Le corps et le fouet de Mario Bava
Pays : Italie
Année : 1963
Casting : Christopher Lee, Daliah Lavi, Tony Kendall, …
On doit toujours trouver l’occasion de revenir sur un film de Mario Bava. Tandis que beaucoup vont malheureusement se ruer sur le dernier « Cinquante Nuances de Grey », nous allons aborder un film maniant le fouet avec plus de réussite…
Alors que le terrifiant comte Kurt Menliff vient de décéder dans d’étranges circonstances, sa belle-sœur Nevenka jure voir son fantôme dans les parages.
Nous avions déjà abordé plusieurs romances gothiques sur le site. On repense notamment au « Château du dragon » avec Peter Cushing. Ici, c’est son grand ami (et maintes fois rival à l’écran) Christopher Lee qui prend sa place dans le rôle de la figure mystérieuse attirant l’affection et bien plus. Celui-ci est pourtant décrit rapidement comme un véritable monstre, accusé notamment de la mort de la fille d’une servante du château paternel. Lee y livre une prestation au niveau de son charisme magnétique intemporel. Il accapare directement l’attention et hante encore le métrage une fois son personnage décédé. Mario Bava sait comment user de son talent et le met constamment en valeur. Le metteur en scène est une nouvelle fois au sommet de son art et sait comment sublimer l’intrigue à l’écran ainsi que gérer la tension du film, aussi bien morbide que charnelle.
Le récit semble prendre la mesure d’une romance gothique mais elle se détourne rapidement en un triangle amoureux macabre. D’un côté, l’époux désigné. De l’autre, son frère à la charge sexuelle animale. Cela transparaîtra dans les nombreux coups de fouets que reçoit Nevenka et la manière dont elle les appréhende. Sans tomber dans une forme de violence vulgaire, il s’en dégage une certaine forme de crudité au vu des coups, mais surtout de tension érotique palpable. Rien qu’avec ces quelques scènes, « Le corps et le fouet » surpasse de nombreux titres se vantant sadomasochistes mais à la pudibonderie creuse dans des images lisses et dénuées de corps. La romance ici tourne à l’obsession mentale avec la chute psychologique que cela peut amener. ATTENTION SPOILER ! On peut donc voir en Nevenka une jeune femme frustrée qui préfère encore s’imaginer violentée par un fantôme pour toucher à l’orgasme plutôt que de rester dans son existence aux allures assez monotones. FIN DU SPOILER !.
55 ans après sa sortie, « Le corps et le fouet » reste un modèle de romance gothique avec un aspect assez sulfureux et charnel qui devrait plaire à son public. De quoi s’émoustiller plus que devant la trilogie entière « Cinquante Nuances de Grey », le tout avec la maestria de ce maître de l’horreur qu’est Mario Bava…