« Les nouvelles aventures d’Aladin », réalisé par Arthur Benzaquen (aussi acteur dans le film) se passe la veille de Noël. Sam(Kev Adams) s’apprête à voler dans les galeries d’un grand magasin quand il est apostrophé par des enfants attirés par son costume de Père Noël. Afin de passer inaperçu, il leur raconte une histoire, qui sera sa propre version d’Aladdin, où le jeune voleur (toujours Kev Adams) tente d’arrêter le maléfique Vizir (Jean-Paul Rouve) et de dérober l’amour de la princesse Shallia (Vanessa Guide), tout cela avec l’aide d’un Génie (Eric Judor).
Tout a été planifié pour que le film soit un succès et prenne la même place dans le coeur des enfants que l’adaptation en dessin animé Disney de 1992. Le casting déjà s’appuie sur l’humoriste du moment entouré d’acteurs plus confirmé. La bande-annonce a tenté de montrer à quel point il se rapprochait du célèbre « Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre », de manière plus « actuelle » et hystérique. Black M a même écrit une chanson pour la promotion du film (soupir…). En rajoutant en plus une sortie proche des vacances de Toussaint, tout a été fait pour que les parents emmène leurs enfants voir la nouvelle comédie française du moment et pour que les recettes soient faramineuses. Si niveau financier, le film a été un succès, ce le fut beaucoup moins du côté critique. Il y eut d’abord l’affaire « Allociné », avec ces critiques négatives qui ont été effacées et des critiques presse plus « sympathiques » mises en avant afin d’améliorer ses notes. Puis le film s’est vu accusé de propager des idées homophobes et transphobes à travers des dialogues d’une délicatesse comparable à une boule de bowling dans un visage. Et tout cela sans même aborder la qualité du film en lui-même. Au vu des notes obtenues sur divers sites (3 sur 10 pour SensCritique, 4,1Pour IMDB), on peut se douter que ces « nouvelles aventures d’Aladin » ne décollent pas aussi haut qu’un tapis volant. Qu’en est-il donc?
Avant de rentrer dans le vif du sujet,revenons sur les quelques points positifs du film, même si ils sont assez peu nombreux. Les effets spéciaux et décors, sans être exceptionnels, sont assez bien faits. Les scènes en tapis volants sont assez crédibles et auraient pu être réellement bonnes si elles étaient utilisées à bon escient, lors de la « course-poursuite » par exemple. Au lieu de cela, nous avons droit à Kev Adams qui explique la dite scène aux enfants avant qu’un protagoniste secondaire déclare : »Si ils le font en film, j’adorerais voir cette scène ». Nous, pauvres spectateurs de ce bien triste spectacle, aurions bien voulu la même chose pour être franc. Ensuite, on peut parler d’une idée de mise en scène peu subtile mais pas mauvaise pour autant : l’ouverture du cadre lors de la phase narrée, donnant un côté plus « cinématographique » à l’histoire.
Malheureusement, ces rares points positifs ne font pas le poids face aux nombreux problèmes que comporte le film. L’interprétation générale, tout d’abord, confondant « énergie » et « hystérie ». Le côté cartoon du film ensuite est extrêmement mal géré car peu maitrisé. Le monde crée est assez incohérent et va dans un non-sens assez peu appréciable comme la scène ou apparaît un personnage avec un hamburger du Quick (sans oublier les questions que cela pose : si le personnage doit préciser qu’il a « à boire, à manger et aussi un Giant », cela veut-il dire que le film cherche à nous faire croire le côté « divin » de cet hamburger ou est-ce Quick qui assume le peu de qualité de ses plats ? Affaire à suivre…). D’ailleurs, si cette adaptation d’Aladdin perd un « d », elle « gagne » en hystérie, rendant le tout fatiguant pour le spectateur.
S’il y a une partie sur laquelle nous devons nous concentrer, cela reste le scénario. Vu que le film lui-même cherche la comparaison avec « Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre » (au point d’en voler certains gags), il faut bien faire la différence entre les deux œuvres. Si effectivement le film d’Alain Chabat était rempli de gags en tous genres, ces gags s’incorporaient de manière homogène à l’histoire principale, reprise de la bande dessinée de Goscinny et Uderzo. Ici, le film de Benzaquen semble plus construits comme une accumulation de gags plutôt qu’une histoire propre. Si les dits gags étaient de qualité, cela passerait encore mais le niveau de ceux-ci est infantilisant. Quand ce n’est pas tiré d’anachronismes lourds (« My Precious » ou surtout le « Je suis ton père », balancé une bonne demi-douzaine de fois), l’humour semble tiré de gags Carambars., exceptés que ces blagues avaient un sens et étaient d’une certaine manière cohérente.
Afin de mieux vous expliquer cette remarque, nous allons revenir sur une scène du film. Enfermé dans la cave aux merveilles, Aladin trouve la salle avec la lampe magique qu’il doit récupérer. Malheureusement, celle-ci est en hauteur et il ne peut l’atteindre même avec la corde mise à sa disposition. Il découvre alors, en soufflant dans la flûte qui se trouve dans la même salle, que cette corde monte en même temps que du son sort de l’instrument. Après plusieurs tentatives échouées, Aladin arrive à monter sur la corde en s’enfonçant la flûte dans ses fesses. En plus d’être scatologique, lourde et pas drôle, cette blague n’est pas cohérente car même de cette manière, la flûte ne fait pas de son pendant qu’il grimpe. Le seul but de cette scène est donc de faire rire avec Kev Adams s’enfonçant une flûte dans le postérieur. Hilarant.
Si l’on ajoute à cela des idées réduisant l’implication du spectateur dans l’histoire (comment s’inquiéter de la mort d’un personnage s’il revient aussi tôt à la vie grâce au Kevadamus Ex Machina ?),il est normal que les spectateurs aient été aussi peu enthousiastes. En ce qui concerne les remarques homophobes et transphobes, on pourrait imputer cela à de la maladresse mais ce genre de « gaffes » ne devrait pas passer dans une grosse sortie familiale. Peut-être que si quelqu’un avait au moins relu le scénario pour enlever ces répliques, les réactions auraient été moins violentes. En tout cas, il reste assez choquant (et de nouveau pas drôle) d’entendre le terme « jaquettes volantes » pour désigner les homosexuels et parler d’ « abberation » en ce qui concerne les transexuels (et l’excuse du « c’est normal à l’époque » ne passe pas, l’histoire étant adapté de manière « moderne » par un jeune homme vivant à notre époque).
Comment donc réagir face à ce « Aladin » ? Tout simplement en revoyant la version Disney de 1992. Au moins cette version ne confond pas « familial » avec « infantilisant ». Ces nouvelles aventures d’Aladin connaitront malheureusement une suite (appelée « Aladeux »…). Espérons que les producteurs retiennent les erreurs du premier volet mais il y a très peu de chances que, tant que ce genre de comédies bêtes et méchantes connait un succès pareil, cela arrive…