Réalisateur : Christopher Nolan
Année de sortie : 2007
Pays : USA
Casting : Chritian Bale, Hugh Jackman, Scarlett Johansson, David Bowie,Michael Caine
En prévision du live consacré à Christopher Nolan le 19 août, nous vous proposons une rétrospective sur la carrière du réalisateur. Etape d’aujourd’hui : « Le Prestige »
« Batman Begins » étant un succès aussi bien critique que financier, la Warner veut produire une suite aussi rapidement que possible afin de profiter du renouveau des personnages du catalogue DC après une longue période de trouble (entre autres les projets avortés « Superman Lives » par Tim Burton, « Batman Vs Superman » par Wolfgang Petersen et la « Justice League » par Georges Miller, le bide financier de « Superman Returns », l’atrocité que constitue la purge « Catwoman », …). Christopher Nolan en profite pour négocier les fonds et la production d’un film personnel avant de s’occuper des nouvelles aventures de l’homme chauve souris. Il s’attelle alors au « Prestige », l’adaptation d’un roman à succès de Christopher Priest sur lequel il travaille depuis des années avec son frère, et tout d’abord destiné à être son quatrième film, avant qu’un rongeur masqué prenne sa place.
« Le prestige » suit la lutte à travers les années de deux magiciens, Alfred Borden et Robert Angier. Leur rivalité va essentiellement tourner autour d’un tour, « L’homme transporté », un tour qui risque de mener les deux hommes à leur perte…
Et si « Le prestige » était le film le plus sous-estimé de Christopher Nolan ? En effet, si tout le monde vante le travail de scénario d’ « Inception », l’émotion prodiguée par « Interstellar », la double chronologie inversée de « Memento » ou la tonalité plus sombre de sa trilogie « Batman », moins de personnes louent la manière dont le réalisateur s’est réapproprié un livre pour l’inscrire dans sa carrière. Si le roman a connu apparemment des modifications, c’est avec la bénédiction de l’auteur (fan de « Following » et « Memento »). Donc Nolan a encore su, après un remake de polar norvégien et un super-héros culte, faire sien un matériel de base étranger. Nous avons donc droit à une tragédie subissant encore une altération de chronologie avec des alternances entre différentes périodes sans transition aucune mais avec néanmoins une fluidité exemplaire. Racontée en partie par les journaux respectifs des deux magiciens, l’histoire s’en trouve ainsi manipulée comme le spectateur, à la merci d’un réalisateur se jouant une nouvelle fois de nous comme de ses personnages. Au fur et à mesure que l’on avance, Nolan nous donne les clefs pour comprendre les tenants et aboutissants de l’histoire, ce qui devient parfaitement limpide aux visionnages suivants. Néanmoins, il faudra attendre jusqu’à la toute dernière image pour que le spectateur inattentif ou émerveillé par ce tour de passe-passe narratif reçoive toutes les pièces du puzzle. Le tout est sublimé par un fond tragico fantastique de bon aloi, où Hugh Jackman et Christian Bale trouvent sans aucun doute l’un de leurs meilleurs rôles (si pas le meilleur), sans oublier le pincement au cœur de revoir David Bowie dans les habits d’un Tesla charismatique. C’est même l’une des meilleures trouvailles du scénario (et venant également du livre) : prendre en toile de fond une Angleterre Victorienne propice à la croyance de la magie mais également en pleine ouverture dubitative aux innovations scientifiques.
A nouveau, Nolan fait preuve d’une maitrise visuelle et narrative de tout instant et nous livre une œuvre de grande qualité, un film sublime qui offre à ses spectateurs toutes les cartes pour l’appréhender sans le prendre par la main tel un enfant. Ainsi, « Le prestige » n’est pas qu’un bon film d’un réalisateur de qualité. Il est sans conteste un grand film, de ceux qui arrivent à gérer aussi bien son synopsis, son récit et son impact sur son spectateur. On peut donc comparer Nolan à un magicien des temps modernes, maitrisant totalement sa promesse, son tour et enfin, son prestige…