Date de sortie : 19 mai 2011 (Australie), 28 décembre 2011 (France)
Réalisateur : Justin Kurzel
Acteurs principaux : Daniel Henshall, Lucas Pittaway, Louise Harris, …
Genre : Drame
Nationalité : Australien
Compositeur : Jed Kurzel
Inspiré de faits réels…
Il y a des films qui font du bien… Des films qui remontent le moral. Les fameux « feel good movies » qu’on prend plaisir à revoir quand le spleen est là ou en période de fêtes. Ce sont des films qu’on aime conseiller à ses amis pour leur faire passer un bon moment. Et il y en a d’autres… Des films qu’on aimerait conseiller pour leurs qualités mais où on hésite un peu, parce que ce sont des films qui font mal. Les Crimes de Snowtown est de ceux-là. À l’instar de longs métrages comme Funny Games ou dans une moindre mesure American History X, ce film fait mal. Comme un direct à l’estomac. Un film qu’on aimerait oublier mais qui hante, longtemps, très longtemps après son visionnage.
L’histoire, tirée d’un vrai fait divers, nous présente Élizabeth Harvey, vivant dans une banlieue australienne avec ses trois garçons. Tout dans la ville suinte la pauvreté et la misère, et en face de chez eux vit un homme supposément pédophile. La lumière vient un jour pour elle avec l’arrivée de John Bunting, incroyablement interprété par Daniel Henshall (Ghost in the Shell, Mister Babadoock, seul acteur un peu connu du film), inconnu charismatique qui va chasser le pédophile et devenir le héros local. Et le leader de la petite communauté. Il va également entretenir une relation avec Élizabeth et un fort lien va se nouer avec son fils cadet Jamie, adolescent perturbé en recherche d’une figure paternelle. Mais le rayon de soleil va vite décliner, quand John se révèle être un serial killer de la pire espèce.
Dur de décrire ce film. Dur d’en parler. Les Crimes de Snowtown est à voir, à ressentir… Je dirais même qu’il est à subir. Justin Kurzel (le médiocre Assassin’s Creed) nous offre, pour son premier film, un uppercut bien senti. On suit l’ascension du serial killer dans la famille Harvey et dans la ville par extension avec un mélange de fascination et d’effroi. Psychopathe sympathique, possédant une gueule d’ange, pouvant être capable de gentillesse voire de tendresse, particulièrement avec le benjamin de la famille. On se laisse presque séduire à l’instar de Jamie, qui résistera mollement mais qui épousera finalement sa vision du monde, par sa croisade vengeresse à l’égard de pervers.
Dans la grisaille, la crasse et la pauvreté ambiante, John apparaît réellement comme un messie.
Puis arrive le premier meurtre. Long, presque interminable, violent, brutal, sadique… La victime a beau être dépeinte comme éminemment détestable, on ressent la violence de sa mort. Presque sa réalité. On s’habitue à voir des morts à l’écran, de façon presque industrielle. Que se soit films d’horreur ou d’action, ces morts en deviennent presque ludiques. Pas là. On voit un être humain se faire tuer, et comme Jamie, on sait qu’on a franchi un point de non retour.
Et Justin Kurzel le sait aussi. Comme pour nous reprocher d’avoir apprécié son héros, il le fait désormais marcher à visage découvert. John Bunting ne se dissimule plus derrière des prétextes faussement vertueux. Non, il tue par appât du gain. Il tue n’importe qui pourvu que cela lui rapporte, et toutes personnes entrant en contact avec lui devient tôt ou tard un dommage collatéral. À commencer par Jamie qui, suivant son gourou de père de substitution, deviendra un complice acharné…
De la première à la dernière image (qui nous rappelle qu’un fait divers réel est derrière cette histoire), Les Crimes de Snowtown est douloureux. Est ce que je le conseille ? Oui, absolument. Pour sa mise en scène, son jeu d’acteur (mon dieu Daniel Henshall), son scénario… Oui je le conseille. Mais attendez-vous à passer un sale moment.
https://youtu.be/sJY6X8utM8A