Création : Kim Eun-sook
Réalisation : Ahn Gil-ho
Origine : Corée du sud
Diffusion : Netflix
Duree : 42-72 minutes
Nombre d’épisodes : 16
Diffusion : Décembre 2022 (première partie) Mars 2022 (deuxième partie)
Acteurs : Song Hye-kyo, Lee Do-hyun, Lim Ji-yeon, Jung Sung-il, Park Sun-hoon, Yeom Hye-Ran…


Une jeune femme, Moon Dong-Eu, victime de harcèlement scolaire vingt ans plus tôt, revient dans sa ville natale, en tant qu’institutrice. Parmi ses élèves, la fille de son bourreau en chef Park Yeon-Jin, présentatrice météo à la beauté vénéneuse. Sa vengeance peut commencer…

Au cours des dernières semaines, voir mois, si le monde des séries télés vous intéresse un peu, vous n’avez pas pu passer à côté du phénomène The Glory.

Série coréenne sortie de nulle part, elle s’est imposée avec ses deux parties et ses seize épisodes, comme un incontournable sur Netflix (mais sa popularité et sa qualité dépasse largement le cadre de sa plate forme de diffusion), pulvérisant les records établis et surpassant sa concurrence.

La raison ? Alors je n’ai pas la science infuse, mais je pense pouvoir avancer que l’intelligence de l’écriture (scénario et personnages) couplé à l’interprétation y sont pour beaucoup, bien plus que pour la « violence » vendue.

Bien, et je commence tout de suite par un avertissement. Tout ce qui va suivre  va énormément spoiler. Il est en effet très compliqué de parler de cette série sans rien dévoiler. Si cela ne vous dérange pas, vous pouvez bien sûr continuer la lecture, sinon, je vous invite vivement, très vivement à aller voir cette série. Ma conclusion est là, c’est une masterclass.

 

 


Car, si on regarde les critiques ou autre article pullulant sur le net, The Glory nous est vendu comme une série violente et sanglante. Ce n’est pas le cas. Oui, la série est violente et certaines scènes sont même au limite du supportable, mais toutes ces scènes graphiques se situent en début de série, via flash-back quand on voit les exactions que subit Moon Dong-Eu, l’héroïne, aux mains de ses quatre tortionnaires. Car on est au-delà du harcèlement. On peut lister, en plus du harcèlement : humiliation constante, agression sexuelle, séquestration et torture. Le tout sous le regard neutre voir la complicité d’adulte. Et oui, la scène de torture au fer à lisser est atroce à voir. Insoutenable. Mais ! Cela concerne les causes pas les conséquences.

Car la vengeance de Dong-Eu se fait de façon psychologique. A aucun moment, elle ne se montre physique. On est bien plus proche d’une vengeance à la Monte-Cristo qu’à celle de La Mariée dans Kill Bill.

Je préfère préciser, car si vous vous attendez à une vengeance physique, violente et graphique, vous risquez d’être déçus. La série possède un rythme plutôt lent, et cela ne plaira pas à tout le monde. Attention, cependant, lent ne veut pas dire ennuyeux, et la série est passionnante. De même, si la vengeance physique possède des vertus cathartiques, la vengeance psychologique est au finale bien plus satisfaisante.

Car chaque personne ayant participer au calvaire de Dong-Eu va subir sa punition. D’ailleurs par extension, tous les bourreaux de la série vont subir leur punition. Car Dong-Eu, n’est pas la seule victime. Et in fine, justice est rendu pour tous.

« Je ne cherche pas la mort des gens. Je cherche leur sabordage. » Cette citation de Méléagan dans Kaamelott, résume tout à fait pour moi, l’état d’esprit de Dong-Eu.

Dès le début, et cela aura une importance tout au long de la série, on voit Dong-Eu s’entraîner au jeu du Go. (Pour simplifier, c’est un jeu stratégique, proche des échecs sur le principe) Et tout est là : c’est une stratège. Du début à la fin, elle a toujours trois coups d’avance sur tout le monde. Si parfois, on pense qu’elle est mise en difficulté, ce n’est jamais le cas. Tout est anticipé, même les coups les plus bas et vils de ses adversaires. En réalité, elle n’est mise en difficulté qu’une seule fois, quand sa mère, immonde saloperie junkie et alcoolique, qui vendrait sa fille pour quelques sous (ce qu’elle fait d’ailleurs) et qui lui coûtera son emploi d’institutrice. C’est le seul coup qu’elle n’aura pas prévu, mais cela ne l’impactera que très peu finalement.

Mais l’intelligence de sa vengeance est qu’elle-même est assez peu active. C’est là, d’ailleurs toute l’ironie de sa vendetta : si en face, ses adversaires étaient soudés, les dégâts pour eux n’auraient été que minimes voir inexistants. La plupart du temps, Dong-Eu se contente de leur mettre des coups des pressions. Et la peur de voir leur réputation souillée les entraînent dans une spirale auto-destructive. Oui, Dong-Eu est celle qui craque l’allumette, mais ses bourreaux sont ceux qui soufflent sur les braises.

Car derrière leur complicité de façade, tous les prétextes sont bons pour eux de se tirer dans les pattes, pour se protéger. Alors que dans le même temps, Dong-Eu peut compter sur ses alliés, un jeune homme amoureux d’elle dont le père a été assassiné par un psychopathe de la pire espèce, une mère dévouée à sa fille, martyrisée par un mari alcoolique et violent, et le mari de Park Yeon-Jin, époux dépassé par les machinations de sa femme, et père aimant. Et tous, auront leur vengeance, même si leurs conclusions seront a minima douce amer.

Par une petite parenthèse je me permets d’ailleurs de clarifier une chose, il n’y aura pas de suite, du moins rien n’est prévu et le réalisateur lui-même ne souhaite pas poursuivre. Beaucoup aimerait voir la vengeance de Joo Yeon-Jeong (le jeune amoureux transi de Dong-Eu), sur l’assassin de son père. Sauf que sa vengeance il l’a. Il n’est pas besoin d’en voir plus. Tout au long de la série on voit l’assassins, ignoble ordure, qui s’amuse à provoquer Yeon-Jeong, le torturant psychologiquement, de sa cellule, ne se départissant jamais de son sourire satisfait. A la fin, il ne sourit plus. Du tout. Il a peur. Et la satisfaction de le voir crever de trouille est bien plus forte que de le voir simplement mourir.

Je ne tiens pas à entrer plus dans les détails de l’intrigue, pour vous laisser le plaisir de la découverte, mais je vais aborder ici, les « défauts » de la série. Alors comprenons nous bien, les dits défauts ne sont pas des défauts de narrations, et n’entache en rien la qualité globale de la série, mais j’en ai noté qui peuvent freiner certains spectateurs. Déjà, le rythme. Si vous voulez une série avec de l’action, laissez tomber. Comme je l’ai dit, le rythme est lent, et ne propose pas ou peu de scènes nerveuses. Deuxièmement le jeu d’acteur. Ça passe très bien, mais certains acteurs ont une certaine tendance à sur jouer. Ce qui m’amène au troisième défauts : la dichotomie. Celle-ci est très marquée. La série est très, très manichéenne : les gentils sont très gentils, les méchants très méchants. Pas ou peu de nuances. (D’ailleurs cela se ressent dans le jeu, les méchants sur jouant plus  que les gentils, bien plus sobres). Cela aurait pu être une plue valut si les personnages avaient été un peu plus nuancés, certains tombant limite dans la caricature, comme le collègue de Dong-Eu, insupportable tête à claques à la coupe de cheveux la plus infâme que j’ai vu, qui ne se contente pas d’être puant mais se révèle aussi être un pédophile, ce qu’on pouvait supposer tant toute son attitude penche vers la perversité.

Même si, Yeon-Jin est montré comme une mère aimante et dans une moindre mesure, Jeon Ja-Joon est en quête de sa paternité, étant le vrai géniteur de la fille de Yeo-Jin, les interactions avec la petite fille sont trop rare d’un côté et trop obsessionnel de l’autre pour susciter la moindre empathie. C’est dommage, car si les personnages avaient été présentés comme ayant changé ou repentants, cela aurait pu augmenter le malaise. Mais comme ce sont objectivement des pourritures du début à la fin, on ne remet jamais le bien-fondé de la vengeance en cause.

MAIS

Cela n’est que du chipotage, la série fonctionne à la perfection, et nous offre non seulement l’une des vengeance les plus jouissives vu dans la fiction, et se permet aussi de nous offrir une histoire d’amour touchante. Comme quoi les plus belles fleurs peuvent s’épanouir sur les pires tas de fumier.

Voyez cette série, revoyez là, au risque de me répéter, c’est une masterclass et certainement l’une des meilleures séries de ces dernières années.

https://m.youtube.com/watch?v=4WZqP_0C_sI&t=9s


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