Date de sortie : 16 février 2022
Réalisateur : Stéphane Brizé
Casting : Vincent Lindon, Sandrine Kiberlain, Anthony Bajon , …
Genre : Drame
Résumé : Un cadre d’entreprise, sa femme, sa famille, au moment où les choix professionnels de l’un font basculer la vie de tous. Philippe Lemesle et sa femme se séparent, un amour abimé par la pression du travail. Cadre performant dans un groupe industriel, Philippe ne sait plus répondre aux injonctions incohérentes de sa direction. On le voulait hier dirigeant, on le veut aujourd’hui exécutant. Il est à l’instant où il lui faut décider du sens de sa vie.
Critique : Le cinéma de Stéphane Brizé se distingue par son approche sociale jouant l’équilibriste entre la dureté du quotidien et des éclats d’humanisme rendant ses films plus prégnants encore. Il revient ici avec « Un autre monde », que l’on peut orienter dans une trilogie involontaire avec « La loi du marché » et « En guerre », tous deux comptant déjà Vincent Lindon en tête d’affiche avec des enjeux thématiques similaires. Savoir que le titre était celui prévu à l’origine pour « En guerre » permet déjà de mieux appréhender les réflexions qui vont en découler, le film de 2018 abordant déjà une zone de nuances floues avec ses employeurs eux-mêmes souffrant des impositions de leur hiérarchie. Le rôle adopté par Vincent Lindon n’est donc pas surprenant mais se révèle toujours cohérent dans ce qu’il prolonge dans ses réflexions.
Ainsi, on retrouve la même palette visuelle que dans ses deux « prédécesseurs » : une approche du réel quasi documentaire avec un personnage servant de bouée morale aux spectateurs. Ici, il se joue donc un entre-deux entre le besoin d’obéir à des dirigeants qui parlent d’assurer la sécurité financière d’une entreprise et la préservation du travail des employés. Tout cet équilibre assure l’intérêt d’un long-métrage qui se révèle tendu par ce traitement d’une réalité sociale. Comme sur les deux titres cités plus tôt, la mise en scène de Stéphane Brizé s’avère des plus solides, offrant même quelques moments de beauté inattendus dans un océan de cruauté humaine dû à une simple exigence : celle de l’obéissance envers les supérieurs. Comme toujours, Vincent Lindon se révèle impeccable et d’un humanisme fort qui renforce le pouvoir de conviction du long-métrage.
Peut-être moins brutal visuellement qu’« En guerre », « Un autre monde » trouve par son propos une approche plus triste mais en même temps plus poétique, telle cette scène de marionnettes où se libère par le regard un homme affranchi de ses attentes. Sa fausse simplicité révèle surtout un énorme cœur pour toutes ces personnes souffrant dans son rouage économique et impose définitivement Stéphane Brizé comme un réalisateur essentiel dans le domaine du cinéma social.