L’adaptation de 1959
Date de sortie : 18 novembre 1959 (Canada),
7 octobre 1960 (France)
Réalisateur : William Wyler
Acteurs principaux : Charlton Heston, Stephen Boyd, Jack Hawkins, Haya Harareet
Genre : Péplum, Drame
Nationalité : Américain
Compositeur : Miklós Rózsa
Péplum des plus célèbres de l’histoire du cinéma, Ben-Hur conte l’histoire d’un prince fictif de Judée et du romain Messala, aux ambitions bien différentes et à l’avantage civilisationnel, en plein apogée de l’Empire Romain au Ier siècle après Jésus Christ, durant le règne de Tibère. On trouve des acteurs de renom comme Charlton Heston (Les Dix Commandements, La Planète des Singes, Jules César) et Stephen Boyd (La Chute de l’Empire Romain, Genkhis Khan). Parsemé de religion chrétienne (en témoigne la présence du tableau La Création d’Adam de Michel-Ange au générique) qui était encore loin de prendre le dessus sur le polythéisme romain, Ben-Hur est avant tout représentatif des conflits d’une époque, avec les thèmes de la persécution et de la vengeance.
On comprend en effet très vite que les deux hommes vont être amenés à se confronter, Judah étant bien trop attaché aux siens et Messala bien trop Romain dans l’âme. Si les premières scènes montrent la grande amitié dont peuvent faire preuve des hommes pourtant très différents, les suivantes n’hésitent pas à utiliser les vices humains servant les plus mauvais. Judah ayant refusé d’accompagner Messala dans la croissance de l’Empire Romain, ce dernier parvient à se servir de son ami en le faisant prisonnier avec sa mère et sa sœur pour un simple accident de tuile lors d’une parade de l’armée romaine en Judée, afin de montrer l’exemple au peuple par une grande sévérité.
Techniquement très abouti pour son époque, les décors sont parfaitement reconstitués, les personnages type centurions et consuls très bien représentés et le jeu d’acteur exemplaire. Surtout, les scènes d’action permettent à Ben-Hur de ne pas tellement vieillir, notamment l’attaque pendant les galères et la célèbre course de chars, même si cette dernière aurait pu être bien plus intense si une musique à sa hauteur l’avait accompagnée. Les inégalités de l’époque sont frappantes entre les juifs qui se laissent envahir, les esclaves qui se tuent à la tâche dans les galères et les prisonniers qui attrapent la lèpre avant d’être mis en quarantaine. La cruauté de Messala reste encore timide, tout comme la soif de vengeance de Judah est très intérieure, mais le tout offre un questionnement intéressant car même une fois Messala vaincu lors de la course, Judah ne parvient pas à retrouver la paix en lui, et pas uniquement car sa famille a été laissée à l’abandon de la maladie.
Autre aspect intéressant, la présence du Christ qui vient amener de l’eau à Judah alors mourant dans le désert, largement reconnaissable de dos sans jamais montrer son visage, pour conserver le mythe et l’inaccessibilité divine. La religion reprend également le dessus à la fin, en montrant sa crucifixion par Ponce Pilate, Jésus devant traîner sa croix avant d’y être fixé. N’ayant plus que ça comme refuge, étant impressionné par l’ampleur du procès et anéanti par l’état de sa famille, Judah tente à son tour de lui offrir de l’eau. La foi bat alors son plein sur la dernière séquence alors que la tempête fait rage, l’eau entraînant le sang du Christ vers la vallée, guérissant alors la maladie des deux femmes. Un film historique, ambitieux et parsemé de bons messages, que l’on retient aussi pour ses nombreuses récompenses aux Oscars, ses scènes d’anthologie et sa bande-son absolument épique.
L’adaptation de 2016
Date de sortie : 17 août 2016 (Philippines),
7 septembre 2016 (France)
Réalisateur : Timur Bekmambetov
Acteurs principaux : Jack Huston, Toby Kebbell, Sofia Black D’Elia, Morgan Freeman
Genre : Péplum, Drame
Nationalité : Américain
Compositeur : Marco Beltrami
Plus de cinquante-cinq ans après une adaptation historique du roman de Lewis Wallace, Ben-Hur fait son grand retour au cinéma avec un remake de haute volée qui n’a que le contexte de sa sortie à envier à son modèle. On retrouve chaque moment clé de cette épopée mais quelques innovations bienvenues viennent enrichir la perception de l’œuvre, qui commence par montrer le passé des deux protagonistes alors qu’ils galopaient avant de se quitter, pour ne se revoir que lorsque Messala est devenu soldat : on découvre donc les retrouvailles des deux amis tout en ayant eu un aperçu de leur enfance. Là où la parade du film de 1959 faisait tomber une tuile sur un personnage important, c’est cette fois-ci un jeune qui décoche une flèche bien placée depuis le toit pour venger ses parents, Judah se dénonçant à sa place en espérant que Messala laisse sa famille tranquille. Ce dernier va jusqu’à frapper son ami pour toujours mieux montrer l’exemple, bien qu’il se montre hésitant malgré son ambition de laver le nom de son grand-père en punissant des juifs.
Quintus Arrius est bien présent sur la galère mais Judah est le seul à s’en sortir vivant, avec une planche de bois combinée à un mât, le faisant dormir en baignant à moitié dans l’eau comme s’il était crucifié. Une fois échoué, il n’est pas sorti d’affaire par le haut-placé romain, mais par un vieil homme nommé Ildarin (Morgan Freeman), qui va l’héberger dans un campement près de Jérusalem en échange de soins apportés à un de ses chevaux malades, avant de l’entraîner lui-même pour la course de char. Cette scène d’anthologie est encore plus réussie que chez son prédécesseur grâce à une rivalité plus intense entre Judah et Messala et des plans plus dynamiques avec les chevaux qui viennent en plein écran. Le choix d’une musique véritablement épique vient sublimer le tout et notamment l’affrontement final, où Judah a bien plus de difficulté à s’en sortir et où Messala s’en tire avec une jambe amputée. La photographie est de grande qualité et le rendu n’hésite pas à choquer avec de puissantes mandales, ou encore une infection bien plus violente concernant les visages lépreux de la famille de Judah.
Ce remake a également l’ingéniosité de faire passer ses valeurs par des moyens plus modernes, mais aussi de proposer de nouvelles idées. À la fin de la course de chars, les juifs se précipitent par exemple vers Judah pour crier sa victoire mais soulèvent aussi Messala. Quant à Ponce Pilate, il affirme que les juifs deviennent romains car ils aiment le sang, participant alors à la romanisation de la Judée. L’aspect religieux est toujours présent avec un Jésus dont on voit désormais le visage, et ce dès le début du film alors qu’il travaille comme artisan pendant qu’un autre (qui aurait aussi bien pu être lui-même) est puni de crucifixion. Le Christ est intelligemment valorisé avec ses paroles sages, son intervention pour donner de l’eau à Judah (cette fois-ci dans la ville, et non en dehors) tandis qu’un soldat romain se laisse éblouir par son visage apaisant. Il persuade également Judah de ne pas lancer de pierre au romain qui l’empêche de lui donner de l’eau, mettant ainsi en avant le pardon en prétextant qu’ils ne savent pas ce qu’ils font. Thème du pardon fort bien amené et qui surprend jusqu’à la fin alors que Messala s’excuse auprès de son frère, qui le prend dans ses bras lors d’une scène émouvante. Une belle sublimation qui rend grandement hommage au Ben-Hur de 1959 !