Pays : États-Unis
Année : 2001
Casting : Jake Gyllenhaal, Jena Malone, Maggie Gyllenhaal, …
Genre : Tout
Carlotta ressort en salles « Donnie Darko », l’occasion de parler d’un film unique.
Donnie Darko est un adolescent introverti qui voit son quotidien chamboulé quand un lapin géant lui évite un accident mortel tout en lui annonçant la fin toute proche du monde.
Certains films nous laissent tout simplement sans voix, qu’importe le nombre de fois qu’on les a revus. Cela peut venir de diverses raisons que l’on vous laissera lister vous-mêmes car toutes les pistes auxquelles vous pourrez penser font partie du culte voué à Donnie Darko. Il est dur de poser des mots sur ce qui fait la réussite d’une œuvre pareille tant elle relève de l’expérience, et touche régulièrement l’intimité du spectateur par sa multiplicité de tons.
Sans prendre garde, le film de Richard Kelly passe du drame social à la romance adolescente, de l’horreur pure à la critique acerbe d’une société américaine cherchant à se conformer le plus possible à quelque chose de plus acceptable socialement. Cette nature protéiforme confère au long-métrage une force, une sensibilité rebondissant sur une brutalité de ton, sans chercher lui-même à rentrer dans un moule filmique. « La destruction est un acte de création » : en détruisant toute barrière de genre (toute catégorie dans laquelle l’enfermer serait indigne de l’implosion mentale provoquée), « Donnie Darko » relève de l’art cinématographique pur et simple.
Richard Kelly capte également à souhait le sentiment adolescent et la perte de repères se rapportant à cette période de notre existence. On parle ainsi d’un âge où l’on nous demande de nous créer nos propres opinions tout en nous retrouvant obligés d’être conformés par celles d’autres personnes, proches ou moins. Nous sommes dans un aspect de la vie où l’on cherche à se construire et s’établir en tant qu’individu par les autres pour mieux être soi-même, mais comment l’être ? Comment s’affirmer comme soi quand les autres cherchent à s’approprier notre personnalité ? Il y a de cela qui ressort du film et tant d’autres.
Car si les adolescents sont victimes de cette oppression sociale pour leur construction individuelle, les adultes ne sont pas de même, certains étant prêts à suivre n’importe quelle croyance pour se réfugier dans un semblant de bien-être. La fiction, néfaste ou non, se fait coquille de protection et cela se lit encore plus dans l’une des interprétations sur le final du récit. En effet, tout le monde se retrouve enfermé par des carcans, principalement ceux de la société, et c’est en acceptant de s’y confronter qu’on atteint la libération.
La liberté est l’un des nombreux cœurs du film, faisant battre la chamade au nôtre par sa manière de juxtaposer autant de personnages et de destins autour de Donnie, incarné avec brillance par un Jake Gyllenhaal tout simplement parfait. Sa prestation fait partie des nombreuses raisons qui rendent indispensable de voir le premier film de Richard Kelly, réalisateur de génie disparu des radars suite à son talent non conforme à une industrie qui se sent obligée de catégoriser pour subsister.
On aimerait continuer à parler encore et encore de « Donnie Darko » mais il faut bien admettre que cela serait inutile tant on ne fait pas face à un simple film mais à une véritable expérience. « Donnie Darko », c’est un voyage qu’il faut faire seul, malgré les blessures qu’il peut infliger. Car une fois sorti du film, les larmes aux yeux, le ventre noué et la tête retournée, c’est soi-même que l’on découvre. Alors, prenez la main de Donnie et faites le premier pas. Vous ne le regretterez jamais