WONDER
Un film familial aussi enthousiasmant que lumineux sur l’amour et l’estime de soi.
- Réalisation : Stephen Chbosky
- Scénario : Stephen Chbosky, Steven Conrad et Jack Thorne, d’après le roman Wonder de R.J. Palacio (2012)
- Direction artistique : Kalina Ivanov
- Décors : Kendelle Elliott et Brad Goss
- Costumes : Monique Prudhomme
- Photographie : Don Burgess
- Montage : Mark Livolsi
- Musique : Marcelo Zarvos
- Production : Michael Beugg, Dan Clark, David Hoberman et Todd Lieberman
- Sociétés de production : Lionsgate, Mandeville Films, Participant Media, Walden Media et TIF Films
- Société de distribution : Metropolitan FilmExport
- Durée : 113 minutes
- Dates de sortie :
- Distribution : Julia Roberts, Owen Wilson, Jacob Tremblay
L’histoire de August Pullman, un petit garçon né avec une malformation du visage qui l’a empêché jusqu’à présent d’aller normalement à l’école. Aujourd’hui, il rentre en CM2 à l’école de son quartier. C’est le début d’une aventure humaine hors du commun. Chacun, dans sa famille, parmi ses nouveaux camarades de classe, et dans la ville tout entière, va être confronté à ses propres limites, à sa générosité de cœur ou à son étroitesse d’esprit. L’aventure d’Auggie finira par unir les gens autour de lui.
« On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux », selon le renard du Petit Prince, d’Antoine de Saint-Exupéry. Si cet adage n’est qu’une jolie formule pour les uns, il a une importance capitale pour d’autres, comme le jeune Auggie, personnage principal du roman Wonder, transposé à l’écran par l’écrivain, scénariste, producteur et réalisateur américain Stephen Chbosky.
Atteint d’une maladie cranio-faciale, dont les soins ont suscité dès sa naissance une série d’opérations, de traitements et autres contraintes médicales, ce jeune garçon de dix ans est sur le point de vivre une grande aventure : sa première rentrée scolaire. Écarté du cursus scolaire normal pendant des années en raison de sa maladie, Auggie, dont le visage porte encore les cicatrices des traitements, devra affronter le regard des autres, réussir sa rentrée tout en se faisant des amis, aidé par une famille qui a toujours été aux petits soins pour lui tout en ne cachant pas son inquiétude.
Entre une mère qui a mis sa carrière d’illustratrice de côté, un père d’une grande douceur qui préfère l’humour à la discipline et une sœur qui a bien été obligée de s’effacer pour laisser ses parents s’occuper de son petit frère malade, le récit est teinté d’humanité et de bienveillance, laissant le rire prendre la place le plus possible sur les larmes malgré une émotion palpable à chaque plan.
Divisé en chapitres, qui s’attardent chacun sur le point de vue d’un personnage sur l’histoire d’Auggie (son professeur, son meilleur ami, sa sœur…), le film est un bijou de bonne humeur et parvient à évoquer des thématiques graves avec un regard neuf, humain et argumenté.
Le rapport à la maladie, l’importance de l’amitié, mais également le harcèlement scolaire sont abordés avec finesse mais aussi beaucoup de délicatesse. Le réalisateur ne se positionne pas en moralisateur, en accusateur, mais essaye de faire comprendre la souffrance des uns lorsqu’ils sont confrontés à d’autres. L’apitoiement n’est ici pas de rigueur, et la leçon de vie que transmet le long métrage ne peut qu’éveiller les consciences sans susciter cet agacement et cette susceptibilité qu’il est fréquent de manifester lorsque l’on nous expose nos erreurs.
Deux mondes se conjuguent : ceux des enfants et des adultes, afin de mettre en lumière l’importance capitale de l’éducation dans l’acceptation d’enfants comme Auggie.
Éduquer l’attitude, le regard, est peut-être la première étape pour permettre à ces élèves de mieux vivre avec leur handicap, leur maladie ou leur « différence » – le mot étant ici enfin un compliment, et non une accusation.
Si les points positifs sont donc très nombreux, l’on pourra regretter tout de même que le scénario se base sur une famille de carte postale, dans une Amérique bien pensante, bien lotie et majoritairement blanche. Auggie, malgré sa maladie, a grandi dans un environnement privilégié qui lui a permis de bénéficier des meilleurs soins et d’un contexte économique favorable. Dans ce déluge de bons sentiments, de pensées positives et d’estime de soi, il est naturel de se demander comment son enfance se serait déroulée si ses parents avaient été pauvres.
Pire encore, pour rappeler que nous sommes tous différents et susceptibles d’être rejetés par les autres, le meilleur copain d’Auggie est un élève boursier qui tait ce détail afin de ne pas être traité différemment par ses camarades. Quand une grave maladie est comparée à un contexte économique délicat afin de mettre ces deux élèves au même niveau, il est normal de ressentir un malaise, et de s’étonner de l’environnement idéalisé dépeint par le film. Alors que le scénario distille chaque détail intelligemment, le contexte financier et familial casse l’équilibre tant il est trop beau pour qu’on y croit vraiment. Tout est trop propre, trop limpide, trop clair… Bref, irréaliste.
Reste le casting, absolument parfait, entre la lumineuse Julia Roberts, le sensible et drôle Owen Wilson, et un panel de jeunes acteurs talentueux qui composeront sans nul doute, demain, la nouvelle génération de comédiens qui prendront la relève des George Clooney, Matt Damon et autres Christian Bale. Difficile d’imaginer autrement le destin du jeune Jacob Tremblay, déjà impeccable dans Room et ici prodigieux en petit garçon fragile, dont l’humour et l’autodérision le sauvent de toutes les situations.
Pépite de bonne humeur, le film rappelle surtout qu’il faut s’aimer, malgré les difficultés, l’entourage et le regard des autres, parfois si difficile à supporter. Un feel-good movie indispensable.
8,5/10