Sortie : 29 septembre 2021, sortie de l’édition physique : 1er février 2022
Durée : 1h 58min
Genre : Drame
De Joachim Lafosse
Avec Leïla Bekhti, Damien Bonnard, Gabriel Merz Chammah, Jules Waringo, Alexandre Gavras
Musique : Olafur Arnalds, Antoine Bodson
La représentation de la maladie au cinéma a toujours été une question délicate. Surtout en ce qui concerne la maladie mentale. Il s’agit d’éviter la grossièreté ou de l’assumer afin de s’éloigner de la réalité. L’essentiel serait donc de savoir doser l’émotion, d’éviter le sensationnel pour comprendre en quoi consiste la maladie dont on veut parler.
Les Intranquilles de Joachim Lafosse est un exemple sur ce point-là. Rien que par le fait de souhaiter aborder l’existence d’une maladie mentale au sein de la cellule familiale. Le cinéaste choisit de ne jamais la nommer avant la dernière scène du film ce qui en fait une sorte de virus, de mal indicible qui touche directement la stabilité du couple.
L’existence de cette maladie est déjà connue des personnages. C’est un mal qui semble installé, contenu et maîtrisé.
Mais ce n’est pas aussi simple, puisque le père de la famille, lors d’une fin de journée pète littéralement les plombs et s’embarque dans une folie furieuse et apocalyptique. Cette séquence est la preuve d’une grande maîtrise tant elle évite les poncifs les plus agaçant sur le traitement de la folie tout en étant spectaculaire et prenante.
C’est là où se situe tout le génie de Lafosse qui élabore de manière savante une scène longue qui suit toutes les actions du personnage. Des plans séquences, une temporalité représentée de manière directe, permettent de saisir toute la dramaturgie de la situation.
Les réactions de l’entourage de Damien sont également essentielles pour le cinéaste, ainsi il choisit de ne pas se focaliser uniquement sur le ressenti du malade. Le fils de Damien, Amine, sert de moteur pour représenter l’impact de la souffrance de son père. Sa mère également, magistralement incarnée par Leïla Bekhti, est la première victime de la folie furieuse de son mari.
Lors de la fameuse séquence de l’explosion de Damien, sa femme est filmée de face car c’est elle qui tente de l’arrêter, de le raisonner et de le sauver. Le spectateur souffre comme elle souffre, ressent chaque préoccupations et difficultés qui s’accrochent à elle.
Tout le génie du film de Lafosse se situe dans sa sincérité et sa volonté de parler avec justesse d’un sujet profondément grave et alarmant. Jusqu’au dernier plan, la maladie n’est pas résolue, la situation du couple non plus.
Le cinéaste a vécu de près cette situation, ce n’est donc pas étonnant que le film soit aussi excellent tant il est criant de vérité puisqu’il va jusqu’au bout et ne se soucis pas de limiter le choc. Le choc il est là, on le prend et on se tait !
L’édition :
Le film est édité chez Blaq out et sorti le 1er février 2022.