Il y a de ces films qui marquent des générations et dont le côté culte ne diminuera jamais. « Phantom of the paradise » fait sans aucun doute partie de cette catégorie de classiques du cinéma. Alors que Carlotta le ressort dans un nouveau coffret collector, revenons un peu sur cette œuvre de Brian De Palma.
Winslow Leach est un compositeur qui travaille d’arrache-pied sur sa cantate « Faust ». Un jour, il se fait duper par Swan, producteur musical légendaire. Défiguré, privé de sa voix, il se met alors à hanter le « Paradise », la nouvelle salle de Swan…
Il y a tant à dire sur cette œuvre qu’une simple critique internet ne suffira pas. De Palma se réapproprie de nombreuses histoires mythiques, que ce soit « Le fantôme de l’opéra », « Faust » ou « Le portrait de Dorian Gray ». Il les insère dans un univers rock propre aux années 80 et en tire un récit qui touche à de nombreux domaines sans se perdre en chemin. Cet aspect touche à tout se retrouve également dans la mise en scène de De Palma, alternant entre split screen, aspect classique ou documentaire. C’est sans aucun doute l’une des choses qui a installé ce film comme un monument du septième art : on y retrouve de tout sans qu’un seul style ne vienne à faillir et prendre le pas sur le reste. C’est ainsi que, malgré ce qui aurait pu lui valoir d’être daté, « Phantom of the paradise » conserve un aspect intemporel, comme si De Palma avait passé pour son œuvre le même pacte que Swan.
Difficile ainsi de ne pas constater que la critique virulente envers les industries culturelles (musicales autant que cinématographiques) reste autant d’actualité, dans une société en quête absolue de spectaculaire et de divertissement (comme Swan déclare par rapport au meurtre qu’il planifie). De Palma planifie le tout avec brio, déjouant sans cesse les attentes des spectateurs (la scène de la douche). De quoi absorber aussi bien fans du film que ceux le découvrant dans un univers multiple sans jamais perdre une seconde son attachement à son récit. On n’oublie également pas le répertoire musical écrit par Paul Williams, répondant énormément à l’intrigue du film entre annonce du destin de Leach ou du pacte Faustien passé par certains personnages. Celles-ci étant enfin sous-titrées, les non anglophones pourront apprécier les subtilités d’écriture qu’elles regorgent. Difficile aussi de ne pas revenir sur la qualité des interprètes,assez sincères dans leur jeu pour que l’on suive leur déchéance avec une certaine amertume.
Concernant les suppléments du disque Blu-Ray, ils sont tellement nombreux que tous les décrire en détails prendrait des pages, entre « Paradise regained », qui revient sur le tournage du film, conversation entre Paul Williams et Guillermo Del Toro, entretiens avec l’équipe du film, ouverture amusante par Gerrit Graham (l’interprète de Beef) , karaoké de certaines chansons ou encore « le fiasco Swan song », qui revient sur l’un des aléas du tournage dû à un label rock. Il n’y a vraiment rien à redire sur le Blu-Ray à l’image 2K sublime, tout comme sur le fameux livret accompagnant le coffret collector, rempli également d’analyses en tous genres enrichissantes, d’images officielles et de critiques d’époque.
Cette édition ultra collector par Carlotta est donc un immanquable absolu pour toute personne adorant le cinéma. Sachant qu’elle ne sera disponible qu’en 3000 exemplaires, il faudra se battre pour l’obtenir. Heureusement, elle en vaut grandement la peine. C’est donc une belle pièce à aimer, tout comme ce « Phantom of the paradise », toujours aussi exceptionnel sans que les années ne lui donnent ne serait-ce que l’apparence d’une ride.