OUTSIDER

L’histoire d’amour entre Hollywood et la boxe donne naissance à un nouveau film criant d’humanité mais redondant pour qui connait la saga « Rocky »…

Réalisateur : Philippe Falardeau
Acteurs : Ron Perlman, Naomi Watts, Liev Schreiber
Titre original : Chuck
Genre : Drame, Biopic
Nationalité : Américain
Distributeur : Metropolitan FilmExport
Date de sortie : 10 mai 2017
Durée : 1h38mn

L’histoire vraie de Chuck Wepner, négociant en alcools du New Jersey, qui a tenu 15 rounds contre le plus grand boxeur de tous les temps, Mohammed Ali, lors du championnat du monde poids lourds en 1975, avant de finalement s’incliner par K.O. technique. Durant les dix années où il a été boxeur, celui que l’on surnommait « Bayonne Bleeder » a eu 8 fois le nez cassé, a connu 14 défaites, deux K.O., un total de 313 points de suture… et a inspiré le personnage de Rocky Balboa dans la franchise au succès planétaire Rocky.

Notre avis : De tous les sports qui existent, la boxe est de loin le préféré d’Hollywood, des producteurs aux acteurs, qui y voient la possibilité d’incarner des personnages parfois torturés, malheureux, qui traînent derrière eux un lourd passé mais parviennent à s’en sortir grâce au ring.

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La recette a déjà fait largement ses preuves, permettant à la grande famille du cinéma de remporter récompenses sur récompenses tout en étant la reine du box office. Mais à force de proposer toujours le même schéma, à savoir la rédemption grâce aux gants, reste-t-il vraiment des choses à raconter ? Sur quelle corde à la fois dramatique et sensible les réalisateurs peuvent-ils encore frapper pour attirer l’attention d’un public qui connait leurs scénarios par cœur ?

C’est la question qu’aurait dû se poser le réalisateur québécois Philippe Falardeau avant de se lancer dans Outsider, entraînant avec lui plusieurs producteurs dans un projet qui non seulement ne renouvelle pas le genre, mais cherche en plus à révéler l’histoire qui se cache derrière une saga que nous connaissons tous : Rocky.

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C’est là tout le propos d’un film honnête dans sa quête de l’authenticité, dont le principal enjeu est de raconter l’histoire vraie qui se cache derrière celle de Rocky Balboa. Nous sommes le 24 mars 1975 : un jeune acteur sans le sou du nom de Sylvester Stallone regarde à la télévision le combat entre Mohamed Ali et Chuck Wepner, champion de boxe de l’état du New Jersey dans la catégorie poids lourd. Surnommé « Bayonne Bleeder » (le « saigneur » de Bayonne), il a réussi à tenir 15 rounds alors que ce combat ne devait être qu’une formalité pour Ali.

Cet affrontement sur le ring va inspirer à Stallone le scénario de Rocky, qui va fournir, au faux Balboa comme au vrai, une notoriété mondiale, mais aussi un sacré lot de drames. Tout comme Rocky, Chuck Wepner va sortir de l’ombre et connaître des périodes d’ascension, de chute et de rédemption, tout en restant dans une relative pauvreté ; il ne réussira jamais, en effet, à toucher le moindre dollar en tant que boxeur qui a inspiré la superstar Rocky. Ce qui va le conduire à vivre une véritable crise d’identité…

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C’est tout le paradoxe de l’incroyable destin de Chuck Wepner : il a inspiré Rocky, mais ce personnage imaginaire a pris toute la place, au point que le faux a jeté violemment le vrai dans l’ombre. Si Outsider aurait pu aider à renverser la balance et à réparer une injustice que l’on imagine fréquente dans le star-system, force est de reconnaître que le film arrive trop tard. La saga Rocky et ses spinoffs (Creed) a inspiré les boxeurs en herbe du monde entier et s’est trop enracinée dans l’imaginaire collectif pour que Chuck Wepner y trouve une vraie place.

Conte moral sur la célébrité, véritable réflexion sur la mythologie de la boxe à Hollywood et sur le côté commercial de l’entertainment, Outsider ne va certes pas rester dans les mémoires comme un grand film sur le ring mais se distinguera en parlant de ces héros ordinaires, élevés au rang de personnages extraordinaires par le cinéma, et ce sans aucun remerciement ni considération pour ces personnes bien vivantes qui restent dans les coins.

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En jouant sur l’amour que ressent le public pour la boxe à travers le septième art, Philippe Falardeau rappelle la grande solitude du boxeur face à son adversaire, en rapprochant le destin doux-amer de Chuck Wepner de celui de tant de gens laissés de côté par Hollywood malgré le profit qu’ils lui rapportent.

Porté par un Liev Schreiber transcendé par un rôle qui lui tient très à cœur (l’acteur est également producteur du film), Outsider s’attarde sur un homme attachant à travers un angle authentique mais surtout humain pour insuffler un autre regard sur la saga Rocky, à l’image de tous ces scénarios basés sur des personnes imaginaires…qui ne le sont pas tant que ça.

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Avec finesse et application, Falardeau s’échine à réhabiliter Wepner aux yeux du monde, tout en offrant un regard amer sur la fascination d’Hollywood sur le noble art, ainsi qu’une satire légère de l’American Dream, et sa facilité déconcertante de faire d’un homme une icône évidemment fugace, avant de le recracher sans vergogne du jour au lendemain.

Si ce biopic ne va sans doute pas provoquer de crise d’identité dans l’industrie cinématographique, il devrait permettre au public de se poser bien des questions sur les histoires que les films racontent. Et rien que pour cela, il mérite le coup d’œil.

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OUTSIDER en 5 points.

 

Vous voyez bien que vous connaissiez Chuck Wepner.

En quoi Outsider est-il donc intéressant et important si un film aussi légendaire existe déjà sur cet homme ? Parce que Outsider s’intéresse aux deux, à l’homme et au mythe, à ce boxeur que rien ne mettait à terre et qui tirait sa force de cette volonté de fer de ne pas capituler face à l’adversaire, cet homme indestructible sur le ring et qui a été détruit par son propre mythe. Car pour Wepner, Rocky fut comme une malédiction. Il s’est noyé dedans, a confondu sa vie avec celle du personnage, a revendiqué une célébrité qui n’était pas la sienne et plongé dans une période sombre avant de connaître sa renaissance.

THE BLEEDER

Outsider traite de tout cela, l’ascension, la défaite qui lui apporte la gloire, le film, la descente aux enfers, porté par un Liev Schreiber de grand talent et méconnaissable sous son maquillage, le tout entouré d’un casting aux petits oignons. Outsider est un film réalisé par des passionnés de boxe, ayant réalisé plusieurs documentaires sur ce sport dont un, déjà, sur Wepner. Le personnage n’a rien d’un ange, il peut être odieux, insensible, une simple brute au cerveau racorni, mais l’homme se révèle, subit bien plus durement les blessures de l’âme que le martyre physique. Et la magie de l’outsider opère à nouveau, si le film n’en deviendra pas culte il est une formidable addition a l’histoire de cet homme devenu un mythe, qui a eu les plus grandes difficultés à redevenir un homme.

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Chuck Wepner est un boxeur. De ceux qui encaissent sans broncher. Champion des poids lourds du New Jersey, il est surtout connu dans sa ville, Bayonne, mais guère au-delà. Pourtant, un jour, une occasion en or se présente. Mohammed Ali, le champion du monde, lui propose un match pour le titre suprême. Et alors que tout le monde le donne perdant, Wepner tient 15 rounds et parvient même à mettre Ali au tapis à une reprise. Quelque-part du côté de New York, un certain Sylvester Stallone regarde le match et s’inspire de Chuck Wepner pour écrire Rocky, avec le succès que l’on connaît. À la sortie du film, Wepner, que l’on appelle désormais le vrai Rocky Balboa, se retrouve auréolé d’une célébrité qui va le précipiter dans un engrenage duquel il aura bien du mal à se sortir, entre fêtes débridées et tentatives plus ou moins désespérées de briller par lui-même, sur le ring ou en dehors. Histoire vraie…La Critique de Outsider :

 

« Vous me connaissez tous, sans vraiment me connaître ». C’est l’une des premières phrases que prononce Chuck Wepner dans Outsider. Une manière de se présenter, lui le véritable Rocky Balboa, dont le combat d’anthologie contre Ali, a changé sa vie pour le meilleur, mais aussi pour le pire.

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The Fighter

Une histoire méconnue mais formidablement cinématographique, qui méritait assurément de se retrouver sur un écran de cinéma. Une trajectoire de vie indissociable de Rocky, portée par un Liev Schreiber véritablement investi, vu qu’on le retrouve non seulement devant la caméra, mais aussi au scénario (il a contribué à l’écriture) et à la production. Schreiber qui livre peut-être la performance de sa vie, profitant de ce rôle en or pour saisir quelque chose de puissant et imposer une gouaille et un charisme abîmé qui ne cesse d’impressionner, à mesure que se déroule cette existence passionnante car inscrite presque malgré elle dans l’inconscient collectif d’une culture pop fédératrice.

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Métamorphosé mais pas trop non plus, Schreiber n’en fait pas des tonnes et trouve le ton juste pour rendre justice à la complexité de Wepner. Dans les moments de gloire, dans la débauche et l’euphorie et dans le doute et le chagrin. Si Outsider est aussi bon, c’est aussi grâce à lui. Grâce à l’approche pleine de tendresse et de déférence, d’un mythe bien particulier à bien des niveaux, dont le film censé raconter la vie s’impose comme un classique instantané. Rien de moins. Sans oublier, forcément, Elisabeth Moss, très touchante, Naomi Watts, Ron Perlman, parfait, ou encore Michael Rapaport, particulièrement émouvant et juste et Jim Gaffigan, avec une mention à Pooch Hall, qui campe un Mohammed Ali certes moins flamboyant que son modèle (mais pouvait-il en être autrement ?), mais néanmoins très solide.

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Derrière l’objectif, le réalisateur canadien Philippe Falardeau signe son deuxième essai américain après avoir notamment impressionné son monde avec des œuvres comme Monsieur Lazhar, nommé aux Oscars en 2012 dans la catégorie meilleur film étranger. Ici, le cinéaste applique avec passion et talent les codes du biopic tout en veillant à donner à son long-métrage une teinte et une saveur funky qui font qu’il est facile de le rapprocher de l’œuvre de Martin Scorsese, Les Affranchis en tête. Bien aidé par une production design impeccable, Falardeau évolue au sein d’une reconstitution habile de l’Amérique des sixties et s’attache à une sorte de microcosme (cette petite ville du New Jersey), dont Chuck Wepner est en quelque sorte le roi. Il parvient à livrer un film immersif, en n’excluant jamais le spectateur.

Et si c’est bien Wepner le centre d’attraction majeur, la faculté du réalisateur de ne pas délaisser son environnement et les autres protagonistes, vient nourrir une émotion de plus en plus prégnante. On pourra toujours venir argumenter que les effets et autres filtres ajoutés à l’image ne sont que des artifices et qu’au final Outsider n’est qu’une copie des grands classiques cités plus haut, mais ce serait passer à côté de l’essence du film. Ce serait oublier que si Outsider n’est en effet pas des plus originaux, il sait mesurer ses effets et donner de l’ampleur à son récit, sans y sacrifier une intégrité renouvelée en permanence.

THE BLEEDER

Wepner vs. Rocky

Quelle histoire passionnante ! Surtout quand on connaît tous les Rocky par cœur. Certes, Outsider prend quelques petites libertés avec la réalité, mais généralement, ce qu’il nous raconte, sur biens des points à la façon d’un documentaire, nous permet de passer de l’autre côté du miroir, dans les coulisses du film qui a fait de Stallone une star. Alors évidemment, Stallone, qui a aidé la production en livrant moult anecdotes, est aussi représenté à l’écran et non, ce n’est pas toujours hyper convaincant. Morgan Spector, qui a la lourde tâche de jouer l’acteur, fait de son mieux mais il lui manque quelque chose. Ce n’est qu’un détail. Encore une fois, l’important relève de Chuck Wepner. De ce champion qui a inspiré Rocky, mais qui n’est pas Rocky. Wepner est certes très attachant et parfois drôle, mais il a aussi une part d’ombre que le métrage ne se prive pas d’illustrer, là encore en mettant en avant un sens de la mesure très appréciable.

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L’ascension, la chute et la rédemption, tout y passe, comme dans tout bon biopic qui se respecte. Mais avec une belle sincérité, un respect évident du sujet et du public et un gros supplément d’âme. L’ombre de Rocky plane mais ne rend pas l’histoire de Wepner redondante, bien au contraire. D’ailleurs, Outsider s’inspire bien plus de Requiem pour un Champion, de Ralph Nelson que de Rocky et c’est aussi Rocky qui suivit Wepner, puisant l’inspiration dans son incroyable parcours, une nouvelle fois dans Rocky 3, avec le combat boxeur contre catcheur (sans oublier la présence de James Brown avant le combat, repris par Sly dans Rocky 4).

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Quoi qu’il en soit, les trois films (Rocky, Outsider et Requiem pour un Champion) partagent dans tous les cas un point commun : ce ne sont pas des films sur la boxe mais sur des boxeurs auxquels la vie n’a pas fait de cadeau. On revient au mythe de celui qui a enfin sa chance. Finalement, le titre français est plutôt bien choisi. L’Outsider. Cette figure parfaite du cinéma, qui a donné lieu à des chefs-d’œuvre vibrant d’éloquence et qui se retrouve ici au centre d’un film funky, entraînant, tour à tour drôle et émouvant, jamais vain et ô combien passionnant. Chuck Wepner a toujours couru après une gloire qu’il n’a jamais vraiment obtenu. Aujourd’hui, il est enfin au centre d’un film. Et s’il passera probablement un peu inaperçu, il n’en demeure pas moins excellent.

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En Bref…
Outsider est un grand film parce qu’il a du cœur et qu’il raconte une histoire fascinante, de la bonne façon, avec des acteurs impeccables, et une foi qui lui interdit les excès et le hors-sujet. Complémentaire avec les Rocky, il gratte le vernis du rêve américain et s’attache à rendre justice à un champion décrié, un vrai, dont l’existence, si elle n’est pas aussi inspirante que celle de son alter-ego de Philadelphie, s’impose néanmoins sur un écran de cinéma avec une flamboyance exemplaire.


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Pierre Bryant
Cinéphile depuis mon plus jeune âge, c'est à 8 ans que je suis allé voir mon 1er film en salle : Titanic de James Cameron. Pas étonnant que je sois fan de Léo et Kate Winslet... Je concède ne pas avoir le temps de regarder les séries TV bonne jouer aux jeux vidéos ... Je vois en moyenne 3 films/jour et je dois avouer un penchant pour le cinéma d'auteur et celui que l'on nomme "d'art et essai"... Le Festival de Cannes est mon oxygène. Il m'alimente, me cultive, me passionne, m'émerveille, me fait voyager, pleurer, rire, sourire, frissonner, aimer, détester, adorer, me passionner pour la vie, les gens et les cultures qui y sont représentées que ce soit par le biais de la sélection officielle en compétition, hors compétition, la semaine de la critique, La Quinzaine des réalisateurs, la section Un certain regard, les séances spéciales et de minuit ... environ 200 chef-d'œuvres venant des 4 coins du monde pour combler tous nos sens durant 2 semaines... Pour ma part je suis un fan absolu de Woody Allen, Xavier Dolan ou Nicolas Winding Refn. J'avoue ne vouer aucun culte si ce n'est à Scorsese, Tarantino, Nolan, Kubrick, Spielberg, Fincher, Lynch, les Coen, les Dardennes, Jarmush, Von Trier, Van Sant, Farhadi, Chan-wook, Ritchie, Terrence Malick, Ridley Scott, Loach, Moretti, Sarentino, Villeneuve, Inaritu, Cameron, Coppola... et j'en passe et des meilleurs. Si vous me demandez quels sont les acteurs ou actrices que j'admire je vous répondrais simplement des "mecs" bien comme DiCaprio, Bale, Cooper, Cumberbacth, Fassbender, Hardy, Edgerton, Bridges, Gosling, Damon, Pitt, Clooney, Penn, Hanks, Dujardin, Cluzet, Schoenaerts, Kateb, Arestrup, Douglas, Firth, Day-Lewis, Denzel, Viggo, Goldman, Alan Arkins, Affleck, Withaker, Leto, Redford... .... Quant aux femmes j'admire la nouvelle génération comme Alicia Vikander, Brie Larson, Emma Stone, Jennifer Lawrence, Saoirse Ronan, Rooney Mara, Sara Forestier, Vimala Pons, Adèle Heanel... et la plus ancienne avec des Kate Winslet, Cate Blanchett, Marion' Cotillard, Juliette Binoche, Catherine Deneuve, Isabelle Huppert, Meryl Streep, Amy Adams, Viola Davis, Octavia Spencer, Nathalie Portman, Julianne Moore, Naomi Watts... .... Voilà pour mes choix, mes envies, mes désirs, mes choix dans ce qui constitue plus d'un tiers de ma vie : le cinéma ❤️

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