À l’occasion de la sortie chez Carlotta de la deuxième partie de leur collection « Cinéma italien », revenons sur deux titres proposés en format physique chez l’éditeur : « Il mattatore » et « Casanova ».
« L’homme aux cents visages » (titre français d’« Il Mattatore ») suit Gerardo, ancien escroc qui raconte ses différents exploits à l’un de ses « collègues » qui a tenté de l’extorquer, ainsi que sa femme. « Casanova » raconte quant à lui l’histoire de ce fameux séducteur, aussi bien sa gloire que sa descente aux enfers.
Sur le papier, les deux films ne partagent que leur pays d’origine. En effet, il y a une certaine différence entre le premier, une comédie utilisant la technique des flashs backs pour raconter les souvenirs du héros, et le second, œuvre dramatique aussi massive que peut l’être une réalisation de Fellini. Et pourtant, chacun à son niveau exprime les vices de l’être humain avec un regard assez compréhensif. On tombe peu dans le jugement des actes mais plutôt dans l’observation pure de nos envies inavouables socialement. On peut se rattacher aux héros grâce à leurs actions, leurs volontés mais surtout leur imperfection bien commune à chaque personne. Dino Risi et Federico Fellini partagent donc une volonté sincère de jauger leurs protagonistes comme symboles de deux traits de l’Homme toujours aussi passionnants à aborder pour leur universalité : le mensonge et la sexualité.
Dans « Il mattatore », l’art du mensonge qu’exprime Gerardo peut être considéré comme une mise en abyme de la manière dont le cinéma se joue de nos émotions. En effet, le héros est au départ acteur et use de son talent pour amadouer les gens en les émerveillant et leur promettant monts et merveilles pour mieux les abuser. Le bagout dont fait preuve Vittorio Gassman dans son interprétation aide à le suivre dans ses manigances. C’est son côté charmeur qui nous accroche à ses différents récits et participe grandement à la réussite du long-métrage, en particulier une fin aussi malicieuse que le ton général.
Concernant « Casanova », Fellini nous offre un film assez froid et énorme dans ses proportions. Il nous représente tout au long des deux heures quarante de récit la luxure humaine, dans une ambiance orgiaque et unique, bien aidé par la bande originale de Nino Rota. Dans le rôle-titre, Donald Sutherland offre une partition touchant autant au charismatique qu’à la déchéance que réclamait un tel personnage. La direction artistique est à la mesure des moyens fournis au réalisateur italien qui permet d’inscrire Casanova dans une échelle aussi gargantuesque que le récit adapté. De quoi confirmer aux néophytes l’importance de Fellini dans le septième art.
Carlotta offre à nouveau des éditions de qualité techniquement, aussi bien à l’image que pour l’audio (à noter qu’ « Il mattatore » n’est disponible qu’en version originale sous-titrée). Les bonus proposés sont divers, entre les documentaires sur Casanova ou l’entretien avec Michel Hazanavicius pour « Il mattatore ».
Ce sont donc deux films assez différents sur la forme mais partageant beaucoup sur le fond que nous propose Carlotta, l’occasion de revenir sur un cinéma italien qui aura apporté sa touche au septième art en général.