Pays : États-Unis
Année : 2009
Casting : Sam Rockwell, Kevin Spacey, …
Alors que son « Mute » a connu des retours très négatifs depuis son arrivée sur Netflix, revenons sur la carrière de Duncan Jones. Première étape : « Moon ».
Sam Bell travaille depuis presque trois ans sur la lune pour récupérer une ressource énergétique. Alors qu’il termine bientôt son contrat de travail, il va faire une découverte perturbante…
« Moon » n’a pas connu les joies d’une distribution en salles en France et en Belgique, et c’est une grande honte. En effet, Duncan Jones parvient dès son premier film à créer une œuvre avec son propre univers tout en touchant à des thèmes assez originaux par rapport aux productions grands publics dans le domaine. Difficile de ne pas spoiler les retournements du récit mais nous allons essayer car c’est une œuvre qu’il faut découvrir avec un esprit vierge.
La solitude est omniprésente dans « Moon ». Les quelques sorties du personnage ne font que souligner cet aspect « huis clos à l’extérieur », la détresse du héros dans un décor écrasant. En cela, la manière dont Jones décrit les exactions du héros relève d’une forme de tristesse. Son seul compagnon est un robot, et les images qui lui parviennent de la planète ne peuvent connaître de réponses. Comment ne pas voir par la suite de la dépression, voire du burn out dans ce milieu de travail mortuaire ? On ressent une véritable détresse qui ne se verra que décuplée par rapport au restant du récit.
En cela, Sam Rockwell dégage un humanisme fort, une forme de sincérité qui amène directement à de l’empathie pour lui. Seul véritable repère humain (les autres personnages ne sont visibles que par écran), il parvient à fournir une interprétation forte et sobre à la fois. On peut presque alors voir en ce film une mise en avant d’un acteur extrêmement talentueux qui n’a pas connu une forme de star system comme certains de ses congénères. Rockwell mériterait ainsi une plus grande réputation de la part du grand public et ce film le dévoile encore une fois dans sa sensibilité de jeu.
On oublie le budget relativement étroit du film (5 millions de dollars pour une œuvre spatiale) face à la crédibilité de ses décors. Ceux-ci participent à l’étroitesse physique et mentale du héros. On peut alors y lire une critique acerbe d’un système industriel où l’ouvrier n’est qu’un simple rouage et donc traité comme tel. C’est l’écrasement de l’entreprise envers son employé qui mène celui-ci à une perte d’identité et de repères assez grave par la suite. C’est en effet dans le retrait de ses particularités que l’individu se retrouve avec le besoin d’exprimer son unicité.
Nous nous arrêterons là car « Moon » est l’un des meilleurs films de science-fiction de ces dernières années, ainsi que la preuve éclatante du talent de Duncan Jones. Le réalisateur continuera de prouver par la suite son potentiel déjà dévoilé ici…