Pays : États-Unis
Année : 1982
Casting : Jeff Bridges, Box Boletiner, Cindy Morgan
Quand on va voir actuellement des blockbusters, nous savons que ceux-ci, dans le but de divertir et nous en mettre encore plus plein les yeux, font usage d’effets spéciaux. De nos jours, ces grosses productions ont de plus en plus recours aux effets numériques au vu du potentiel infini de ceux-ci. Mais pour en arriver aux singes en motion capture, ratons laveurs, extraterrestres et autres acteurs rajeunis, les trucages par ordinateur ont dû passer par de multiples étapes et être mis en avant par certains films. Abordons donc aujourd’hui un pionnier des effets de ce genre avec « Tron ».
Kevin Flynn est un joueur talentueux qui s’est fait voler ses idées de jeux vidéo par Edward Dillinger. Afin de prouver ses dires, il rentre dans son entreprise et se met à accéder à un ordinateur. Cela l’enverra dans un univers numérique où il fera la rencontre d’un guerrier légendaire dénommé Tron.
Dire que « Tron » fut un tournant dans le domaine des effets spéciaux est un euphémisme. En effet, les ajouts faits grâce aux ordinateurs étaient pour l’époque inouis et gardent encore aujourd’hui un charme et une forme d’efficacité sans faille. On sent ainsi cet univers virtuel dans lequel est plongé Flynn. Et si des efforts ont été faits depuis, l’influence même de « Tron » sur le cinéma n’est pas négligeable, grâce également à son style visuel. Les vaisseaux et autres motocycles disposent d’un design réussi, tout comme l’univers du jeu, en néons colorés ayant ouvert aux interprétations au vu du jeu des couleurs des protagonistes (changés d’ailleurs en cours de tournage) ainsi que certains noms de protagonistes.
S’il y a par contre une lecture qui est fort apparente, c’est l’aspect religieux du long métrage. Difficile de ne pas voir en ces programmes martyrisés les chrétiens persécutés par l’Empire Romain. En effet, le film se pose sur une base de péplums tels qu’Hollywood adorait le faire. Mais ces codes se voient ici transposés dans un monde vidéoludique avec une homogénéité déconcertante. Les jeux de la grille sont ainsi des jeux du cirque qui divertissent désormais des spectateurs en dehors du monde numérique, les motocycles remplacent les chars et un personnage finit en position de crucifixion. Le plus intéressant revient encore au lien entre programmes et programmateurs. Ce lien religieux transforme l’être humain en dieu de par le pouvoir de sa création. L’Homme devient divin de par ce monde numérique et ce qu’il y produit, tout en ayant une influence extérieure sans être « physique ».
Cette tournure prend un nouveau sens quand on le compare avec le statut de pionnier du film dans le milieu du numérique. Ces artistes derrière les effets, ces scientifiques derrière le progrès : tous prennent une position de divinité par le pouvoir de création, un pouvoir que tous disposent mais dont peu se servent. Nous serions tous des « dieux » en puissance, juste limités par nos actes qui peuvent nous empêcher d’atteindre notre potentiel.
Ainsi, « Tron » est loin d’être une coquille vide comme certains critiques aimaient le clamer lors de sa sortie. C’est une oeuvre importante, non seulement pour la science-fiction mais pour le cinéma tout court. Et même s’il date un peu, il mérite clairement d’être vu et revu pour tout ce qu’il a apporté et tout ce qu’il a influencé d’un point de vue visuel, ce qui est quand même la marque des grands films.