Dans une Amérique profondément sauvage, Hugh Glass, un trappeur, est attaqué par un ours et grièvement blessé. Abandonné par ses équipiers, il est laissé pour mort. Mais Glass refuse de mourir. Seul, armé de sa volonté et porté par l’amour qu’il voue à sa femme et à leur fils, Glass entreprend un voyage de plus de 300 km dans un environnement hostile, sur la piste de l’homme qui l’a trahi. Sa soif de vengeance va se transformer en une lutte héroïque pour braver tous les obstacles, revenir chez lui et trouver la rédemption. De: Alejandro Gonzalez Innaritu Avec: Leonardo Dicaprio, Tom Hardy, Domhnall Gleeson, Will Poulter ou encore Paul Anderson. Genre: Western, Aventure. Durée: 2h36…
Pour pouvoir parler de The Revenant, on ne parle pas seulement d’un projet, on parle bien d’un réalisateur car le projet n’aurait jamais vu le jour sans lui: Alejandro Gonzalez Innaritu. Parce qu’il a été le réalisateur qui a gagné l’oscar du meilleur film l’an dernier avec son prodigieux et envolé BIRDMAN. Un tour de force majestueux qui donnait de l’estime tant mérité à cet homme que l’on avait pas tant que cela vu venir. Pourtant sa filmographie suit son chemin et il est important de remonter à son commencement, je l’avais fait pour LES 8 SALOPARDS de Quentin Tarantino, il me semblait important de le faire également avec celui-ci.
Amours chiennes revenaient sur des destins croisés, la violence éclatait au grand jour comme toutes ses vérités sur l’amour, la psychologie des personnages, le bien et le mal, la vie, la mort et Dieu au dessus de tout ça.. Voila qui résumerait bien ce réalisateur qui dès ce premier film avait placé la barre très haute, barre qu’il a gardé pour 21 grammes ou l’excellent Benicio Del Toro montrait tout son art, un excellent film, un message fort, une puissance dans cette tragédie, ses films sont tous des tragédies. Le plus fort en émotion Babel ou le duo Brad Pitt, Cate Blanchett était d’une justesse parfaite et qui se retrouveraient pour L’étrange histoire de Benjamin Button de David Fincher. Ses 3 films avaient pour départ de tous être des films ou les destins se croisent en cela le réalisateur finit une trilogie avec intelligence, force et passion, une patte bien à lui.
Cette patte, et ses thèmes se retrouveront dans son quatrième film Biutiful sans être un film ou des destins se croisent, un homme en chute libre qui tente de pardonner et être pardonné, d’aimer et d’être aimé. Là encore sa réalisation, ses choix dans la musique sont brillant, sombre à son image et percutant. Il n’y a jamais de vérités cachées dans les films d’Alejandro jamais il ne nous cachera une scène qui pourrait heurter le public, quand il aborde un sujet il le fait jusque ses moindres vices. Pour ce quatrième film Javier Bardem y est sublimé emportant le prix de l’interprétation masculine au festival de Cannes et nommé pour les oscar dans la catégorie meilleur acteur.
Birdman sera son grand succès, son couronnement, ce film aura permit à The Revenant d’exister dans les conditions ou il a existé, conditions qu’il aurait été difficile à faire accepter s’il n’avait pas remporté l’oscar du meilleur film et que pour le coup on lui donne carte blanche. Birdman se trouvait là entre le drame et la comédie et avec cette part de fantastique dont on ressentait déjà l’envie avec Biutiful et qu’il a exploité avec beaucoup de liberté et d’intelligence pour celui ci. On retrouve l’amour, un acteur voulant retrouver la reconnaissance de son public. Se prenant parfois pour le super héros qu’il incarna des années auparavant, volant, se prenant pour Dieu. Une très grande naiveté émane de ce film, Alejandro reste toujours cohérent à sa filmographie. Ce qui nous amène à son dernier The Revenant. Pour faire ce film Alejandro prit à la photographie, l’homme très courtisé par Terrence Malick et ses films expérimentales ou les images de ce photographe prennent tous sens: Le nouveau monde, Three of life ou Knight of cups. Lui et Alejandro ont vite comprit que le projet était dantesque, ce réalisateur habituait a réalisé un film dès qu’il sent le bon projet a peu près tous les 3 ou 4 ans avec de petits budgets. Babel a valu 25 millions de dollars, Biutiful lui en a valu 35 millions, Birdman 18 millions et celui ci 135 millions de dollars. Avec un si gros projet il leur fut évident qu’il fallait être au plus près de la réalité et pour cela, le vivre pleinement. Tourner sous -40°C dans les forêts et ne filmer qu’en décors naturels ce qui donc devait être un tournage de 80 jours devint un tournage de 9 mois. Avant qu’Alejandro ne soit à la réalisation John Hilcoat réalisateur notamment de Des hommes sans loi ou le film apocalyptique La route avait eu pour ambition de réaliser ce film qu’il déclina, pour rôle principal il avait choisi Christian Bale (Batman begins, Le prestige). Chan Wook Park réalisateur de Snowpiercer était également de la course avec Samuel L Jackson en rôle titre (Star wars, les 8 salopards) mais encore le français Jean François Richet réalisateur des deux parties de Mesrine avec Vincent Cassel. Finalement depuis 2011 le projet revint à notre cher Innaritu qui choisit l’acteur le plus talentueux au monde pour mon avis personnel j’ai nommé le grand Leonardo Dicaprio.
Celui ci ne fût pas difficile à convaincre et fût conquit par l’idée de vivre le tournage, de ne pas jouer, d’être vraiment en enfer, il savait qu’il vivrait quelque chose d’unique. Le reste du casting suivit sans mal, Tom Hardy n’était juste pas le premier choix, Sean Penn avait été proposé avant mais celui ci déclina faute de planning, j’en suis ravi je trouve l’affrontement de ses deux carrures que plus imposant. L’enfer ou le paradis. Il y avait un peu de cela, coupé du monde et de la technologie, dans des décors fabuleux non manipulés par l’homme à son vrai état sauvage. Vivant toutes les contraintes, le froid, contraintes financières pour amener le matériel, la perte de temps et donc d’argent et l’ambition de tourner 1h30 par jour imposant de répéter très méticuleusement chaque scène le reste de la journée afin qu’au moment de tourner tout soit parfait. Un projet donc à l’ambition démesurée mais dont la beautée et la justesse serait présent à chaque instant.
Alors évidement le film s’est fait entendre par bien des rumeurs de mauvais traitements sur le tournage et de l’ingérence de son réalisateur qui aurait laissé un figurant se faire traîner nu dans les conditions de froid extrême. Des techniciens ou caméra mans qui auraient quittés les lieux car les mesures de sécurité n’était pas au rendez vous et que le comportement du réalisateur n’était pas loin du tyrannique. Quant à ses attaques le réalisateur dit avoir prit les devants pour faire partir les personnes qui ne travaillaient pas dans ses conditions, pour permettre le meilleur film possible. Il y eut par la suite beaucoup de démentis sur l’insécurité. Pour Leonardo Dicaprio il explique avoir vécu le tournage l’expérience la plus difficile de sa vie. Avoir manqué l’hypothermie en plongeant dans les rivières glacées, avoir dormi dans des carcasses d’animaux et d’avoir mangé du foie de bison crue pour ne citez que cela. Quand la bande annonce fut diffusée elle fût vue 7 millions de fois en 36heures ce qui était de bonne augure. Nous savons ce qu’il en suit Leonardo et Alejandro ont raflés toutes les récompenses que ce soit pour Le meilleur film ou pour Léo le meilleur acteur. Les oscars arrivant fin de semaine il va falloir tenir en haleine même si il n’y a plus vraiment de doute possible. Alors après avoir fait le tour d’un projet qui me tient en haleine depuis son commencement et dont j’ai enfin pu voir le résultat je peux à présent vous en parler le coeur ouvert, voici mon verdict:
J’ai envie de dire que les récompenses sont mille fois méritées des deux côtés car ils ont tout donné. L’un maîtrise son film de A à Z avec des envolées majestueuse l’autre est hypnotisant de vérité et nous bouleverse tout le long du film, Inarritu se focalise alors sur le langage corporel complexe de son héros, auquel Leonardo DiCaprio, en plein état de grâce, offre le génie d’un jeu déchaîné, se battant pour conserver l’humanité de son personnage malgré son envie de vengeance. Il oblige son protagoniste, ainsi que le spectateur, à tout réapprendre, sur le monde comme sur soi-même. Il sort de terre pour comprendre à nouveau comment respirer, ramper, puis marcher, et enfin parler Le film n’est pas à la hauteur de mes attentes il s’envole bien au delà, j’ai frissonné pendant 2h30. La caméra embrasse chaque décor vous serez submergé par la beautée de ce film, et que chaque plan magnifie mettant son acteur au centre de tout, la nature étant un personnage à par entière de son film. On retrouve bien là les thèmes qui lui sont chères un homme qui aime son fils, la mort de son fils, un père qui n’a plus raison de vivre à par son envie de vengeance. Voilà la quête qui pousse l’homme à se relever, à se battre pour sa survie, puisqu’il le dit lui même il est déjà mort. Certaines critiques reprochait le manque d’amour transmit dans le film entre le père et le fils mais c’est totalement faux, par une scène précise Alejandro Inarritu montre à quel point cet enfant est un tout pour notre héros et que la destruction de ce tout va le conduire jusqu’aux enfers. Dieu y est là représenté par la nature. Et le bien et le mal n’est pas aussi simple à deviner qu’il n’y paraît mais la nature peut être hostile mais innocente, ce sont les êtres qui la peuplent qui font le mal autour d’eux. Tous les thèmes sont donc de retour. La nature est toujours mise en avant dans ce film comme si c’était elle qui observait tout ce qui nous est montré, les plans utilisés sont fluides, passant d’un personnage à un autre, nous transportent. On ressent la douleur et le froid de notre héros et on le ressent d’autant plus que tout a été vécu n’amplifiant que la scène, l’a sublimant. Les émotions de ce film nous tombent à la gueule sans qu’on ne s’y prépare, l’émotion y est palpable et la musique renforce cette oppression et y est juste bouleversante. En amenant son casting aussi loin dans les épreuves je comprends à présent pourquoi le périple était aussi important à vivre, il n’en est qu’évident à l’écran. Le film est posé, parait parfois surréel dans tout ce qu’il parvient à nous faire accepter et pourtant la violence y est bien là, à l’état brut. Elle fait partie de tout, de la promesse.
Il faut noter la performance des acteurs qui sont tous géniaux mais d’ou avec Dicaprio évident Tom Hardy tire son épingle du jeu. Méchant de taille, une carrure nécessaire face à notre héros qui rend le final, colossal. Nous avons également Domhnall Gleeson qui est apparu l’an dernier dans: Ex Machina ou le dernier Star Wars et auquel je ne m’attendais pas du tout à retrouver içi qui m’a conquit, il avance peu à peu et sait choisir ses films pourvu que ça dure en tout cas à l’écran c’est juste un régal.
Que dire du dernier plan à par qu’il est à l’image de ce que j’attendais, brutal, bouleversant et émouvant et qu’il ne vous laissera pas indemne. On en ressort retourné tout m’a paru sorti de mes plus grands rêves, un grand film. Qui sera très certainement destiné à devenir un classique. Ma seule réelle frustration étant de ne pas en avoir vu plus, toujours plus. Il m’a peut être manqué qu’on nous en dévoile un peu plus de son passé, de ses flashbacks hormis ceci vous serez plongés hypnotisés par un film à l’ambition démesurée qui prouve là qu’elle a gagnée tous ses paris et qu’il est bien le plus beau film jamais réalisé. The Revenant est un voyage sensationnel qui repousse les limites du genre. Basé sur une histoire vraie. Le cinéma c’est une transmission d’émotion, c’est ce que je recherche en priorité quand je vois un film. Pour moi ce film l’a tout compris, le dernier film m’ayant autant procuré de plaisir dans un genre bien différent était Interstellar de Christopher Nolan qui restera pour moi une référence. Dans le genre survival pour moi, on a pas fait mieux. Merci pour ce chef d’oeuvre, on passe là un très grand moment de cinéma. Avec une filmographie habilement mené on a hâte de voir ce que seront les prochains défis de ce réalisateur qui tout comme son acteur principal sont au sommet de leur art. Pour Leo c’est bien entendu le meilleur film qu’il ait fait à ce jour et l’on sait que l’on a encore de quoi être surpris et qu’il n’a pas encore tout dit. Unique.