long, Nolan va jouer avec ces codes et les difformer, tout comme il difforme son récit par une double chronologie croisées mais inversées. Cette forme de narration induit le spectateur dans la même confusion sensorielle que Leonard. Rajoutez à cela de nombreux flashs back (les souvenirs de la femme de Leonard, l’histoire de Sammy Jankins) et vous risquez d’y perdre la tête si vous ne faites pas un effort d’adhésion au film, ce qui est le but voulu du réalisateur. Leonard est un homme faible qui encourt de nombreux risques dû à son handicap et n’échappe ni à la perte de repères ni à la manipulation (en dire plus reviendrait à spoiler).Ainsi, « Memento » est un récit qui se joue aussi bien de son personnage principal mais également de ses spectateurs au vu de ses nombreux twists et des interprétations qu’il peut engendrer.
Film policier justifiant par son histoire sa construction narrative et aidé par un trio d’acteurs jouant de leurs diverses facettes pour jouer encore plus sur la confiance que peuvent leur porter les spectateurs, « Memento » aurait pu être l’un de ces récits classiques et déjà vu. Nolan arrive pourtant à le rendre unique et percutant. De quoi prouver que oui, Nolan a du talent et que non, il ne va pas laisser se faire bouffer tout cru par la machinerie hollywoodienne….