Nous étions revenus la semaine dernière sur les séries britanniques « Sherlock » et « Broadchurch ». Aujourd’hui, abordons-en une autre avec les deux premières saisons de « Black Mirror ».
Ces deux saisons sont composées chacune de trois épisodes racontant des histoires différentes. Elles ont toutes la particularité d’être des histoires d’anticipation, abordant différents niveaux de science-fiction reflétant notre société tel un miroir sombre (d’où le titre). Cette structure en miroir se retrouve également dans la construction des épisodes, chacun étant un reflet de son point de vue de par ce qu’il raconte. Ainsi, le premier épisode de la première saison (The National Anthem) et le troisième de la seconde (The Waldo moment) suivent un personnage mis face à une situation qui le dépasse (une demande de rançon particulière pour l’un, la prise de pouvoir politique d’un personnage de cartoon pour l’autre). On peut également y voir une forme d’art qui transcende leurs créateurs ainsi que la société en général.
Les deuxièmes épisodes de la saison un (15 Million Merits) et deux (White Bear) font chacun confronter un personnage face à une société des médias où l’écran a pris une importance considérable dans l’existence de chacun. Ils partagent également cet aspect « marketable » de tout, que ce soit d’un cri de rage contre la construction de notre société ou bien la vengeance face à un acte horrible, le tout mis dans les deux cas de manière à en faire des shows, plaçant le divertissement au-dessus de tout, que ce soit notre bien-être personnel ou bien de l’éthique. En ce qui concerne le dernier épisode de la première saison (The Entire History of You) et le premier de la deuxième saison (Be Right Back), ils confrontent des couples face à une évolution technologique remettant en cause leur situation. On utilise ainsi des outils « plus grands que l’humain » pour les mettre en scène de manière intimiste, à échelle humaine.
C’est l’humain qui est ainsi au centre de chacun des épisodes. Si les épisodes touchent à divers sujets de société (les médias, l’art contemporain, la politique, les innovations technologiques), ils le font avec un œil d’Homme, permettant de se lier à certains protagonistes, aussi imparfaits soient-ils. On n’a jamais ainsi souligné assez le travail des interprètes dans la série, disposant d’un casting de qualité (on y croise Toby Kebell, Jodie Whittaker, Domnhall Gleeson, Hayley Atwell, …). C’est leur sincérité dans leurs performances qui permet de suivre chaque personnage dans ses mésaventures. N’oublions pas également la mise en scène toujours travaillée pour coller au plus près à l’écriture des épisodes et leurs thématiques respectives. Il y a autant de richesses sur le fond que sur la forme et il en faudrait plusieurs pages pour toutes les aborder, mais il vaudrait mieux que vous les dénichiez par vous-mêmes.
En effet, dotée d’un œil acéré sur notre société, « Black Mirror » est une série à suivre absolument. Addictive, sombre et mature, elle est sûrement l’une des productions les plus passionnantes que la télévision a pu nous offrir ces dernières années. Et au vu des richesses créatives que le petit écran nous habitue désormais à fournir, ce n’est pas un petit compliment…