Date de sortie : 22 septembre 2021 (1h35)
Réalisateur : Patrick Imbert
Casting : Lazare Herson-Macarel, Eric Herson-Macarel, Damien Boisseau, …
Genre : Aventure, Drame
Nationalité : France
Synopsis : À Katmandou, le reporter japonais Fukamachi croit reconnaître Habu Jôji, cet alpiniste que l’on pensait disparu depuis des années. Il semble tenir entre ses mains un appareil photo qui pourrait changer l’histoire de l’alpinisme. Et si George Mallory et Andrew Irvine étaient les premiers hommes à avoir atteint le sommet de l’Everest, le 8 juin 1924 ? Seul le petit Kodak Vest Pocket avec lequel ils devaient se photographier sur le toit du monde pourrait livrer la vérité. 70 ans plus tard, pour tenter de résoudre ce mystère, Fukamachi se lance sur les traces de Habu. Il découvre un monde de passionnés assoiffés de conquêtes impossibles et décide de l’accompagner jusqu’au voyage ultime vers le sommet des dieux.
Critique : La puissance de la nature ainsi que la magnificence de ses décors a souvent apporté à l’Homme le défi de se surpasser, comme si le seul moyen de se sentir vivant résidait dans ce besoin contre lequel on ne peut lutter. Ce sentiment irrigue l’entièreté du « Sommet des dieux », adaptation du manga de Jirô Taniguchi en film d’animation français. Et si l’on savait Patrick Imbert, co-réalisateur du « Grand méchant Renard et autres contes », doué dans le domaine, force est de constater qu’on a quand même été surpris par la splendeur du film.
Celui-ci dispose en effet d’une dramaturgie solide, notamment dans ses alternances entre enquête dans le présent et passé marqué par les regrets. Difficile en effet de ne pas en avoir, surtout dans ces montagnes où se joue cette lutte pour une conquête, moins d’un territoire par l’exploit que de la reconnaissance par sa nature exceptionnelle. Le long-métrage parvient à instaurer ces doutes alpins avec un sérieux total, une implication émotionnelle qui rend la trajectoire de certains protagonistes plus amère encore.
En ce sens, le film perpétue cette idée avec un travail visuel tout bonnement superbe. La force de la Nature se prend à l’image, notamment dans la finesse de sa représentation. L’animation du film renforce une certaine prégnance émotionnelle, notamment dans son traitement de l’escalade. Il est dur de ne pas sentir son souffle coupé par la hauteur de ces décors, notamment dans certains jeux d’échelles qui accentuent l’impuissance humaine malgré sa volonté totale. L’humain y est minuscule de proportion mais c’est ce courage quasi suicidaire qui rend son action plus légendaire encore.
La sortie physique du film chez Wild Side est une belle occasion pour redécouvrir l’un des meilleurs films français de 2021 (ce qui veut dire beaucoup dans une année aussi riche à ce niveau). « Le sommet des dieux » joue de manière grandiose visuellement de l’obsession de certains esprits aventuriers, de ces personnes qui cherchent le dépassement à tout prix face à une nature incontrôlable. Le film grimpe tout du long émotionnellement tout en nous faisant redouter en permanence la chute, avec un souffle en permanence coupé mais néanmoins galvanisant par ce cinéma à l’adrénaline humaniste.