Sortie : 3 juin 1964 en salle et le 22 novembre 2022 en physique.
Durée : 2h20 
Genre : Biopic, Drame
De John Huston 
Avec Montgomery Clift, Susannah York, Larry Parks, Susan Kohner, Eric Portman

 

 

 

 

Réaliser un film sur Freud est un exercice compliqué tant le personnage représente à la fois un mythe intellectuel et incarne également une figure trouble remise en question depuis quelques temps. Cette dichotomie médiatique s’explique simplement par l’évolution de la science et de la psychanalyse qui prend conscience, parfois, des limites de concepts imaginés par le pape de cette façon d’approcher le comportement humain.

C’est en cela que le film de John Huston, Freud, Passions secrètes, surprend tant il propose une approche du personnage profondément moderne. Il fait le choix de plonger dans son subconscient afin de comprendre ce qu’est Freud en représentant directement ses angoisses à travers des cauchemars très angoissants. C’est ce cauchemar rythmé par le son d’une locomotive à vapeur qui caractérise une part de ses angoisses. D’ailleurs, c’est le portrait d’un homme fragile et peu convainquant aux yeux de ses collègues qui est dépeint pendant tout le film.

 

Freud est un film hanté par la noirceur au point que le noir et blanc dont se sert Huston évoque celui de l’expressionisme allemand. Tous les recoins du film sont hantés par l’angoisse et c’est ainsi que l’on se retrouve dans un film freudien par excellence. Sigmund Freud devient sous le regard du cinéaste une entité qui est sujette à l’imperfection, celle de son système de pensée et celle de sa propre nature humaine. La faiblesse du système Freud se manifeste notamment lors de ses interactions avec sa patiente Cecily Koertner qui semble souffrir d’un trouble qui pourrait être guéri par la psychanalyse. Mais le problème est ici la méthode dont il se sert afin de justifier des souffrances morales infligées à cette femme. Ainsi, Freud fait de ce soin un objectif égotique qui justifie tout et n’importe quoi, chaque séance est donc rendue insupportable par la caméra.

Ainsi, le portrait de Freud par Huston est très loin d’être reluisant sans pour autant être manichéen. Le cinéaste est surtout honnête et s’intéresse justement à cette fragilité qui caractérise le créateur de la psychanalyse et sa technique.

 

Le film est édité par Rimini dans un beau combo Blu-ray/DVD accompagné d’une Masterclass de John Huston (36’22) enregistrée le 15 mars 1981 au National Film Theatre / British Film Institute, de Freud, les yeux grands ouverts (14’39), analyse de Bernard Benoliel, directeur de l’action culturelle et éducative à la Cinémathèque Française, de Freud, le film oublié (17’04) et Secrets d’adaptation (11’17), deux interviews de Marie-Laure Susini, psychanalyste et écrivaine et enfin d’un livre de 80 pages, Histoire d’un film sous influence(s) de Marc Godin, critique et historien du cinéma.


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